https://www.lautjournal.info/20250307/artistes-pour-la-paix-2025

C’est à la Maison Ludger-Duvernay (Société de la Saint-Jean Baptiste de Montréal) que Femmes de diverses origines se sont vues remettre un hommage bien senti de la part des Artistes pour la Paix, prononcé par Barbara Guy. 

 

Notre tradition d’accorder des hommages spéciaux à des artistes ou de nommer des Amis des Artistes pour la Paix en solidarité s’est instaurée en février 2009.Ces hommages ont été rendus en leur présence. 

2009 aux cofondateurs Raôul Duguay, auteur-compositeur-interprète-peintre et Gilles Vigneault, auteur-compositeur-interprète (qui a dû annuler sa présence) 

2010 à Frédéric Back, cinéaste d’animation http://www.artistespourlapaix.org/?p=3633 

2011 à Raymond Lévesque, auteur-compositeur-interprète 

2012 à Yvon Deschamps, humoriste retraité et Margie Gillis, danseuse et chorégraphe https://www.artistespourlapaix.org/prix-hommage-a-margie-gillis/   

2013 à l’École de la Montagne Rouge (design UQAM) 

2014 à Dominique Blain, artiste et Fabienne Larouche, auteure-réalisatrice-productrice  

2015 à Dolorès Duquette, cofondatrice et Alanis Obomsawin, cinéaste documentaire 

2016 à Michel Rivard, auteur-compositeur-interprète 

2017 à Janette Bertrand, féministe pionnière et reine de la télé 

2018 à André Gagnon, compositeur et au docteur innu Stanley Vollant 

2019 à Raôul Duguay, APLP honoraire et à Nathalie Bondil, muséologue 

2020 à Daniel Turp, musicologue et professeur émérite en droit UdeM 

2021 à André Jacob, professeur à l’UQAM et APLP honoraire  

2022 à Aziz Salmone Fall, universitaire québécois/sénégalais 

2023 à Pierre Dubuc, éditeur de l’Aut’Journal 

2024 aux Femmes de Diverses Origines  

Femmes de diverses origines étaient présentes avec Chantal Ismé le 24 novembre 2024, lors du contre-sommet commun de la paix vs l’OTAN. 

Réseau de groupes et de féministes nées ici ou d’ailleurs, unies pour lutter contre le patriarcat, le capitalisme, le colonialisme, la guerre et toutes les formes d’oppressions. 

Chantal Ismé et Sonya Ben Yahmed (en première et troisième places à partir de la gauche) ont répondu avec deux discours vibrants et représentatifs de leurs luttes pour un monde plus juste, à l’éloge bien senti que leur a servi Barbara Guy (à droite sur la photo) : 

« Cette année, c’est avec bonheur que nous décernons cet hommage aux Femmes de Diverses Origines. Le prix pour l’année 2024 des Amis des Artistes pour la Paix est remis en solidarité à ce réseau de groupes et de féministes natives du monde entier en union contre le dominant patriarcal, l’inégalitaire capitalisme, l’asservissant colonialisme, la bêtise de la guerre et toutes les formes d’oppression sévissant sur notre joyau terrestre commun.  

Les Artistes pour la Paix admirent et reconnaissent votre détermination et votre engagement à rendre notre monde meilleur et nous engageons notre solidarité à vous accompagner dans les années à venir, qui s’annoncent hélas, conservatrices et hostiles envers l’immigration. 

Ce collectif montréalais de femmes représentant la diversité des cultures œuvre bénévolement depuis 2002 à l’organisation d’activités telle que la Journée internationale des droits de la femme mobilisant parfois des milliers de membres et de supporteurs. Le Comité du 8 mars des femmes de diverses origines est une de leurs invitations à se mobiliser ensemble pour militer et ouvrir les consciences au contexte mondial particulièrement mauvais, désavantageux et nuisible à l’épanouissement des femmes et opposé à l’amélioration de leurs conditions de vie qui demeurent souvent désastreuses et misérables. 

