La ville de Gaza filmée par la BBC après des bombardements israéliens répétés
Rauf en deuil de 13 employés de l’ONU tués à Gaza
Le 23 octobre prochain, les Canadiens Douglas Roche[i], auteur de livres marquants sur la bombe nucléaire et un des cinq commissaires de l’Enquête populaire pour la paix et la sécurité 1992 organisée par les Artistes pour la Paix dans sa partie Québec-Maritimes, Ernie Regehr[ii] fondateur de Project Ploughshares et Dre Alexandra Gheciu, professeure de l’Université d’Ottawa et directrice du CÉPI (Centre d’études en politiques internationales), récompenseront Tariq Rauf.
Qui est-il? Distingué membre de Pugwash, du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) et auparavant directeur de la sécurité pour l’Agence Internationale d’Énergie Atomique lors des tractations avec l’Iran pour faire aboutir le JCPoA[iii], Tariq Rauf recevra « en profonde appréciation de son travail international exceptionnel en faveur du désarmement nucléaire, la distinction 2023 du Rassemblement canadien pour une convention sur les armes nucléaires (CNWC) », célèbre surtout grâce au travail acharné de feu Murray Thomson, lui-même célébré à Montréal en 2010 pour son travail de recrutement de plus de mille membres de l’Ordre du Canada pour rappeler à l’ordre le gouvernement canadien (Frédéric Back lui avait alors offert une de ses œuvres).
Apôtre du Traité sur l’Interdiction de l’Arme Nucléaire fièrement brandi contre les neuf possesseurs de l’arme nucléaire Russie, Chine, Inde, Pakistan, Corée du Nord, Israël et trois pays de l’OTAN qui l’échangent avec désinvolture par exemple jusqu’en Turquie à quelques dizaines de kilomètres des terroristes DAECH, Tariq s’est dit à juste titre scandalisé non seulement par le fait que M. Trudeau soit si soumis à l’OTAN qu’il n’a aucune intention de rallier les 93 pays qui ont ratifié le TIAN, mais aussi que dans les représailles israéliennes contre Gaza ayant causé la mort de treize travailleurs de l’ONU, chiffres qu’on craint de voir se gonfler rapidement, pendant deux jours seule la Chine avait eu la délicatesse de transmettre ses condoléances au secrétaire général de l’ONU. L’utopie de l’écrivain Roy racontée dans un vieil article va-t-elle se réaliser ?[iv]
Alliance proposée aux humanitaires
Devant les « raisonnements » qui, dans nos journaux et dans les rangs des manifestants qui hurlent, justifient les bombes, les roquettes et les égorgements de part et d’autre, se peut-il que les pacifistes soient seuls à se soucier des animaux qui errent et des victimes collatérales que sont les travailleurs humanitaires, qui écrivent :
Alors que nous assistons à l’escalade de la violence en Israël et à Gaza, comme beaucoup d’entre vous, à Médecins Sans Frontières (MSF), nous sommes touchés par la souffrance causée par le nombre croissant de personnes mortes, blessées ou déplacées. J’ai entendu la peur et la douleur dans la voix d’un de mes collègues, hier, lorsqu’il a décrit la scène de destruction à Gaza et expliqué que beaucoup de nos collègues, y compris lui-même et sa famille, n’avaient pas d’endroit sûr où aller.
Amnistie internationale est également préoccupée par les attaques répétées contre le poste-frontière de Rafah, sortie étroite au sud de Gaza qui ne s’ouvrirait que vers le désert égyptien. A-i demande à Israël de faciliter la mise en place de couloirs humanitaires pour l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, et d’autoriser le passage en toute sécurité des personnes ayant besoin de soins médicaux en dehors de la bande de Gaza. A-i exhorte donc la communauté internationale à appuyer un accord sur les couloirs humanitaires.
Quant aux travailleurs de l’UNRWA, cet organisme onusien que la ministre Marie-Claude Bibeau avait ramené à une participation canadienne autrefois coupée par le gouvernement Harper sous nos protestations, on l’estime à environ 150 travailleurs en péril; comme ont témoigné des participants provenant du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, ils ressentent « un sentiment d’abandon et de désolation » auquel nous nous identifions en sympathie, tout en étant tellement protégés ici.
