Professeur Cornett le juste

Par Pierre Jasmin, inspiré par Claude Saint-Jarre nouveau membre des Artistes pour la Paix

Ornant un article dithyrambique écrit par Jean-Pierre Durand pour la revue le Patriote sur le professeur Cornett, sa photo choisie par la Société Saint-Jean-Baptiste reflète l’humanité d’un regard rempli de compassion et son goût controversé pour le beau, les couleurs et les arts.

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À la radio étudiante de l’Université de Sherbrooke CFAK 88.3 Émission du 17 mai, on trouvera bientôt deux entrevues du professeur Cornett, menées par l’animateur Claude Saint-Jarre : grâce à ses préparations et ses recherches, nous avons maintenant une haute idée de la riche personnalité du professeur-théologien formé à l’Université du Texas. Son approche dialogique encourage l’autre avec une approche des plus simples : « il n’y a qu’une seule mauvaise question, celle qu’on ne pose pas ».

Il démystifie les sujets en intégrant l’imaginaire, la dimension préférée des Premières Nations, des artistes et des enfants : leur approche sensorielle les préserve de la logique hyper-rationnelle quasi-monopolisée par l’université. Ceci dit, l’enseignement du professeur Cornett privilégie la concentration des élèves, constamment fragmentée par les cellulaires et les réseaux sociaux, mais aussi par le souci paralysant de performer individuellement, qui vient en contradiction avec la confiance en la solidarité et l’entraide communautaires.

La franchise lui semble la condition première d’une éducation qui construit, alors que répéter ce que le professeur dit entraîne traditionnellement de bonnes évaluations. L’outil privilégié par le professeur a été la surprise des rencontres dialogiques, avec des invités très variés qui se succédaient sans ordre apparent, le pianiste Oliver Jones ou la soprano Suzie Leblanc, puis les séparatistes diabolisés par McGill Jacques Parizeau et Lucien Bouchard, mais aussi Preston Manning et son épouse, de même que Charles Gonthier de la Cour Suprême et le Premier ministre Paul Martin. La surprise de cette succession déstabilisait les étudiantEs, afin d’en tirer des réactions authentiques, seules valables à ses yeux exigeants.

Le professeur Cornett leur a proposé d’innombrables lectures, certes, mais a aussi invité Frédéric Back avec ses films sur le St-Laurent ou « l’Homme qui plantait des arbres », deux œuvres optimistes qui incitent à l’action positive : il a été l’inspiration la plus constante de l’action positive des Artistes pour la Paix !

Le professeur privilégie la musique comme message spirituel de toute société, y compris notre société québécoise dont il a documenté la révolution tranquille, rupture du peuple de la mainmise cléricale exercée depuis des centaines d’années, à l’aide d’une solide thèse de doctorat extraordinairement documentée sur Lionel Groulx.

La surprise étant l’élément constitutif de nos vies, pour le meilleur ou pour le pire, tout le film 2009 à l’Office National du Film (allez le voir, visionnement gratuit!) d’Alanis Obomsawim, intitulé «Depuis quand ressent-on l’obligation de répondre correctement au lieu de répondre honnêtement?», fait découvrir le professeur adoré par ses étudiantEs mais fragilisé à la fin par son renvoi injuste et sans explication, même rationnelle, de McGill et par le cancer simultané de son épouse (qui allait hélas en mourir).

Sa visite comme conférencier invité à l’Université de Sherbrooke le 9 mai dernier dans le cadre du 12e colloque international pour étudiant.es du Centre d’études du religieux contemporain de l’Université de Sherbrooke, nous a offert une projection partielle de son film, suivie d’un échange animé par Nathalie Plaat-Goasdoue et le chercheur renommé Jacques Quintin de la Faculté de Médecine. Elle a suscité le vif intérêt de Claude et Pierre, d’où cet article. Détail ajouté: les images de ce film d’Alanis Obomsawin, personnalité des arts extraordinaire à qui les Artistes pour la Paix et Guylaine Maroist ont rendu hommage en 2015 pour l’ensemble de sa carrièrei, furent en partie tournées par ses étudiantEs et principalement par Martin Duckworth APLP2002 et Prix du Québec 2015.

Le 11 mai 2024, deux jours après cette riche rencontre, Pierre a écrit la lettre suivante au recteur de l’Université McGill dont il avait reçu une lettre qui l’avait indigné :

Cher monsieur Deep Saini,

Les Artistes pour la Paix vous demandent respectueusement de ne pas faire intervenir la police contre des étudiantEs dont le noble vœu est de faire arrêter ce que la Cour Internationale de Justice de l’ONU croit évoluer rapidement en génocide. Si ce campement ne respecte pas toutes les règles sanitaires ou autres, notre société – votre université, les médias mainstream et les gouvernements – ne respecte pas la règle principale morale qui est de protéger les vies, en particulier les plus de 25 000 femmes et enfants massacrés par Tsahal sous les ordres irresponsables du gouvernement d’extrême-droite de Nétanyahu, en représailles contre l’action terroriste du Hamas le 7 octobre il y a sept mois. Les protestataires s’attaquent en outre avec raison aux investissements coupables de McGill dans des compagnies militaires telle Lockheed Martin, au moment où le réchauffement climatique démontré par le GIECC (ONU) doit être prioritairement combattu. Quant à votre « ordonnance qui obligera les personnes occupant le campement à le démanteler ainsi qu’à renoncer à camper ou à occuper le campus du centre-ville de l’Université » par intervention de la police, nous croyons qu’elle sera jugée sévèrement par l’histoire dans moins de cinquante ans.

Il y a plus de cinquante ans, le ministre de l’Éducation du Québec m’avait accordé la médaille d’or pour le succès de mes études musicales à McGill (Bachelor and Licentiate of Music 1970). Plusieurs de mes cours suivis l’avaient été auprès de professeurs américains, draft dodgers en fuite des États-Unis pendant la guerre du Vietnam. Leur engagement rapide par votre institution avait constitué une action méritoire et humanitaire, sans compter le rehaussement constaté de la qualité assurée par votre éducation. L’engagement survenu plus tard du professeur texan Norman Cornett en sciences religieuses avait eu le même résultat, comme en fait foi le film 2009 à l’Office National du Film de notre Artiste pour la Paix Alanis Obomsawim intitulé Professeur Norman Cornett : « Depuis quand ressent-on l’obligation de répondre correctement au lieu de répondre honnêtement? »

Vous remerciant de m’avoir écrit, veuillez agréer, monsieur le recteur, l’expression « honnête » de mes sentiments distingués.

Diplômé de cinq autres universités ou conservatoires de cinq autres pays et prof honoraire à l’UQAM.

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