Zelensky sorti de la Maison Blanche
1er mars 2025 Pierre Jasmin pour les Artistes pour la Paix – Canada
Followed in English by Aaron Matté 2nd of March article
Disgracieuse (et périlleuse pour la paix mondiale) bataille de trois coqs machos à la Maison Blanche, le 28 février. Bien sûr, vu la disproportion des forces, notre instinct et notre condition de petit Québécois nous portent à la défense du petit ukrainien. Mais comme d’habitude, les APLP se tournent vers l’ONU, même si la première préoccupation affichée par Antonio Guterres se porte avec raison sur l’urgence de protéger les habitantEs de Gaza en sauvegardant le cessez-le-feu mis en danger par le génocidaire Nétanyahou … et son allié tout-puissant, Trump.
Par rapport à l’Ukraine, on adopte à 100% la logique du professeur de l’Université Columbia, Jeffrey Sachs, proche du secrétaire général de l’ONU. J’ai regardé le vidéo passionnant https://www.youtube.com/watch?v=hA9qmOIUYJA à deux reprises, 54 minutes, plus la période de questions qui commence par une révélation que sa femme est tchèque, ce que j’ignorais au moment de rédiger mon article https://www.artistespourlapaix.org/3-ans-de-souffrances-ukrainiennes/ . Directeur de l’Institut du Climat (climat bafoué par Trump, Vance et Musk), il vante le travail remarquable du québécois Guillaume Lafortune à l’ONU pour le développement soutenable : nos médias l’ont-ils vanté?
Mais ses points majeurs sont de déclarer « voici une guerre qui n’aurait jamais dû être livrée » et « l’administration Trump dit enfin la vérité sur les causes fondamentales de la guerre ». L’OTAN et ses pays membres établirent des stratégies de guerres comme Biden au lieu de négocier avec les Russes : en voulant annexer l’Ukraine et en installant des missiles à 7 minutes de Moscou, ils prétendaient appliquer une « opendoor policy ». Foutaise! Kennedy s’était méfié des missiles russes à Cuba, pourquoi Poutine n’aurait pas le droit de forcer l’Ukraine à refuser ceux de l’OTAN? Pourquoi Zelensky a obéi à Biden et quitté Ankara deux mois après le début de la guerre au moment où des négociations étaient bien entreprises avec le chef de la diplomatie russe Lavrov? N’est-ce pas à ce moment qu’on lui a offert un appartement luxueux à Londres?
Les Artistes pour la Paix avaient raison de demander qu’on démantèle l’OTAN en même temps que le Pacte de Varsovie deux ans après la chute du mur de Berlin en 1991. Depuis, on a vu la guerre s’emparer de l’esprit des chefs d’états occidentaux, y compris Justin Trudeau qui veut augmenter inconsidérément ses dépenses militaires et s’est gonflé comme la grenouille de la fable de la prétention canadienne à siéger au G7. Le voici, seul représentant (pour une semaine?) d’un état non européen à se rendre à Londres au secours du traître ukrainien qui a laissé mourir sa population sur un champ de bataille inégal et meurtrier. Kissinger disait : « Être ennemi des États-Unis est dangereux, en être proche est fatal. » Cela vaut aussi pour le Canada dont les canaux d’information, surtout anglophones, sont inondés de propagande guerrière. Heureusement, la commissaire Hogue a un peu freiné leur hystérie sinophobe avec son rapport sur l’ingérence étrangère que nous avons félicité.
Quant à l’altercation d’hier, contrairement à ce que Radio-Canada affirme ce matin qui est un mensonge propagandiste de guerre, la réaction des Républicains américains est quasi-unanime : notons celle du sénateur Lindsay Graham qui a souvent bataillé à propos de l’Ukraine contre Trump, mais il a réitéré hier son appui à la population ukrainienne qui souffre en affirmant : « je n’ai jamais été aussi fier de mon président ». Car il a soutenu la paix contre la 3e Guerre Mondiale que Zelensky fomente aujourd’hui à Londres, avec Bonn, Paris, Varsovie et notre Trudeau.
