Ce texte est la suite de celui-ci.
1983 à 2010
2010, une année bien remplie
Ottawa, January 25-26, 2010
Conférence “Practical Steps to Zero Nuclear Weapons”
Sponsored by the Canadian Network to Abolish Nuclear Weapons, the Canadian Pugwash Group, Physicians for Global Survival, Project Ploughshares, and the World Federalist Movement – Canada.
Pierre Jasmin donne le 27 janvier devant les caméras du parlement canadien le résumé des conclusions du colloque auquel ont participé des membres de l’administration Obama, un représentant de l’OTAN (Ted Whiteside) et une soixantaine d’intervenants dont Michael Dworkind, président des Physicians for Global Survival, l’ex-sénateur Douglas Roche, président-fondateur de Middle Powers Initiative, qui revient d’une rencontre-colloque avec Jimmy Carter et par l’ancienne chef du Nouveau Parti Démocratique, Alexa McDonough. Aucun journaliste de la presse francophone ne reprendra l’information. Suite à quoi, juin et décembre 2010 voient deux grandes victoires démocratiques des pacifistes anti-nucléaires : l’adoption à l’unanimité de deux résolutions, l’une au Sénat grâce au sénateur conservateur Segal, ami de Pierre J. Jeanniot, l’autre au Parlement grâce au député NPD Siksay (le document ci-dessous présente la motion).
Motion tendant à reconnaître le risque que pose la prolifération des matières et de la technologie nucléaires pour la paix et la sécurité
Que la Chambre des communes:
- reconnaisse le risque que pose la prolifération des matières et de la technologie nucléaires pour la paix et la sécurité;
- approuve la déclaration, signée par 537 membres, officiers et compagnons de l’Ordre du Canada, soulignant l’importance de s’attaquer au problème de la prolifération nucléaire dont l’intensité s’accroît, de suivre l’évolution du dossier du désarmement nucléaire et de tenir compte des possibilités dans ce domaine;
- approuve les cinq initiatives sur le désarmement nucléaire proposées en 2008 par M. Ban Ki-Moon, secrétaire général des Nations Unies, et incite le gouvernement du Canada à entamer des négociations sur le désarmement nucléaire en vue de conclure une entente comme le propose le secrétaire général des Nations Unies;
- appuie les initiatives du président des États- Unis, M. Obama, sur le désarmement nucléaire;
- salue la décision du gouvernement du Canada de participer au sommet historique sur la sécurité nucléaire et l’incite à mettre en œuvre une importante initiative diplomatique canadienne à l’échelle mondiale en appui à la prévention de la prolifération nucléaire et à l’accroissement du taux de désarmement nucléaire.
Février 2010 : Un congrès international des médecins pour la prévention d’une guerre nucléaire qui se tenait à Bâle en Suisse ayant adopté une résolution appelant au bannissement international des mines d’uranium, attendu que leur exploitation pose de graves dangers pour la santé et l’environnement, sans compter les risques incalculables que leurs produits font poser à la paix mondiale par leur rôle dans l’armement nucléaire, le docteur Amir Khadir, conscient des dangers du radon et co-chef de Québec-Solidaire, inscrit une pétition (la 2e!) sur le nouveau site de pétitions endossées par l’Assemblée Nationale du Québec. Les APLP y demandent au PM Jean Charest de renoncer au projet d’acquisition de la centrale nucléaire Pointe-Lepreau (ce qu’il fera) et de mettre au rancart Gentilly (économie estimée à 9 milliards de $ pour le Québec, merci à Pauline Marois).
