Contre les armes nucléaires,146 pays réunis à Nayarit, Mexique
Après la toute première conférence intergouvernementale sur les conséquences catastrophiques sur le plan humanitaire de l’emploi d’armes nucléaires (Oslo, mars 2013), des représentants de 146 pays présents à Nayarit au Mexique (13/14 février 2014) dont plusieurs ministres des Affaires étrangères se sont fermement engagés en faveur de « l’élimination totale des arsenaux nucléaires », suivant une résolution en ce sens de mai 2010 du Document final de la Conférence d’examen du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).
Légende de la photo Le 3 mai 2010, débute la réunion d’examen du Traité de non-prolifération nucléaire à New-York (ONU). Le même jour, le pianiste Pierre Jasmin (Artistes pour la Paix et Pugwash Canada) invite à son récital à l’UQAM, sous la présidence d’honneur de Pierre J. Jeanniot (directeur émérite de l’IATA, ex-président d’Air Canada et chancelier de l’UQAM de 1995 à 2008) le regretté Frédéric Back qui remet par les mains de Jenna Dawn McLellan (APLP) son œuvre représentant l’Homme qui plantait des arbres à Murray Thomson, OC. Frédéric rendait ainsi hommage à ce pilote de la Seconde guerre Mondiale, membre de Pugwash, qui a initié une pétition de 700 membres de l’Ordre du Canada demandant au premier ministre canadien de signer une Convention internationale contre l’arme nucléaire. Pourtant la plus importante, et par son sujet et par le nombre de ses signataires sans précédent en l’Ordre du Canada, cette pétition relayée par deux motions unanimes du Sénat et de la Chambre des Communes n’a pas été jugée digne de réponse de la part du premier ministre et le Canada vient de jouer un rôle plutôt négatif à Nayarit au Mexique, la semaine dernière.
Le succès sans précédent de la conférence de Nayarit, pourtant boycottée par les cinq pays membres du Conseil de Sécurité de l’ONU et par nos médias (en avez-vous entendu parler ?), fut tel que le gouvernement autrichien s’est engagé à recevoir le prochain rendez-vous dès cette année (Pierre J. en sera !). Les voix présentes à Nayarit de la société civile incluaient, en plus des ministres, les Parlementaires pour la non-prolifération nucléaire et le désarmement, des membres de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN, dont le rapport londonien dénonce l’implication de Power Corporation dans le financement de la fabrication d’armes nucléaires, ceci expliquant en partie le mutisme de La Presse sur ce sujet), la Campagne internationale pour interdire les mines (ICBL-CMC, combattant mines anti-personnel et bombes à sous-munitions) et Pugwash : Pugwash-Canada a délégué trois membres de son exécutif.
En cas d’utilisation d’une seule arme nucléaire ou simplement d’accident engendrant une explosion nucléaire militaire, le potentiel destructeur de cette arme affecterait inévitablement l’ensemble de la planète. Les conséquences sanitaires, environnementales et économiques seraient si grandes qu’il n’est pas certain que la société humaine parvienne à y faire face, selon un rapport alarmant de la Croix-Rouge. Un autre rapport évalue les impacts d’un tel accident à un milliard de victimes par la faim, compte tenu des conséquences d’un nuage atomique sur la production agricole et les stocks de nourriture mondiaux. La Cour Internationale de Justice, basée à La Haye, dénonce comme criminelles non seulement la possession d’armes nucléaires mais aussi la menace de l’utiliser proférée implicitement ou explicitement par les neuf pays détenteurs de l’arme (Chine, Corée du Nord, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Inde, Israël, Pakistan et Russie) et par un organisme tel l’OTAN.
« L’épée de Damoclès est toujours présente au dessus de la population mondiale, au nom de la doctrine de 9 États qui repose sur la puissance nucléaire », a déclaré Patrice Bouveret, directeur français de l’Observatoire des armements (et auteur de Qui arme Israël et le Hamas).
« Depuis 2010, une prise de conscience a clairement émergé au sein des Etats qui ne disposent pas de cet armement. Les conséquences humanitaires de l’emploi de l’arme nucléaire ont ainsi été réaffirmées à de très nombreuses reprises à l’ONU, malgré la volonté affichée de la France, et des autres puissances nucléaires officielles, de ne pas engager le débat sur cette réflexion » a poursuivi Jean-Marie Collin, directeur-France des Parlementaires pour la non-prolifération nucléaire et le désarmement (PNND).