Trump exagère toujours : parlant de « millions de morts en Ukraine », il a accusé Zelensky d’être « un dictateur » (tout président en guerre en devient un, même Churchill) et « d’avoir attaqué la Russie », ce qui est grossier et faux; ça lui évitait de s’en prendre au vrai coupable de son propre camp, bien identifié, l’OTAN. La bataille de coqs a ainsi pris naissance sur leur interprétation divergente sur les années 2014-5. Zelensky surjoue le rôle de victime, au lieu d’assumer comme il l’avait pourtant fait dans sa campagne électorale de 2019, qu’au deuxième Traité de Minsk, c’est l’Ukraine fasciste de son prédécesseur Porochenko qui avait rompu la trêve en bombardant le Donbass russophone (lire Glenn Michalchuk).
M. Trudeau, doit-on comprendre, par votre attitude belliqueuse et votre soumission à la Grande-Bretagne, qu’en cas d’un Québec affirmant ses droits francophones, laïcs et environnementaux, vous n’hésiteriez pas, comme votre père en 1970, à engager l’armée de votre Sinistre (sic) de la Défense contre nos compatriotes? Pardon d’exagérer ainsi, c’est la guerre qui irrite nos nerfs et nos esprits.
Surveillez plutôt notre site : on aura d’excellentes nouvelles à vous raconter toute la semaine en plusieurs articles sur deux heures extraordinaires passées en compagnie d’artistes non moins extraordinaires, nos Artistes pour la Paix de l’Année 2025 et les Femmes de diverses origines. Ça s’est passé à la Société de la Saint-Jean Baptiste.
Zelensky’s hostility to peace triggers White House meltdown
Aaron Maté
Long rewarded by Washington and NATO for undermining diplomacy with Russia, Zelensky grew confrontational — and told outright falsehoods — upon hearing the opposite from Donald Trump and JD Vance.
A contentious White House meeting between President Donald Trump, Vice President JD Vance, and Ukrainian president Volodymyr Zelensky has thrown US-Ukrainian relations into disarray. The meeting resulted in Zelensky’s ejection from the White House, the cancellation of a planned minerals agreement, and, according to one report, a review of continued US military assistance to Ukraine.
For panicked cheerleaders of the proxy war against Russia, the consensus view is that Trump has betrayed a stalwart US ally, sided with an enemy in Moscow, and may have even deliberately triggered the clash to serve his treacherous agenda.
Those who insist that Zelensky was ambushed are overlooking the cordial, lengthy exchange that occurred before the meeting turned testy. In a room full of aides and news cameras, Trump, Vance, and Zelensky held court for more than 40 minutes. It was Zelensky who became confrontational each time the two US leaders spoke favorably about negotiations with Russia.
In his opening remarks, Trump criticized his predecessor Joe Biden for refusing to “speak to Russia whatsoever” and expressed his hope to bring the war “to a close.” Zelensky responded by calling Vladimir Putin a “a killer and terrorist” and vowing that there would be “of course no compromises with the killer about our territories.” In a paranoid threat, he also declared that unless Trump helps him “stop Putin,” then the Russian leader will invade the Baltic states “to bring them back to his empire”, which would draw the US into the war, despite the “big nice ocean” shielding the US from Europe: “Your soldiers will fight.”
Trump did not interrupt or object to these initial, belligerent comments. The closest he came to a direct criticism occurred when a reporter asked about Zelensky’s avowed refusal to compromise. Trump replied that “certainly he’s going to have to make some compromises, but hopefully they won’t be as big as some people think you’re going to have to make.” Trump even promised that “we’re going to be continuing” US military support to Ukraine.