En avril et mai 2010, les Artistes pour la Paix et l’ex-chancelier de l’UQAM et PDG d’Air Canada Pierre J. Jeanniot ont aidé Murray Thomson, Pugwash et CNANW (le réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire, dont Pierre J. est membre exécutif) à colliger deux pétitions de 108 professeurs d’universités et d’éventuellement 1000 membres de l’Ordre du Canada. Les pétitions demandent à M. Harper d’appeler une Convention internationale contre l’arme nucléaire, telle que réclamée par Ban Ki-moon, le premier secrétaire général de l’ONU à se rendre un six août à Hiroshima pour commémorer les 140 000 morts de 1945. Il y a été reçu en 2010 par le maire Akiba, alors président de l’organisme international les Maires pour la Paix, fort de plus de 6000 membres de 144 pays. Saluons le maire d’Amqui, M. Gaëtan Ruest, membre des Maires pour la Paix, qui a rallié 255 collègues municipaux à travers la province contre le nucléaire.
En récompense de toutes nos pétitions et du concert spécial organisé au Centre Pierre-Péladeau le 3 mai 2010, couronné par le don généreux d’une œuvre de Frédéric Back, l’homme qui plantait des arbres, au nonagénaire Murray Thomson, une lettre très froide du ministre des Affaires étrangères Lawrence Cannon (lire nos lettres en fin de document) nous a été acheminée : nous préférons conserver les magnifiques témoignages de soutiens reçus de Frédéric.
Ah oui ! Aucune photo ni compte-rendu de l’événement dans les médias, pas même dans le Journal de l’UQAM…
2009
Notre 25e anniversaire était salué ci-dessous par les médias !
La Presse canadienne Édition du vendredi 22 mai 2009
Le 40e anniversaire du bed-in de John Lennon et Yoko Ono sera souligné par une série d’événements, dont la participation des Artistes pour la Paix, au Musée des beaux-arts de Montréal. Les Coral Egan, Mara Tremblay, Catherine Major, Catherine Durand, Samian et Sylvie Paquette, membres de ce regroupement pacifique, miseront sur la musique, les chansons et les poèmes pour faire passer le message de paix, de mardi à samedi. Ces événements se tiendront parallèlement à l’exposition Imagine. La ballade pour la paix de John & Yoko, qui sera ouverte en soirée, par exception, jusqu’au samedi 30 mai.
Ainsi, Sylvie Paquette livrera une prestation avec ses amies Durand et Tremblay. «C’est un plaisir de s’associer à cet événement», a souligné la chanteuse, militante pour la paix. «On peut faire la différence en s’engageant. Moi, c’est par la chanson. Il faut ouvrir l’esprit des gens, dire ce qu’on peut faire pour la paix, signifier que c’est par la paix et non la violence que l’on peut régler les choses», a plaidé l’auteure-compositrice-interprète québécoise.
Sylvie Paquette sera aussi présente mardi prochain, jour du 40e anniversaire de l’événement qui a passé à l’histoire, pour interpréter quatre chansons sur les ondes d’Espace musique (Radio-Canada), qui présentera trois émissions depuis la verrière du musée. La chaîne musicale en profitera aussi pour dévoiler son palmarès des 10 plus belles chansons sur la paix et apportera sur place le célèbre lit de La Petite Vie.
L’exposition connaît du succès, ayant attiré plus de 80 000 personnes depuis son ouverture, le 2 avril. Tout au long de l’exposition, les visiteurs peuvent contempler 140 œuvres du célèbre couple, mais ils sont aussi invités à participer à l’événement.
Press Release – For Immediate Circulation
Montreal, May 21, 2009
IMAGINE ONE HOUR FOR PEACE – THE ARTISTS FOR PEACE HOUR
The message Imagine a world in peace, remarkably expressed through the Imagine : la ballade pour la paix de John Lennon et Yoko Ono exhibition, has inspired Artists for Peace / Les Artistes pour la Paix to reply with joy by echoing in unison: « Yes, through our music, songs and poems, we too like to imagine a world in peace » and by offering the public a free Hour for Peace from 6 to 7 P.M. for five days, from May 26 to May 30, at the Montreal Museum of Fine Arts. There will be only one important theme: PEACE!