Il y a deux autres menaces : la négligence criminelle et le terrorisme, qu’on associe en priorité à l’inquiétant laisser-aller des Russes ou des Pakistanais. Pourtant, les nouvelles récentes des États-Unis (Associated Press, Washington, fin janvier) mentionnent la négligence d’onze officiers drogués et de dizaines de tricheries pour des examens d’acceptation à la base de force aérienne de Malmstrom au Montana (qui contient 150 missiles Minuteman 3, c’est à dire 1/3 des ICBM américains !). Le générallissime Mark Welsh a avoué que le retranchement simultané de 34 officiers affectés au lancement de missiles nucléaires est sans précédent. On rapporte que les officiers restants sont par conséquent obligés à faire des quarts de travail qui s’étendent parfois sur 24 heures consécutives, risquant le burn-out. En octobre, le général en chef de la force ICBM, Michael Carey, avait été renvoyé pour avoir, lors d’une délégation américaine en Russie, eu un comportement erratique incluant une saoûlerie en compagnie de belles Russes aux véritables professions …inconnues. Et deux jours auparavant, on avait renvoyé pour des motifs de « gambling » extrême le vice-amiral Tim Giardina, 2e responsable du U.S. Strategic Command en charge d’établir les plans d’une éventuelle guerre nucléaire !
Quant au terrorisme, il y a motif à inquiétude quand le directeur de l’Agence internationale d’énergie atomique, M. Yukiya Amano, déplore plus de cent incidents faisant objets de rapports chaque année impliquant des vols ou activités illégales concernant du matériel nucléaire ou/et radioactif. À la suite du récent rapport de l’ONU sur la Corée du Nord, on pense d’abord à Kim Jung-un, l’erratique despote terroriste, qui a un petit nombre indéterminé de bombes nucléaires à sa disposition (et heureusement des missiles peu efficaces). Mais pourtant, les derniers événements suspects nous forcent à examiner …les États-Unis. Le 28 juillet 2012, trois activistes pour la paix d’âge moyen de 69 ans ont pu tranquillement accéder au cœur du site Oak Ridge Y-12 National Security Complex (USA), supposément « parmi les mieux sécurisés du pays », grâce à de simples pinces anti-cadenas disponibles sur le marché. La réaction typique (pensons aux whistleblowers Edward Snowden et Bradley-Chelsea Manning) déplorable des Américains fut d’emprisonner ces « dangereux terroristes » chrétiens armés de leurs seules convictions pacifistes qui n’avaient pour but que de révéler la dangerosité du site nucléarisé : leur procès, qui vient d’avoir lieu a condamné la bonne sœur de 83 ans, Sister Megan Rice, à une peine de trois ans d’emprisonnement, plus clémente que celle de ses deux comparses. Odieuse justice américaine.
Revenons à l’AIEA que plusieurs pays empêchent de jouer son rôle de régulation internationale, nous avons avec cette moyenne de cent incidents annuels des chiffres alarmants qui peuvent en outre être dangereusement sous-estimés, d’autant plus qu’Al-Qeida a déjà informé le monde qu’un de ses objectifs était de se procurer du matériel fissile en vue de fabriquer une bombe nucléaire.
À la lecture de l’index Nuclear Threat Initiative, si on peut se consoler avec le progrès effectué par le Kazahkstan et par sept pays ayant nettoyé récemment leur territoire de tout matériel nucléaire – l’Autriche, la Hongrie, le Mexique, la République tchèque, la Suède, l’Ukraine et le Vietnam -, on peut aussi se faire la même réflexion que Sam Nunn, responsable américain du NTI : « Le jour qui suivra une catastrophe nucléaire, le monde se demandera ‘qu’aurions-nous dû faire pour l’empêcher’, alors pourquoi pas se le demander maintenant? »
Beverly Deepe Keever, auteure de News Zero: The New York Times and The Bomb nous rappelle le cas des îles Marshall à qui les USA ont infligé il y a soixante ans une explosion mille fois plus puissante que celle d’Hiroshima:
« If U.S. nuclear weapons testing in the Pacific is un-remembered by the American government, it has not been forgotten internationally. While the U.S. regularly castigates the governments of China and Russia for human rights abuses or violations, a special United Nations report urges the U.S. government to remedy and compensate Marshall Islanders for its nuclear weapons testing that has caused “immediate and lasting effects” on their human rights. “Radiation from the testing resulted in fatalities and in acute and long-term health complications,” according to the report presented to the U.N. Human Rights Council in September 2012 by Special Rapporteur Calin Georgescu. “The effects of radiation have been exacerbated by near-irreversible environmental contamination, leading to the loss of livelihoods and lands. Moreover, many people continue to experience indefinite displacement.”