Femmes de diverses origines fait partie des organisations fondatrices de l’Alliance internationale des femmes et est fière d’avoir accueilli avec peu de moyens autres que l’empathie et l’amour, un collectif de près de 400 femmes venues de 32 pays du monde pour partager expériences et tisser des liens en vue d’appesantir l’impact des actions. Cela se passait en août 2010 sous le couvert de l’humilité délicate et de la force tisserande qui caractérisent la féminité méprisée et bafouée, allant des viols aux assassinats qui sévissent et prolifèrent en ce monde. 

Pour recevoir ce prix, deux membres de femmes de diverses origines qui s’en étaient faites les porte-voix lors du contre-sommet de l’OTAN à Montréal. 

Chantal Ismé, jeune fille exilée de son Haïti natale vers les États-Unis qui tentait simplement de comprendre (à l’aide de livres) les raisons subjacentes à autant de peur et de misère, pour éventuellement planifier le sauvetage de cet État-Nation si cher aux cœurs de ses parents et de ses ascendants. Un brin de femme en devenir, détachée des liens familiaux encadrants et rassurants afin de « sauver sa vie » menacée par le simple fait d’avoir conservé en secret quelques bouquins pouvant l’aider à identifier les problèmes pour mieux corriger l’avenir. Les âmes aussi précieuses et sensibles se réfugient souvent dans la prière et laissent des traces au travers de mots entrelacés de manière poétique ou des coups de pinceaux s’opposant à un avenir décoloré. Lire Chantal Ismé est un voyage qui bouleverse le cœur et affale les commissures des lèvres. Qu’avons-nous fait ou laissé faire pour en venir à une telle inhumanité deviendra le sujet de sa propre chaire de recherche, qu’elle tentera de remplacer par …où doit-on recommencer? 

Devenue adulte, elle arrive au Canada où elle consacrera sa vie à comprendre, pour rectifier. Deux fois Maître, en études urbaines ainsi qu’en développement urbain et régional, Diplômée en génie électromécanique et titulaire d’une double majeure en littérature française, son bagage académique en impose. Au-delà d’un curriculum professionnel chargé, son étonnante implication bénévole retient l’attention et touche. Cette jeune femme engagée sensibilisera, sur un parcours de plus de 20 ans, jeunes et femmes aux bouleversantes problématiques liées aux violences sexuelles, au sein du mouvement communautaire de Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLÉS), où elle a travaillé durant 9 années. 

Engagée dans la lutte avec Femmes de Diverses Origines depuis 2010, fondatrice de la Coalition Haïtienne au Canada contre la dictature en Haïti, membre de divers c.a. dont celui de la Maison d’Haïti, de Hoodstock à Montréal-Nord, elle s’implique dans la gauche Haïtienne et québécoise à travers les Nouveaux Cahiers du socialisme dont elle est membre du comité de rédaction. 

Internationaliste, elle s’intéresse au développement des communautés et prête main-forte aux luttes d’ailleurs par le biais du Groupe de recherche et d’initiative pour la libération de l’Afrique.  Ce fascinant tracé d’influences culmine aux postes de présidente du CA du Mouvement contre l’inceste et le viol, ainsi qu’à la CLÉS. 

Exemple fascinant et attendrissant d’une intégration parfaite à la communauté québécoise et à ses valeurs, le souci des autres de Chantal Ismé, s’il demeure attaché à son Haïti natale, dépasse toutes les frontières pour convaincre les autres aux vertus de l’entraide, du respect et à la plénitude que conférera un monde enfin pacifié. Son leadership et sa capacité d’action n’ont d’égaux que son acharnement à co-construire et à léguer un monde d’amour et non d’abus. 

La Docteure Sonya Ben Yahmed, jeune et généreuse militante d’origine tunisienne, arrivée à Montréal il y a 7 ans, est née et a grandi en Tunisie où s’est forgé son sens aigu de la justice et de l’équité. Jeune femme passionnée par l’art, la littérature et les langues, elle se distingue par son engagement multidimensionnel en faveur de la justice sociale. Sonya est chercheuse et doctorante fraichement graduée de l’université de Montréal. Ses travaux multidisciplinaires, à la croisée de la sociologie, des études sur le genre et de la communication, abordent les questions de violence, de pouvoir, de genre, de corps, de langage et de mobilité, dans une perspective décoloniale éclairée par l’intersectionnalité. Ses recherches s’appuient sur des terrains réalisés en Tunisie, au Liban et au Québec. Brillante, cette jeune femme a reçu de nombreux prix de reconnaissance de son excellence académique. Sonya a cumulé différents postes dans le milieu universitaire et communautaire, notamment celui de coordination d’une Recherche Action Participative, d’assistanat de recherche et d’enseignement de cours à l’université et d’experte en éducation jeunesse. Sa feuille de route présente un nombre impressionnant de publications et de communications scientifiques. 