Artists for Peace accepted, without the slightest hesitation, the invitation extended by the Montreal Museum of Fine Arts and wholeheartedly started organizing the Hours for Peace, a 5-day event, from 6 to 7 p.m., from May 26 to May 30, in front of the glass roof hall, at the 3rd level of the « Jean-Noël Desmarais » Montreal Museum of Fine Arts’ Pavilion.
During these five evenings, artists will perform a succession of solos, duos and trios introduced by star presenters:
– on May 26: Manuel Brault and the duo Stéphanie Boulay and Manuel Gasse will be followed by gleaming Catherine Major;
– on May 27: Coral Egan and Alexandre Désilets, an unforgettable duo;
– on May 28: The « Three Bright Young Ladies for Peace », Catherine Durand, Sylvie Paquette and Mara Tremblay, followed by moody Yves Desrosiers and his bright musicians;
– on May 29: Raoûl Duguay and Samian, two generations sharing dreams enlightened by peace;
– on May 30: Hugo Lévesque, Marie-Marine Lévesque and Édith Butler, who will beautifully end the last of Hours for Peace events.
Toddlers too will have their own Hour for Peace on Saturday May 30, from 2 to 3 p.m., when they will be able to sing and dance with Les Clowns du Carrousel and Les Petites Tounes. An Hour for Peace which promises to be lively and joyful, where young-hearted parents are most welcome!
On May 26, 40th anniversary of the John Lennon & Yoko Ono Bed-in for Peace, Radio-Canada will broadcast a special all-day radio program at Espace Musique (100.9 FM). Presenters Marie-Christine Trottier, Claude Saucier and Monique Giroux will host several artists participating in the Hours for Peace event, starting at 9 a.m. with pianist Pierre Jasmin, president of Artists for Peace, later followed by author, composer and singer Daniel Lavoie who, in 1988, was nominated, the very first of twenty-two subsequent “artists for peace of the year”. Merci à Christiane Racette pour l’avoir convaincu et avoir organisé l’aspect médiatique réussi !
For more than 25 years, through their multiple arts events and their website, Artists for Peace (Honorary Presidents: Antonine Maillet and Richard Séguin) have been promoting peace through social justice and disarmament. They were awarded a YMCA Medal for Peace in 2008. The arts are a fertile breeding ground for peace because they rely on the world of imagination and on the creative possibilities of the human being. Artists for Peace want to pay a tribute to all those who defend the broad and ambitious goal of building peace in the minds and hearts of people. Artists for Peace warmly thank the Montreal Museum of Fine Arts, the Groupe Sema Media (www.groupesemamedia.com) as well as all those who agree to « Give Peace a Chance! » (Lennon/Ono). For more infos, the Museum Website www.mbam.qc.ca and www.artistespourlapaix.org.
2008
Fondation du collectif Sortons le Québec du Nucléaire
La photo fut prise le 7 octobre 2008 lors de la première conférence de presse annonçant à la Société des Arts Technologiques de Montréal la création du Mouvement Sortons le Québec du nucléaire ; on reconnaît de gauche à droite :
- le professeur Michel Duguay Université Laval et Karel Mayrand de la Fondation Suzuki
- puis en chemise bleue Dr Éric Notebaert, avec Gordon Edwards derrière lui,
- Laure Waridel avec Pierre Jasmin derrière, puis Diane Dufresne
- et à l’extrême-droite, Ugo Lapointe (coalition Pour que le Québec ait meilleure mine !) et Christian Simard (Nature Québec).
La fougue éclairée de l’APLP Laure Waridel, appuyée par Diane Dufresne bientôt imitée par de nombreux artistes, a réussi à percer le mur du silence médiatique québécois en octobre 2008 par une conférence de presse qui dénonçait l’aberration de la décision d’Hydro-Québec de consacrer 1.9 milliards de $ (chiffre grandement sous-estimé) à la soi-disant réfection de Gentilly 2. Le gouvernement du Québec la jugeait « rentable », de pair avec de nouvelles mines d’uranium hypothétiques : ce concept de « rentabilité » nous semblait en contradiction flagrante avec la définition de sécurité et de développement durable énoncée par la Commission de gouvernance globale de l’ONU (Gro Brundtland et Nelson Mandela il y a quelques années) et avec le concept d’acceptabilité sociale que nous irons défendre avec succès au BAPE en 2015 grâce notamment à deux mémoires des APLP.