Yet because Trump also stressed that his goal is to end the war through diplomacy, Zelensky grew agitated. The tipping point came when, after 40 minutes, a reporter asked whether Trump has chosen to “align yourself too much with Putin.” Vance responded that, in his view, “the path to peace and the path to prosperity” entails “engaging in diplomacy.” It was here that Zelensky lost his composure and directly challenged Vance: “What kind of diplomacy, J.D., you are speaking about? What do you mean?”.
This drew a sharp reaction. Vance reminded Zelensky that his military is brutally nabbing Ukrainian men off the street to send them to the front lines, and that the US seeks “the kind of diplomacy that’s going to end the destruction of your country.” Zelensky then doubled down by challenging Vance to visit Ukraine and reviving his attempted fearmongering. “You have a nice ocean and don’t feel it now,” he said, referring to the Atlantic, “but you will feel it in the future.” That veiled threat angered Trump, who proceeded to call out Zelensky for, among other things, “gambling with the lives of millions of people,” and “with World War III.”
In opting to confront Vance, Zelensky showed that he is so reflexively hostile to the notion of negotiating with Russia that he is willing to berate his chief sponsor, in public no less, for daring to suggest it. And to serve his agenda, Zelensky also showed that he is willing to engage in distortion and even outright falsification. To make his case that Putin cannot be negotiated with, Zelensky first invoked an agreement, brokered by France and Germany, that he signed with Putin in Paris on December 9, 2019. The pact called for a prisoner exchange, which, Zelensky asserted, Putin ignored. “He [Putin] didn’t exchange prisoners. We signed the exchange of prisoners, but he didn’t do it,” Zelensky said. Zelensky was not being truthful. He himself attended a December 29, 2019 ceremony welcoming the return of Ukrainian prisoners freed under his agreement with Putin. Then in April 2020, his office hailed the release of a third round of prisoners.
December 29, 2019: Zelensky attends a welcome ceremony for Ukrainian prisoners returned under his agreement with Russia. (Yuliia Ovsiannikova/ Ukrinform/Future Publishing via Getty Images)
That was not his only false statement. In insisting that Putin can’t be trusted to uphold agreements, Zelensky omitted his own record in undermining diplomacy with Moscow. The December 2019 pact recommitted Ukraine and Russia to the Minsk peace process, the UN Security Council-endorsed framework for ending the war that broke out in 2014 between the post-coup Ukrainian government and Russian-backed eastern Ukrainian rebels. After initially taking some positive steps toward implementation, Zelensky ultimately refused to comply, a stance that he previewed in Putin’s company. During a joint news conference in Paris, Zelensky visibly smirked as Putin discussed the importance of following through with Minsk. The following March, Zelensky, under pressure from Ukraine’s ultra-nationalists and US-funded NGOs, abandoned a pledge to hold direct talks with representatives of the breakaway Donbas republics, which would be granted limited autonomy under Minsk. By that point, the Kremlin had begun to raise concerns that Zelensky was not following through. A Kremlin readout of a call between Putin and Zelensky the previous month noted that Putin had “stressed the importance of the full and unconditional fulfillment of all measures and decisions made in Minsk and adopted at the Normandy summits, including the one held in Paris on December 9, 2019… Vladimir Putin directly asked if Kyiv intends to really implement the Minsk agreements.” Zelensky kept signaling that he had no such intention. In mid-July 2020, Zelensky’s party proposed a measure that would hold local elections throughout Ukraine – yet in a deliberate omission, the plan excluded Donbas, which was supposed to have new elections under Minsk. By that point, Zelensky was openly contemptuous of Donbas residents. “The people of the Donbas have been brainwashed,” Zelensky complained. “They live in the Russian information space… I can’t reach them.”