Alyn Ware (voir fin de l’article) commente aussi:
The Bravo test, conducted on Bikini Atoll, was 1,000 times greater than Hiroshima’s. Unlike Hiroshima’s blast, which was well above the city, the Bravo blast was in-ground. It created a 20-mile-high upheaval of coral, water, animal, and plant-life, which then drifted in a huge cloud of raining fallout. It probably created between 1,000 to 10,000 times the fallout of Hiroshima which drifted across the Marshall Islands creating horrific humanitarian consequences over generations. This included increased rates of thyroid cancer, luekemia, and other radiation induced diseases:
The most common birth defects on Rongelap and nearby islands have been “jellyfish” babies. These babies are born with no bones in their bodies and with transparent skin. We can see their brains and hearts beating. The babies usually live for a day or two before they stop breathing. Many women die from abnormal pregnancies and those who survive give birth to what looks like purple grapes which we quickly hide away and bury.
Lijon Eknilang (Marshall Islands). Testimony to the International Court of Justice
Madame Keever poursuit: « Another surprise stunned the U.S. government and the world. News accounts reported 23 crew members of a Japanese tuna trawler, the No. 5 Fukuryu Maru (the “Lucky Dragon”) had also been Bravo-dusted with what is known in Japan as shi no hai, or “ashes of death.”
When the trawler reached home port near Tokyo two weeks after the Bravo explosion, the crews’ radiation sickness and the trawler’s radioactive haul of tuna shocked U.S. officials and created panic at fish markets in Japan and the West Coast. The Japanese government and public described the Lucky Dragon uproar as “a second Hiroshima” and it nearly led to severing diplomatic relations.
A U.S. doctor dispatched by the government to Japan predicted the crew would recover within a month. But, six months later, the Lucky Dragon’s 40-year-old radio operator, Aikichi Kuboyama, died. The New York Times described him as “probably the world’s first hydrogen-bomb casualty.”
The U.S. cover stories for Bravo’s disastrous results plus subsequent official cover-ups at the time — and continuing today – were that the might of the Bravo shot was greater than had been expected and that the winds shifted at the last minute unexpectedly to waft radioactivity over inhabited areas. »
Ceux qui ont vu le film Un rêve étrange sur le fondateur de Pugwash (première francophone à l’ONF sous la présidence d’honneur des Artistes pour la Paix) se souviennent que le physicien nucléaire Josef Rotblat fut l’un des premiers à se rendre à Tokyo examiner les survivants et à leur venir en aide, en ameutant les médias. Très peu de temps après, il créa Pugwash avec l’aide d’Albert Einstein et Bertrand Russell.
Les Artistes pour la Paix espèrent vous voir travailler avec nous pour percer le silence médiatique établi par la tyrannie des 1% contre la volonté démocratique des 99% désireux de voir les à peu près cent milliards de $ annuels affectés à la modernisation des bombes nucléaires servir plutôt à nourrir les êtres humains et à lutter contre le réchauffement climatique.
Contacts réguliers des Artistes pour la Paix avec:
Jean-Marie COLLIN, PNND Coordinateur pour la France: jeanmarie@pnnd.org
Adele BUCKLEY, membre des exécutifs de Pugwash et Pugwash-Canada : adele-buckley@rogers.com
Alyn WARE: Global Coordinator, alyn.ware@unibas.ch
Parliamentarians for Nuclear Non-proliferation and Disarmament
United Nations Office: 866 UN Plaza, Suite 4050, New York, NY 10017, USA
Head office: PO Box 24-429, Manners St, Wellington, Aotearoa-New Zealand
Cesar Jaramillo: Project Ploughshares a superbement décrit l’indifférence coupable du gouvernement conservateur canadien sur ce point: voir
http://ploughshares.ca/pl_publications/nuclear-weapons-ban-on-the-horizon/
Deux alarmes antérieures sur la situation nucléaire par les Artistes pour la Paix:
Le site écologiste Reporterre.org du journaliste connu Hervé Kempf a publié cet article.
Le magazine pan-canadien Affaires universitaires a publié cet appel.
Rapport du Nuclear Threat Initiative :
http://ntiindex.org/wp-content/uploads/2014/01/2014-NTI-Index-Report.pdf
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