Le document suivant présente le colloque tenu grâce à l’implication de la professeure Louise Vandelac à l’UQAM le 6 février 2008. Animées par Dany Laferrière, quatre des conférences étaient prononcées par des membres de Pugwash Canada, dont son président Walter Dorn, le professeur émérite de physique à l’Université de Toronto Derek Paul et l’indispensable experte en aérospatial Adèle Buckley : en plus d’être présente dans les Conférences internationales de Pugwash et d’animer leur site web, elle tient à bout de bras le dossier d’un Arctique libre d’armes nucléaires. La Presse et le Devoir ont consacré de nombreux dossiers sur l’Arctique, mais sans jamais mentionner hélas l’existence de ce projet Pugwash partagé avec la Russie, la Norvège, la Finlande, l’Islande, le Danemark, les USA et bien sûr le Canada.
Voici l’affiche d’un événement qui a attiré au complexe des Sciences Pierre Dansereau une salle bien remplie de trois centaines de personnes (on y remarque l’ancien logo des APLP qui ne manquent pas de graphistes pour les renouveler !)
2007
En juillet 2007, le mouvement international Pugwash fête à Pugwash, Nouvelle-Écosse, avec plus de trois cents invités internationaux, son 50ième anniversaire avec un concert de Pierre Jasmin. Le mouvement Pugwash a été créé par le physicien juif-polonais Josef Rotblat à la mémoire de qui le jeune cinéaste Éric Bednarski a réalisé un documentaire à la première duquel les APLP collaborent. L’histoire du mouvement avait débuté par la rédaction d’un manifeste signé Albert Einstein et Bertrand Russell cherchant à éliminer les armes de destruction massive et la conscience d’un millionnaire né en Nouvelle-Écosse, M. Cyrus Eaton, un magnat du chemin de fer américain. Des rencontres marquantes eurent lieu à Pugwash : l’une avec Elizabeth May, chef du Parti Vert, l’autre avec le maire de Hiroshima, M. Tadatoshi Akiba (photo ci-contre), docteur en mathématiques dont Bach est le compositeur favori : le maire de Montréal, Pierre Bourque, avait donné l’occasion au président des APLP de jouer pour le maire Akiba un programme Bach lors de sa visite à l’UQAM en 1995, année du 50e anniversaire de la destruction de sa ville.
À Pugwash en 2007, avec ma femme Colette Bellavance, présentement directrice des services professionnels du Centre Hospitalier Universitaire de Sherbrooke et de l’Estrie-CIUSSS et nos enfants Florence et Louis-Philippe (qui ont grandi et étudient tous deux à l’Université de Sherbrooke), nous entourons sur la photo 20 Roméo Dallaire encourageant le désarmement nucléaire et tenant dans ses mains la médaille d’or du Prix Nobel de la Paix décerné au mouvement Pugwash. Mon ami Robin Philpot va ronchonner mais il devrait se rendre compte que le général Dallaire, s’il a été manipulé par New York quand il menait la mission des Casques bleus et a fait des erreurs de jugement au Rwanda, a plus que contribué à la paix en partant une fondation pour les enfants-soldats et en ayant l’humilité de reconnaître le stress post-traumatique: en conséquence de quoi, les vétérans plutôt que de se vanter de hauts faits d’armes, se sont plongés dans l’introspection leur permettant de reconnaître les blessures (et parfois les viols) qu’ils ont infligés et de travailler à la guérison des ennemis et d’eux-mêmes: le téléroman 5e rang explore parallèlement à sa thématique agricole ce long chemin difficile d’un de ses personnages !