The entry of the Biden team to the Oval Office in January 2021 encouraged Zelensky’s confrontational path. In February 2021 – one year before Russia invaded – Zelensky shut down three television networks tied to his main political opposition, which advocated better ties with Russia. A Zelensky aide later disclosed that this crackdown was “conceived as a welcome gift to the Biden administration,” which offered its enthusiastic endorsement of Zelensky’s effort to “counter Russia’s malign influence.” The following month, the Biden administration returned the favor by approving its first military package for Ukraine, valued at $125 million. That encouraged even more bellicosity from Zelensky’s government. Ukraine’s National Security and Defense Council approved a strategy to recover all of Crimea from Russian control, including by force. Ukrainian military leaders also announced that they were “ready” to retake Donbas by force, with the help of NATO allies.
By this point, Zelensky was openly disdainful of the diplomatic path that he had signed onto in Paris. “I have no intention of talking to terrorists, and it is just impossible for me in my position,” he declared in April 2021. Zelensky also demanded changes to Minsk. “I’m now participating in the process that was designed before my time,” he said. “The Minsk process should be more flexible in this situation. It should serve the purposes of today not of the past.”
Zelensky and his aides maintained this stance in the weeks before Russia’s February 2022 invasion. “The position of Ukraine, which has been expressed many times at different levels, is unchanged,” top Zelensky advisor Andrii Yermak said. “There have not been and will not be any direct negotiations with the separatists.” Added Ukrainian security chief Oleksiy Danilov: “The fulfillment of the Minsk agreement means the country’s destruction.” Perhaps to underscore the point, Zelensky’s government escalated attacks on rebel-controlled areas.
The Russian invasion forced Zelensky to abandon his hostility to negotiations, resulting in the Istanbul talks of March-April 2022. While Zelensky now claims that Russia cannot be negotiated with, his own representatives in Istanbul held a much different view.m“We managed to find a very real compromise,” Oleksandr Chalyi, a senior member of the Ukrainian negotiating team, recalled in December 2023. “We were very close in the middle of April, in the end of April, to finalize our war with some peaceful settlement.” Putin, he added, “tried to do everything possible to conclude [an] agreement with Ukraine.” According to former Zelensky advisor Oleksiy Arestovich, who also took part in the talks, “the Istanbul peace initiatives were very good.” While Ukraine “made concessions,” he said, “the amount of their [Russia’s] concessions was greater. This will never happen again.” The Ukraine war, Arestovich concluded, “could have ended with the Istanbul agreements, and several hundreds of thousands of people would still be alive.”
The US and UK sabotaged the Istanbul talks by refusing to provide Ukraine with security guarantees and encouraging Zelensky to keep fighting instead. Zelensky’s decision to obey their dictates helps explain why he is so desperate to obtain a security guarantee from Trump. Having walked away from a peace deal that would have saved hundreds of thousands of lives, Zelensky needs a tangible Western security commitment to show for it.
In Zelensky’s defense, he has also faced, from the start of his presidency, the threat of violence from Ukrainian ultra-nationalists staunchly opposed to any peace deal with Russia and allied eastern Ukrainians (ce que mon article a reconnu aussi). And rather than help him overcome this domestic obstacle to peace, Washington has enabled it. As the late scholar Stephen F. Cohen prophetically warned in October 2019, Zelensky would not be able to “go forward with full peace negotiations unless America has his back” against “a quasi-fascist movement” that was literally threatening his life.
For this reason, it was disrespectful of Vance to insist that Zelensky thank the US for its military support, when that assistance has in fact fueled Ukraine’s decimation. Yet Zelensky is also responsible for putting himself in this position. Because he dutifully served the US goal of using Ukraine to bleed Russia, Zelensky was rewarded with political and media adulation, along with tens of billions of dollars in NATO funding.
The unprecedented dispute at the White House shows that Zelensky’s disingenuous hostility to negotiations is no longer welcome in Washington. While this may prove fatal to Zelensky’s political career and US proxy warfare against Russia, it is a tangible step toward ending his country’s destruction.