L’alliage de sensibilité artistique et de rigueur académique se reflète dans son parcours de militante, lui donnant une approche innovante et interdisciplinaire, combinant sciences et réflexion artistique. Artiste engagée, libre, ses écrits poétiques et sa prose qu’elle partage généreusement lors de lectures publiques, sont marquées par une volonté de transformation sociale. 

Militante convaincue, active et pugnace, cette jeune femme s’implique au sein de mouvements et de groupes féministes, anticapitalistes, décoloniaux et pro-palestiniens. En Tunisie, elle a entre autres longuement milité au sein de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates et du mouvement social Manich Msamah, ainsi que dans de nombreux groupes formels et informels au Québec, tels FDO, Tadamon, etc. 

Elle incarne la combinaison rare d’une pensée profonde et d’une pratique créative et courageuse qui œuvre pour l’émancipation intellectuelle et pour des actions concrètes en faveur d’un monde juste et égalitaire. Elle est une source d’inspiration et un espoir que le flambeau de la transformation sociale et de la paix juste restera allumé et vivant. 

Chantal Ismé et Sonya Ben Yahmed, les Artistes pour la Paix vous remercient d’accepter cette reconnaissance au nom du mouvement Femmes de diverses origines. 

……………………. 

Chantal Ismé 

«  C’est avec beaucoup d’émotions, de courage et d’humilité que j’accepte ce prix en cette période où la paix est particulièrement menacée sur la planète, au nom de toutes les camarades de FDO qui depuis plus de 20 ans luttent pour un monde juste et équitable. 

Je l’accepte pour cette jeune mère en Ayiti qui assiste impuissante son nourrisson de deux mois immolé par le feu, cette dame de 50 ans violée au Pérou par les militaires pour avoir osé prendre la rue et exiger le droit à une vie digne, toutes celles qui luttent en Inde, aux Philippines, au Soudan, au Yemen etc., ces jeunes femmes dans les mines du Congo, ces femmes qui en Palestine occupée sous le bruit assourdissant des bombes  »made in » occident crient les corps déchiquetés de leurs compagnons, mais aussi ces fillettes épouses de 4 ans, ces femmes migrantes qui regardent hagardes le corps de leurs enfants happés par la rivière dans les parcours de la mort. 

J’accepte aussi ce prix pour toutes les femmes verticales dans tout le Grand Sud, de la Grande Afrique aux Caraïbes en passant par l’Asie du Sud-Est, l’Europe Centrale et de l’Est, pour les femmes autochtones d’ici et d’ailleurs qui se battent depuis des millénaires pour la protection de leur terre et leur écosystème, les femmes ouvrières au Nord qui s’organisent contre leur exploitation à outrance. Oui pour toutes ces femmes dont chaque jour de vie est un combat mortel, pour toutes celles au silence assourdissant dont le regard plein de défi est un acte d’insubordination. J’accepte également ce prix pour apporter notre voix au grand chant de la solidarité réelle qui se matérialise aujourd’hui ici par les Artistes pour la Paix, faisant mentir le crédo de division véhiculé par les puissances impériales.  

Nous femmes de diverses origines, acceptons ce prix avec beaucoup d’opiniâtreté et, cette reconnaissance ne fait que renforcer notre détermination à continuer à nous battre pour un monde meilleur en paix où la vie ne serait plus une chance, mais un droit inaliénable. 

Je tiens à remercier Barbara Guy pour sa présentation sensible et profondément humaine.  

Merci à toute l’équipe des Artistes pour la Paix.  

Je salue les lauréates qui chacune à leur façon contribue à sensibiliser pour la construction de ce monde où la paix réelle s’établira.  

Continuons la lutte pour ce monde juste et équitable, vecteur de paix.