Vous êtes un peu tannés, moi aussi, mais ne manquez pas le plus beau, nos fondateurs :
1984
Fondation des Artistes pour la Paix par Gilles Vigneault et Dolorès Duquette, à l’intérieur d’une organisation internationale portant le nom de Performing artists for nuclear disarmament, co-présidée par le chanteur américain Harry Belafonte et l’actrice suédoise Liv Ullmann encore vivants.
1983
L’année précédente, Margie Gillis et Raoûl Duguay voyagent à Hambourg pour deux performances devant une centaine de milliers d’Allemands déjà désireux de s’unir dans la paix et de s’affranchir des deux superpuissances nucléaires de chaque côté du Mur de Berlin. Au Québec, Karen Young, Judi Richards, Gilles Vigneault, Yvon Deschamps et Jean-Louis Roux appuient le désarmement pour la paix.
Annexes 1 et 2 : exemples de lobbying exercé par les APLP
ANNEXE 1
Lettre de Pierre Jasmin au ministre Lawrence Cannon en 2013
Monsieur le ministre des Affaires étrangères,
Vous avez pris le temps le 8 octobre 2010 de nous envoyer une lettre de trois pages. Nous percevons votre geste comme une volonté positive de dialogue. (…) Puisque vous m’avez écrit à titre de membre de l’exécutif du Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire et de Pugwash, ma lettre s’attachera donc principalement aux points suivants :
– nous nous associons pleinement aux efforts de votre gouvernement envers le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN ou CTBT) et envers le Traité d’interdiction de production de matières fissiles (FMCT). (…)
– nous attendons toujours de votre part réponse à un point majeur de notre appel du 3 juin cosigné par Margaret Atwood et plusieurs autres personnalités appelant le Canada à définir une aide à la défense d’Israël pour permettre son désarmement nucléaire : cela nous semble un des plus grand danger actuel pour la paix mondiale, vu la volatilité extrême démontrée par la flotte militaire de ce pays dans l’arraisonnement d’une flottille humanitaire à destination de Gaza le 31 mai dernier. Nous sommes très préoccupés de voir votre gouvernement aligné sur celui d’extrême-droite au pouvoir actuellement en Israël, dont le traitement des Palestiniens est à l’égal des pires régimes colonialistes d’antan; notre préoccupation constate aussi que votre discours d’appui à la résolution du 28 mai des 189 pays signataires du Traité de Non-Prolifération ne contenait aucune référence à leur convocation pourtant décidée unanimement d’une conférence en 2012 (c’est dans treize mois et demi!) en vue d’un Moyen-Orient libre d’armes de destruction massive : je préfère à « libre d’armes nucléaires » cette appellation globale, parce qu’elle contient implicitement une référence aux armes chimiques ou bactériologiques (vu la réticence dans le passé par l’Égypte, l’Iran et la Syrie à appuyer officiellement l’interdiction totale de ces armes sournoises). Or, cette conférence nous apparaît comme le meilleur moyen de forcer l’Iran au respect total des clauses de l’Agence internationale d’énergie atomique et de quitter l’hypocrite non-mention occidentale des bombes nucléaires israéliennes; car l’arme atomique détruirait sans nuances pays ennemis et amis…
– vous voilà présentement au Portugal à la révision de la mission officielle de l’OTAN, organisme militaire auquel les Artistes pour la Paix déplorent voir le Canada associé. Nous avions rencontré en janvier M. Ted Whiteside, secrétaire du conseil Atlantique Nord, après un discours où il n’avait jamais fait référence à l’ONU, ce que nous avions aussitôt dénoncé comme une lacune embarrassante mais révélatrice de l’inconscience militariste. Nous préférerions voir notre pays poursuivre avec acharnement une mission de désarmement nucléaire de l’Arctique en poussant cet objectif cher à mes collègues de Pugwash, Adele Buckley et Steven Staples : vous pourriez vous appuyer sur le Danemark, la Finlande, l’Islande et la Norvège, et aussi peut-être obtenir la collaboration des États-Unis et de la Russie advenant un succès du traité START. Car il nous semble primordial de protéger cet océan aux écosystèmes si fragiles de possibles radiations nocives. Il en va surtout de notre désir de voir les ZLAN, zones libres d’armements nucléaires, qui couvrent la moitié du globe, s’étendre éventuellement, comme le demande l’Alliance canadienne pour la Paix, au Canada entier et, comme les Maires pour la Paix présidés par Dr Tadatoshi Akiba le souhaitent, à toute la planète !