TRUMP et sa voie viable de paix
https://www.lautjournal.info/20250307/trump-et-sa-voie-viable-de-paix
Pierre Jasmin, secrétaire général des Artistes pour la paix
Tout en craignant la suite des événements, nul ne peut douter des effets immédiats bénéfiques de la décision logique de Trump d’interrompre « l’aide militaire » des États-Unis à l’Ukraine. Censurés par les médias mainstream, les Artistes pour la Paix ont toujours dénoncé les « supposées aides à la paix » par l’envoi d’armes, à Israël comme en Ukraine ou par l’achat d’armes offensives par notre armée. Les armes ne sont un outil de paix que quand on les coupe. Les « supposés » amis de l’Ukraine Biden, Macron et Trudeau ont accéléré sa destruction et font à nos frais des sparages inutiles à Londres (jusqu’en audience auprès du roi Charles III!)
Diplomatiquement, nous appuyons en priorité l’ONU et Jeffrey Sachs, directeur de l’Institut Climat de l’Université Columbia et conseiller spécial d’Antonio Guterres, dont vous écouterez toute séance tenante le plaidoyer sur https://www.youtube.com/watch?v=hA9qmOIUYJA. Et faites lire l’article suivant d’un nonagénaire conservateur américain, dont on n’approuve évidemment pas tous les points: on attend une sortie similaire de la part du Canadien Douglas Roche.
Jack F. Matlock, Jr. est un diplomate de carrière qui a été ambassadeur des États-Unis auprès de l’Union soviétique de 1987 à 1991. Avant cela, il a été directeur principal des affaires européennes et soviétiques au sein du Conseil de sécurité nationale du président Reagan et ambassadeur des États-Unis en Tchécoslovaquie de 1981 à 1983. Son article du 3 mars 2025 a été publié par le Quincy Institute. Voici ma traduction:
« Je n’ai pas voté pour lui et j’ai critiqué la plupart de ses démarches. Mais en ce qui concerne la guerre… je pense qu’il est sur la bonne voie.
Enfin, il existe une perspective de mettre un terme à la guerre en Ukraine. Le président Trump et son équipe de politique étrangère ont créé les conditions d’une fin négociée de la guerre, remplaçant un ensemble de politiques fondamentalement erronées et dangereuses adoptées par ses prédécesseurs, y compris, ironiquement, le Donald Trump de sa première administration.
Cela est vrai même après l’explosion très publique dans le Bureau Ovale le 28 février. Ce qui a provoqué la colère de Trump, ce sont les commentaires de Zelensky sur l’accord sur les minerais, puis ses plaintes répétées concernant les négociations avec Poutine, ce que Trump a clairement fait savoir qu’il le ferait. Trump s’était apparemment attendu à une cérémonie de signature rapide pour convaincre les partisans ukrainiens de son propre parti, comme le sénateur Lindsey Graham – qui avait été invité à témoigner – qu’une paix négociée serait avantageuse pour les États-Unis. Lorsque Zelensky a transformé la réunion en séance de débat et a réveillé chez Trump les souvenirs des fausses accusations du « Russiagate » qui ont tourmenté sa première administration, Trump a réagi de manière prévisible.
En effet, quiconque s’intéresse à la paix et à la menace d’une guerre nucléaire devrait féliciter le président Trump. Après tout, si la guerre prend fin et que la Russie retrouve des relations économiques de coopération avec l’Europe et les États-Unis, tout le monde en bénéficiera. Si la guerre et la tentative d’isolement de la Russie se poursuivent, tout le monde en souffrira et la coopération pour résoudre des problèmes communs tels que la dégradation de l’environnement, les migrations massives et la criminalité financière internationale deviendra impossible.
Je ne dis pas cela en tant que partisan de Trump : je n’ai pas voté pour lui et j’ai critiqué la plupart de ses démarches. Mais en ce qui concerne la guerre en Ukraine et les relations avec la Russie, je pense qu’il est sur la bonne voie.
