La grande question des philosophes du XXe siècle peut s’exprimer ainsi : pourquoi l’humanité au moment même où elle s’est mise à disposer des moyens matériels du bonheur a-t-elle choisi la voie du malheur et de la destruction ?
Violence et solidarité
Il me semble à propos de rappeler les quatre niveaux de responsabilité que Karl Jasper distingue à propos du génocide des Juifs que l’humanité n’a jamais été capable de digérer : criminel, politique, moral et métaphysique.
La démocratie en danger
J’ai soutenu que la guerre était un produit de l’inconscient, un refoulement qui a mal tourné, et encore plus précisément, une perversion. J’utilise un vocabulaire philosophique précis. J’ai défini la conscience comme l’organe de l’intuition, de la perception de soi, de l’intelligence des finalités, du jugement éthique et esthétique (si souvent en contradiction avec la morale apprise).
L’inconscience de la guerre
Je crois qu’on n’a pas bien mesuré l’irruption de l’inconscience comportementale que suppose une attaque invasive visant l’assimilation et sans limites de violence. On réagit presque toujours comme s’il s’agissait d’une démarche rationnelle comme celle d’un pilleur qui veut s’enrichir. Mais je le répète, une telle attaque est plus proche du viol que du vol, elle est un acte, non de colère, mais de haine, et presque toujours d’une haine de soi projetée sur l’autre.
L’être humain devant son destin
Comme tous les êtres vivants, nos actes individuels sont liés à notre destin collectif par le lien indéfectible des conséquences. Une loi qui assure à la nature d’avoir toujours le dernier mot dans sa pédagogie évolutive. S’adapter ou disparaître.
Gandhi devant Poutine 3
On peut facilement rire de Gandhi. Le trouver utopique. Mais actuellement on préfère armer l’Ukraine, faire la guerre avec le sang des autres parce que l’on a pas le courage de Gandhi. La méthode de Gandhi exigerait une grève totale de la consommation de tous les produits qui nourrissent le dictateur, en premier le pétrole et le gaz. On dit que cela aurait trop d’inconvénients !
Gandhi devant Poutine 2
Qui forcera le Bloc dit « de la démocratie » et le Bloc dit « communiste » à négocier la paix en Ukraine ? Dans une négociation de guerre, celui qui l’emporte force la négociation de l’autre, et ce qu’il a emporté par violence, il le garde. C’est un peu comme un vol à main armée : j’ai pris ta maison, donc j’ai prouvé que je pouvais prendre le reste, alors négocions maintenant ton garage.
Gandhi devant Poutine
Pourquoi le seul moyen d’éradiquer la guerre est-il de produire la paix ? En physique, il existe une grande loi qu’on appelle la « thermodynamique ». On peut la traduire ainsi : construire une ville demande de la conscience, de l’attention, de l’intelligence, du travail; cessez ce travail et la ville tombe en ruines.
Le paradoxe de la paix
Augustin disait que le mal est l’absence du bien, peut-on dire que la guerre soit l’absence de la paix ? Siddharta, ancien prince guerrier, en était convaincu, ce serait même l’essence du bouddhisme : fomenter la paix pour qu’il n’y ait plus de place pour la guerre.
Ce passé qui se retrouve toujours devant soi
Le premier obstacle vers la paix collective est sans doute la naïveté engendrée par la vie superficielle. Tant que nous flottons grisés de confort, nous confondons la paix avec ce confort. On se dit : « Quel prince serait assez fou pour risquer son palais pour plus de soucis ? »
L’enjeu ukrainien est nôtre
Qui a lu même minimalement l’histoire de l’Ukraine (par exemple, à travers le roman extraordinaire de Eli Chekhman, EREV) ressent les souffrances, les déchirements, les combats plus que centenaires qui ont mené à leur miraculeuse démocratie.
L’arrière-plan géo-philosophique
Une immense plaque tectonique s’est formée après l’effondrement de l’URSS par réaction de survie. Actuellement, l’OCS (Organisation de coopération de Shanghai) vise à assurer la sécurité collective de ses adhérents : la Chine, la Russie (et plusieurs de ses satellites), l’Inde, le Pakistan et l’Iran. Elle représente plus de 50 % de la population mondiale et une puissance économique et militaire presque équivalente.
Le devoir de protection et le prix de la paix
La « guerre » en Ukraine n’en est pas une. Il n’y a pas eu de déclaration de guerre ni de réponse à une telle déclaration. En principe, une guerre « honnête », ressemble à deux combattants qui se lancent un défi et l’acceptent. Ils décident de quitter le monde du droit commun pour entrer dans le monde de la violence (loi du plus fort).
Le courage de la paix
En l’honneur de Marina Ovsiannikova, la manifestante qui a interrompu le téléjournal russe. « Si tu veux la paix, prépare la guerre. » Quelle bêtise !
Saloperie de guerre – Art de paix
Pour faire la guerre, il faut canaliser la haine, rassembler la cupidité et pervertir la transcendance, un travail de démon.
La haine. En organisant une société sur l’injustice, on engendre de multiples frustrations. Elles devraient normalement se diriger contre les responsables de ces injustices, elles seront redirigées vers des ennemis extérieurs et des boucs émissaires intérieurs sous forme de haine.