– Votre courriel se poursuivait ainsi : « Il [le rapport] fournit de nouvelles preuves pour étayer la conclusion selon laquelle des armes chimiques ont été utilisées de manière inhumaine et aveugle par le régime Assad. » N’ayant pas accès à des preuves crédibles nous permettant d’appuyer votre assertion, nous maintenons notre opinion titrée « La culpabilité (non prouvée) d’Assad mérite-t-elle d’ajouter des bombardements américains et français à la guerre? » exprimée le 30 août dernier sur notre site (http://artistespourlapaix.org/?p=2824) en contre-courant de l’opinion publique. Des rapports motivés par l’argent (compagnies d’armement propriétaires de journaux) ou par l’idéologie religieuse (sunnite, en provenance du Qatar ou d’Arabie Saoudite) sont arrivés à la même « conclusion » que la vôtre. Mais ils réclament en outre le bombardement de la Syrie, « solution » que vous avez, Dieu merci, la sagesse d’écarter, ce dont nous vous savons gré. La lettre de notre présidente, datée du 10 septembre dernier au lendemain de sa nomination, vous incitait à la prudence : « Rappelons enfin que BRITAM, une corporation britannique fabricante d’armes, si on en croit un coulage d’informations à la wikileaks, contemplait le 22 janvier dernier la possibilité de livrer un obus libyen d’arme chimique soviétique aux opposants syriens pour faire croire à la culpabilité du président Assad. La prudence de l’ONU est donc toute indiquée. »
– Seymour Hersch du London Review s’étonnait il y a une semaine du peu de méfiance devant l’influence convergente Salafiste et Wahhabie, jointe à al-Nusra et à d’autres factions islamistes terroristes apparentées à Al-Qeyda, qui ont tué en une semaine un demi-millier de rebelles syriens motivés par d’autres raisons. Et les gouvernements occidentaux préfèrent toujours réserver leur indignation ciblée au président syrien. Nous vous prions, monsieur le Ministre, de prendre connaissance d’un document essentiel récent par Robert Parry, qui saura peut-être ébranler votre conviction. Malgré l’immense difficulté de recueillir des faits éprouvés dans un pays en proie à une guerre civile si atroce, seuls les faits doivent motiver nos prises de position et les décisions de notre pays. On s’étonne d’ailleurs que le Canada n’ait pas profité du changement de régime en Iran pour rétablir les liens diplomatiques avec ce pays si important.
Les guerres restent, malgré tout, des occasions pour que des êtres humains manifestent une certaine forme d’héroïsme et si je pense en premier lieu au travail admirable de Mère Agnès-Mariam, deux officiers de l’armée canadienne devraient aussi être distingués par votre gouvernement :
– le premier est Walter Dorn, professeur à l’emploi du Collège Militaire Royal de Toronto et vice-président de Pugwash Canada qui se distingue par ses démarches à New York à l’emploi des Nations-Unies pour aider à superviser la destruction des armes chimiques syriennes. Il enseigne pour la présente session en Colombie-Britannique (Squamish University).
