Nouvelle en politique, elle a travaillé pour les réfugiés et la Cour pénale internationale selon Eddy Perez, responsable des politiques internationales de Réseau action climat. « Le colonialisme m’a volé mon identité originelle », s’est-elle présentée comme « descendante d’esclaves » en ouverture de la partie française de son discours de victoire, en rapportant avoir été la cible de commentaires antisémites et racistes sur les réseaux sociaux. Ses deux priorités : s’attaquer aux changements climatiques et réparer le filet social, « incomplet et fragile ». « Je suis une alliée des dirigeants autochtones dans leurs appels à l’action et leur quête d’autodétermination» a-t-elle ajouté en cette soirée du 3 octobre aux nombreuses marches en mémoire de Joyce Echaquan, animée au Parti Vert par des vidéos autochtones, chants de Dakota Bear et de femmes associées à «Idle no more» (ou «finie l’inertie») + un hommage à Elizabeth May de l’ex-ministre libérale Jody Wilson-Raybould.
Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois, a tendu la main à la cheffe fraîchement élue sur Twitter : « Il n’y a pas de doute que [les Verts] au Canada et le Bloc québécois au Québec ont la capacité et le devoir de collaborer pour le bien de l’écologie et d’une économie propre et durable pour nos deux nations », a-t-il écrit avec perspicacité.
Le remarquable discours d’Elizabeth May avait tenu à souligner le progressisme de son parti, le premier à proposer un revenu minimum garanti (à peu près réalisé en ce temps de pandémie !), un programme d’assurance-médicaments, l’éducation post-secondaire pour tous et la décriminalisation de toutes les drogues. Elle a dénoncé les États-Unis, le seul pays industrialisé sans assurance-santé (en taisant leurs dépenses militaires excessives), ainsi que les politiques canadiennes favorisant pipelines et gazoducs, risées des jeunes conscients de l’alarme lancée à raison par les scientifiques que « notre maison brûle ».
La relève des jeunes Verts impressionne
Dans cette soirée à navrante minorité francophone (à peine une apparition de Georges Laraque, en ex chef adjoint), soulignons le très fort discours sans accent de Liana Canton Cusmano, qui se présente lui-même comme « millénial féminisé, queer, non-binaire et trans qui vit et a grandi à Montréal/Tiohtià:ke (sic !). Candidat pour les Verts dans Ville-Marie-LeSud-Ouest-Île-des-Sœurs, écrivain, cinéaste, performeur et éducateur en art qui travaille en anglais, en français et en italien depuis plusieurs années, j’ai appris à agir rapidement, communiquer de façon efficace et accepter qu’il y a une solution à chaque problème, si on le considère de façon créative. Le fait que je puisse anticiper des difficultés, déléguer des tâches importantes et m’exprimer de façon diplomatique me sera très utile en tant que co-président. Je m’engage à assurer une gouvernance de parti accessible, représentative et intersectionnelle. De plus, je développerai des liens importants entre le Conseil des jeunes verts et le Conseil fédéral, sans oublier une collaboration étroite avec les représentants des provinces et des territoires, pour pouvoir répondre aux besoins particuliers des communautés à travers le Canada. Le vrai changement nécessite l’engagement des jeunes ». Nul doute qu’avec cette détermination, l’avenir lui sourira !
[1] Me rencontrant pour la première fois lors de la cérémonie internationale des 50 ans de Pugwash en juillet 2007 en Nouvelle-Écosse, Elizabeth May avait voulu me présenter contre Thomas Mulcair dans la circonscription d’Outremont en septembre; j’avais évidemment refusé, estimant que seule une alliance NPD/Verts pourrait empêcher les Libéraux de revenir en force au pouvoir.
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