Il ne sera plus possible de vendre, d’acheter, de transporter, d’importer ou d’utiliser des armes d’assaut de type militaire au Canada. Cette règle touche environ 90 000 armes de 1500 modèles, dont les neuf plus populaires comme les fusils M16, AR-10, AR-15, Ruger Mini-14, M14 et les carabines M4, Beretta et SIG Sauer.
Il y a environ 105 000 armes à feu à autorisation restreinte au pays. Parmi celles-ci, environ 90 000 seront visées par la prohibition, en plus des armes à feu sans restriction. Les autorités ignorent le nombre exact d’armes qui sera touché par le Règlement, puisque cette dernière catégorie d’armes n’a pas besoin d’être enregistrée. On compte 2,2 millions de titulaires de permis d’armes à feu au pays.
Pour Heidi Rathjen, cofondatrice et porte-parole de PolySeSouvient, l’annonce du gouvernement Trudeau est une « victoire mitigée » en raison de « l’immense concession » accordée aux propriétaires d’armes à feu. « La gamme des armes couvertes par l’interdiction est très, très, complète. Ça inclut des armes dont on demande l’interdiction depuis 30 ans, comme l’arme utilisée à la Polytechnique. C’est vraiment excellent, mais tout est teinté par le fait de perdre le programme de rachat obligatoire promis aux élections. Il y a une différence énorme entre une interdiction totale et un programme qui assure que les armes soient retirées, et une interdiction partielle qui donne des droits acquis aux propriétaires actuels et qui permettent à des dizaines de milliers d’armes d’assaut de rester dans des mains privées ».
Le Règlement prévoit en effet une clause grand-père, une période d’amnistie et un programme de rachat dont les termes doivent faire l’objet d’un projet de loi au Parlement.
Du côté des Conservateurs, Andrew Scheer a réagi : « Justin Trudeau utilise la pandémie actuelle et l’émotion provoquée par l’horrible attaque commise en Nouvelle-Écosse pour promouvoir l’ordre du jour idéologique des libéraux et apporter des changements majeurs à la politique sur les armes à feu. C’est mal. »
Depuis l’événement féminicide à Polytechnique en 1989, Les Artistes pour la Paix furent impliqués dans l’élaboration d’un contrôle des armes à feu de multiples façons: rappelons la Fondation le Silence des armes initiée par un de nos membres, le peintre et sculpteur Alex Magrini (alors directeur du programme en arts plastiques à l’UQAC) et présidée par Marie-Claire Séguin, tous deux nommés artistes pour la paix de l’année en 1994 et 95 à cause de leur engagement désintéressé dans cet épineux dossier. Ils ont pu compter sur la collaboration des polices de Montréal, Chicoutimi et Québec, sans compter des retombées fort médiatisées en Belgique et aux Pays-Bas. Grâce à la Fondation, des artistes tels que Michel Goulet offraient de leurs œuvres en échange contre la remise par des individus d’armes ensuite rendues inopérantes par la police : certaines de ces armes devinrent des œuvres d’art – on se souvient du piano pour la paix offert par Alex Magrini au président Aristide qui en fit un symbole de la désintégration de son armée principalement occupée au trafic de cocaïne.
En collaboration avec l’infatigable Heidi Rathjen graduée de Polytechnique, donc consoeur des victimes, ayant travaillé à la mise en vigueur de la loi du ministre libéral Allan Rock (maintenant chancelier de l’Université d’Ottawa), j’avais reçu à cette occasion un diplôme d’honneur. C’était pour avoir fourni au sénateur et président d’honneur des APLP Jean-Louis Roux des éléments du discours qui avait emporté l’adhésion du Sénat à la loi C-68, y compris celle surprenante du sénateur conservateur Gérald Beaudoin qui nous avait rejoints comme membre des Artistes pour la Paix.
C’est une tradition des APLP de participer sur la place Kondiaronk sur le Mont-Royal aux commémorations annuelles du 6 décembre depuis trois ans aux côtés du Premier ministre Justin Trudeau que nous engageons à rendre obligatoire l’abandon des armes d’assaut par leurs propriétaires.