Mes jugements se fondent sur des décennies d’expérience diplomatique dans la négociation de la fin de la guerre froide et sur une connaissance approfondie de l’Ukraine et de la Russie, de leurs langues et de leur histoire. Je suis fier que ma génération de diplomates ait réalisé une Europe entière et libre grâce à des négociations pacifiques. J’ai été consterné qu’une succession de présidents américains et de dirigeants européens aient abandonné la diplomatie qui a mis fin à la guerre froide, abandonné les accords qui ont freiné la course aux armements nucléaires et provoqué une nouvelle guerre froide qui est aujourd’hui devenue brûlante.
Le rétablissement par le président Trump de la diplomatie utilisée par le président Reagan et le premier président Bush pour mettre fin à la guerre froide doit être salué. Le rétablissement d’une communication directe entre les présidents russe et américain est une condition préalable essentielle à tout règlement.
L’agenda annoncé par le secrétaire d’État Rubio et le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov après leur rencontre à Riyad est logique : (1) l’expansion de la capacité diplomatique entre les États-Unis et la Russie, dangereusement érodée par une série d’expulsions mutuelles, (2) la coopération sur les intérêts géopolitiques et commerciaux communs et (3) la fin de la guerre en Ukraine.
Quelques jours avant l’annonce de l’accord à Riyad, le vice-président Vance et le secrétaire à la Défense Hegseth ont fait des déclarations politiques lors de la conférence Wehrkunde à Munich qui ont suscité la colère de certains alliés européens et d’éminents hommes politiques et journalistes aux États-Unis.
En fait, leurs déclarations politiques étaient soit des déclarations de fait (l’Ukraine n’est pas membre de l’OTAN), soit des ajustements politiques qui sont non seulement essentiels pour mettre fin à la guerre, mais qui auraient en fait empêché la guerre s’ils avaient été adoptés par les présidents précédents : l’Ukraine ne deviendra pas membre de l’OTAN ; l’implication américaine directe dans les combats prendra fin ; les États-Unis n’agiront pas pour protéger les forces européennes de l’OTAN déployées en Ukraine.
Si telle avait été la politique des administrations américaines précédentes, la guerre en Ukraine n’aurait pas eu lieu. Il ne s’agit pas de capitulations anticipées ou d’apaisement, comme certains critiques l’ont accusé. Ils s’attaquent aux racines de la guerre.
Le président Zelensky, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer, entre autres, se sont opposés au projet de Trump de négocier d’abord avec la Russie, puis de faire intervenir les autres. En réalité, les négociations bilatérales entre les États-Unis et la Russie ont du sens. L’ancien secrétaire à la Défense Lloyd Austin a sorti le chat du sac lorsqu’il a observé que le but du soutien à l’Ukraine était d’affaiblir la Russie. Cette politique doit cesser si l’on veut qu’il y ait la paix en Europe à l’avenir et elle doit être négociée par les États-Unis et la Russie.
C’est exactement la procédure utilisée par la première administration Bush pour négocier l’unification de l’Allemagne. En 1990, les États-Unis se sont engagés pour la première fois dans des négociations bilatérales avec le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev avant de confier les accords aux quatre autres parties impliquées dans l’unification allemande : la Grande-Bretagne et la France en raison de leurs droits dans les accords qui ont mis fin à la Seconde Guerre mondiale, et les deux États allemands directement concernés. Les autres parties ont été tenues informées de l’évolution de ces négociations et toutes en ont accepté l’issue.
En tant que participant à ces négociations, je peux témoigner que le secrétaire d’État américain James Baker a assuré oralement à Gorbatchev que la juridiction de l’OTAN ne se déplacerait pas vers l’est si les Soviétiques acceptaient de laisser l’Allemagne de l’Est rejoindre l’Allemagne de l’Ouest aux conditions spécifiées par l’Allemagne de l’Ouest. L’approbation soviétique était requise en raison des accords qui avaient mis fin à la Seconde Guerre mondiale. Des documents déclassifiés désormais disponibles montrent également que le Premier ministre britannique, John Major, ainsi que le ministre des Affaires étrangères ouest-allemand, Hans-Dietrich Genscher, ont donné des assurances similaires. En fait, c’était l’idée de Genscher.