– Scott Cairns voyage entre Damas et la base de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) à La Haye, groupe récemment récompensé par le prix Nobel de la Paix 2013. Selon le site de l’institut Nobel, fondée en 1997 à La Haye, l’OIAC est chargée de mettre en œuvre la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC) signée le 13 janvier 1993. Cette Convention est un rare exemple de succès dans les efforts de désarmement mondial puisqu’elle rassemble 190 pays avec l’adhésion annoncée de la Syrie. Seuls six États, parmi lesquels Israël et la Corée du Nord, ne l’ont pas signée ou ratifiée.
« Je sais que le prix Nobel de la paix nous aidera dans les mois qui viennent à promouvoir l’universalité de la Convention», a réagi le directeur général de l’OIAC, Ahmet Uzumcu, à la télévision norvégienne NRK. Le comité Nobel norvégien a d’ailleurs enjoint aux rares États réfractaires d’eux aussi prohiber ces armes dévastatrices et invité les grandes puissances militaires, États-Unis et Russie en tête, à accélérer la destruction de leurs stocks, qui aurait dû être complétée en avril 2012. «Les événements en Syrie, où des armes chimiques ont été utilisées, soulignent le besoin d’accroître les efforts pour se débarrasser de telles armes », a déclaré le président du comité, Thorbjoern Jagland.
L’organisation pour laquelle travaille Scott Cairns est sous les feux de l’actualité depuis qu’elle a été chargée par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, le 28 septembre, de superviser le démantèlement d’ici au 30 juin 2014 de l’imposant arsenal chimique du régime syrien de Bachar al-Assad.
Frappant aveuglément militaires et civils, les armes chimiques ont montré leurs effets dramatiques cette année en Syrie lors d’une attaque au gaz sarin le 21 août en périphérie de Damas. L’opposition syrienne et l’Occident ont accusé Damas, qui a démenti mais qui, sous la pression de la Russie, a accepté de détruire son arsenal chimique qui serait composé de plus de 1000 tonnes d’armes chimiques, dont 300 tonnes de gaz sarin. La proposition du président russe Vladimir Poutine de placer cet arsenal sous contrôle international en vue d’être démantelé a ensuite permis d’éviter des frappes punitives envisagées par les États-Unis et la France.
« Loin d’être des vestiges du passé, les armes chimiques restent un danger évident et toujours présent », a noté le Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki-moon. Une première cargaison de ces armes chimiques a heureusement quitté la Syrie la semaine dernière.
Nous joignons à cette lettre une photo qui représente l’officier canadien Scott Cairns, natif de Winnipeg, avec le Secrétaire-Général Ban Ki-moon, ainsi que M. Ake Sellestrom de l’OIAC.
Enfin, nous sommes heureux d’associer à cette lettre deux raisons majeures de nous réjouir :
1- Nous avons eu avec vous un échange (courroucé de notre part) de points de vue à partir de novembre 2008 sur le scandale que représentait à nos yeux un vote de notre pays à l’ONU ayant alors pour effet de bloquer une résolution demandant aux pays détenteurs de bombes nucléaires en état d’alerte maximale de les désalerter, afin d’éviter tout court-circuit électronique ou décision impulsive qui aurait entraîné leur déclenchement désastreux. Nous vous sommes maintenant reconnaissants d’avoir eu le mois dernier, à notre grande surprise, le courage de vous dissocier de l’OTAN, des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France, qui se trouvent désormais isolés face à une demande raisonnable mondiale à laquelle nous sommes fiers de voir le Canada désormais associé. C’est par la rigueur de tels comportements que le Canada réussira le mieux à contrer la délinquance de la Corée du Nord et de l’Iran !
2- Nous vous avions fait connaître notre déception amère de voir le Canada parmi trois scandaleuses exceptions mondiales refusant d’apposer sa signature sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Vous savez sans doute que les Artistes pour la Paix ont toujours travaillé activement à la reconnaissance politique et culturelle des autochtones, par exemple en appuyant la nomination du commissaire Konrad Sioui lors de l’Enquête populaire sur la sécurité du Canada (1992), par nos actions culturelles avec des artistes tels que Samian et Bob « Seven Crows » Bourdon, par la nomination d’Artistes pour la Paix de l’année tels que Florent Vollant (1996) et la regrettée Myra Cree (2004) ou les métissés Chloé Sainte-Marie (2009), Marcelle Ferron (2000), Marie-Claire (1995) et Richard Séguin (1990, notre co-président d’honneur avec Antonine Maillet). Nous sommes enchantés d’avoir appris à Toronto la semaine dernière, lors de notre participation au gala du 50e anniversaire de VOIX DES FEMMES où nous avons dédié notre prestation pianistique aux regrettées Solange Vincent et Simonne Monet-Chartrand APLP1991, que vous avez finalement décidé de signer cette déclaration : nous vous en remercions vivement. En espérant que notre éclairage sur ce conflit vous sera d’une quelconque utilité, car nous croyons sincèrement que le travail de destruction des armes chimiques auquel participe le Canada peut avoir un effet d’entraînement contre toutes les armes de destruction massive du Moyen-Orient et éventuellement du monde entier ! Nous vous réitérons l’assurance de nos sentiments distingués,
Pierre Jasmin,
Artiste pour la Paix
member of the board of directors (Pugwash Canada) en 2013
ANNEXE 2
Lettre au ministre de la Défense, l’Honorable Rob Nicholson
18 juin 2014
Monsieur le ministre de la Défense
Le 3 juin dernier, le conseil d’administration des Artistes pour la Paix se penchait sur le projet de bouclier anti-missile nord-américain auquel les sénateurs, tant libéraux que conservateurs, sont favorables et que vous semblez accueillir avec intérêt. Ce serait hélas dans la foulée de votre projet funeste d’achats de F-35 qui, selon les calculs de mon collègue de l’University of British Columbia, Michael Byers, pourraient nous coûter entre 56 et 126 milliards de $ !
Le « bouclier », au départ un élément du projet Star Wars de Ronald Reagan, avait resurgi au Canada en 2004, relayé par Donald Rumsfeld jusque dans la cour de Paul Martin qui venait, avec l’aide d’industriels militaires de Toronto, de déloger Jean Chrétien à la tête du Parti Libéral. Nous avons alors organisé une forte campagne, aidée par les Conférences internationales Pugwash, qui voyait le bouclier comme un obstacle majeur aux efforts de non-prolifération nucléaire.
Une rencontre, le 13 mai dernier à Ottawa, du Réseau canadien pour l’abolition des armes nucléaires, nous a permis de consulter un expert américain, senior Science Fellow au Centre for Arms’ Control and Non-Proliferation, l’Honorable Philip E. Coyle, qui nous a informés sur la supercherie que constitue le projet : le moindre essai coûte au bas mot une centaine de millions de $ et échoue lamentablement à même intercepter un engin ami dont on connaît la seconde et le lieu de lancement! Et un bouclier « efficace », sur le qui-vive 24 heures sur 24, devrait opposer à un missile ennemi de provenance mystérieuse, accompagné en outre de dizaines de leurres, des dizaines d’anti-missiles au coût de plusieurs milliards de $? Bref, une manne pour le complexe militaro-industriel. Pourquoi diable ce projet insensé est-il relancé ? C’est qu’il profite d’une terminologie assimilable à une «défense », alors qu’il ne fait que relancer la militarisation de l’espace et la course aux armements en suscitant l’hostilité de la Chine (qui aurait plus d’argent que l’Amérique du Nord à investir dans un contre-projet ballistique)! C’est pourquoi, avec le NPD et le Parti Vert, les Artistes pour la Paix espèrent que vous renoncerez à ce projet aussi coûteux et pernicieux, à nos yeux, que le pipeline Enbridge Northern Gateway auquel M. Harper vient hélas d’accorder son appui.
Pierre Jasmin
vice-président des Artistes pour la Paix,
member of the board of directors Pugwash Canada and Canadian Network to Abolish Nuclear Weapons
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