Ce sont ces assurances que le président Vladimir Poutine qualifie à plusieurs reprises de promesses non tenues. Même si elles n’ont pas été formalisées dans un traité, il s’agissait de promesses qui ont été rompues. Le président Poutine ne ment pas et ne se livre pas à une propagande sans fondement lorsqu’il affirme cela.
On prétend souvent que la Russie n’a rien à craindre de l’OTAN car il s’agit d’une alliance purement défensive. Oui, elle a été conçue comme une alliance défensive destinée à protéger l’Europe occidentale d’une attaque de l’Union soviétique. Mais après la libération de l’Europe de l’Est et l’éclatement de l’Union soviétique en quinze pays, la Russie n’était plus une menace, ni même une menace potentielle. À la fin des années 1990, l’OTAN a commencé à être utilisée comme une alliance offensive.
Les propositions visant à construire une structure de sécurité pour l’Europe qui protégerait tous les pays ont été tout simplement écartées par les États-Unis et leurs alliés. Aucun ne semblait se demander ce qu’il ferait si la situation était inversée et comment il réagirait à la perspective de bases militaires par une alliance hostile à ses frontières.
Si le comportement américain tout au long de son histoire en tant qu’État indépendant peut servir de guide, la perspective de bases militaires contrôlées par une puissance étrangère à proximité de ses frontières – en fait, n’importe où dans l’hémisphère occidental – a été un casus belli, voire supprimée.
La crise des missiles cubains de 1962 a fourni une illustration de la façon dont les États-Unis réagissent à une menace étrangère perçue. J’étais en poste à l’ambassade américaine à Moscou lorsque l’Union soviétique a déployé des missiles nucléaires à Cuba et j’ai un souvenir très vif de cette crise.
J’ai traduit certains des messages que le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev a envoyés au président John F. Kennedy. Si Khrouchtchev n’avait pas reculé et retiré les missiles, Kennedy aurait attaqué, mais s’il l’avait fait, les commandants locaux auraient pu lancer des missiles nucléaires contre Miami et d’autres villes, les États-Unis répondant par des frappes sur l’Union soviétique. Kennedy a donc conclu un marché : vous retirez vos missiles de Cuba et je retirerai les nôtres de Turquie. Cela a fonctionné et le monde a respiré plus facilement.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a été initiée par le président Poutine parce qu’il croyait, avec raison, que les États-Unis essayaient d’entraîner l’Ukraine dans une alliance militaire hostile. Par conséquent, à ses yeux, c’était provoqué. En 2003, les États-Unis ont envahi, dévasté et occupé l’Irak alors que ce pays ne représentait aucune menace pour les États-Unis. Alors maintenant, comment se fait-il que les États-Unis et leurs alliés mènent une guerre pratiquement déclarée contre la Russie pour des crimes qu’ils ont non seulement commis eux-mêmes, mais qu’ils ont commis avec moins de provocation ? Le pot traite la bouilloire de noir et essaie de l’endommager.
Cela ne justifie pas l’invasion russe en Ukraine. Loin de là. Il s’agit d’une catastrophe pour les deux nations et ses effets se feront sentir pendant des générations, mais les tueries doivent cesser si l’Europe veut relever efficacement les nombreux défis auxquels elle est confrontée aujourd’hui.
Nous ne pouvons pas savoir quel accord le président Trump a en tête ni quelle sera la réaction du président Poutine. Les négociations seront difficiles et probablement longues. Mais le président américain a enfin défini une voie viable vers la paix et le président russe a salué cet effort. Il s’agit d’un début bienvenu d’un processus que les Américains et les Européens devraient soutenir. »