Les APLP préfèrent ne pas citer de chiffres, car l’ONU comptabilise les morts palestiniennes se contentant de citer, à titre de repère, le nombre des morts israéliennes que le gouvernement Nétanyahou lui fournit. On peut imaginer que sans eau, ni carburants, ni services sanitaires, ni nourriture tous coupés par Tsahal (l’armée israélienne avide de vengeance), le Secrétaire général de l’ONU craint le pire de ces longues marches désespérées, et c’est pourquoi les Palestiniens manifestent partout dans le monde.
Nous avons écrit des articles pour nous plaindre d’une couverture biaisée de la part des médias : or, miracle, la très jeune Marianne Langlois (est-elle parente avec une de nos préférées à Radio-Canada, Sophie?) fait un article tout en compassion dans le Journal de Montréal du 14 octobre, illustrant le travail d’Amir Khadir unissant deux organisations indépendantes palestiniennes et juives, avec l’admirable Fabienne Presentey à la tête de Voix juives indépendantes Canada. Soulignons aussi le travail patient et rassurant du chef de police Fady Dagher auprès des communautés juives et palestiniennes, en collaboration avec la mairesse Valérie Plante à Montréal.
Pour un suivi objectif des nouvelles de guerre, existe le service PassBlue, un site sans but lucratif animé par des femmes de l’ONU, qui nous a fourni la photo ci-dessous d’une garderie de l’ONU à Gaza en rappelant qu’on a déjà compté plus de sept cents enfants palestiniens morts.
Au Canada, notre amie l’avocate de Calgary Bev Delong continue son travail débuté il y a 40 ans au moins d’informer les journalistes de la tenue de l’événement du 23 octobre, de 4h à 6h30 au 120 University Private à l’U d’Ottawa, pour rappeler au monde qu’il y a des solutions de paix. Car nous voilà à un dangereux moment de l’histoire où, selon les mots d’Antonio Guterres, l’humanité est en danger d’oublier les leçons du passé et les terribles feux de Hiroshima et Nagasaki; un moment où la méfiance a remplacé le dialogue, où la désunion et la compétition remplacent la coopération et la collaboration. Si Tariq Rauf n’a pas eu peur de critiquer le secrétaire général pour son manque de ferveur pour le TIAN, nous les APLP sommes consternés de lire cette semaine dans un hebdomadaire que nous respections autrefois, L’OBS, un éditorial par Pierre Haski intitulé « Comment remplacer l’ONU? ». Il imite servilement la consigne[v] observée chez les éditorialistes de publications contrôlées par le complexe militaro-industriel des pays de l’OTAN. Si on commençait par respecter et faire connaître les travaux de l’ONU, l’UNESCO, l’UNODA, l’OMS, l’UNICEF?.
Tariq Rauf is the former Head of Verification and Security Policy at the International Atomic Energy Agency, and former Director of the Disarmament, Arms Control and Non-Proliferation Programme at the Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI). Among his many appointments, Mr. Rauf has served as consultant and senior advisor to successive Review Conferences of the Treaty on the Non-Proliferation of Nuclear Weapons (NPT), the UN General Assembly’s Committee I (nuclear disarmament), and the Office of the Executive Secretary of the Comprehensive Nuclear-Test-Ban Treaty Organization (CTBTO). Earlier in his career, Mr. Rauf was Senior Research Associate at the Canadian Centre for Arms Control and Disarmament in Ottawa and has served as Expert/Advisor to Canadian delegations to NPT Review Conferences. He is currently a Vienna-based member of the Board of Directors of Atomic Reporters and the International Advisory Council of the International Luxembourg Forum on preventing nuclear catastrophe. He mentors young diplomats in nuclear disarmament topics.
Introduction and award presentation by:
Hon. Douglas Roche, O.C. was a Senator, Member of Parliament, Canadian Ambassador for Disarmament, and Visiting Professor at the University of Alberta. His latest book is Keep Hope Alive: Essays for a War-free World.
Ernie Regehr, O.C. is co-chair of CNWC, Co-Founder and former Executive Director of Project Ploughshares, Senior Fellow at The Simons Foundation Canada, and Research Fellow at the Centre for Peace Advancement, Conrad Grebel University College, University of Waterloo.
[i] La proposition de négociation de paix par le sénateur, traduite par Jasmin
http://www.artistespourlapaix.org/melanie-joly-ecoutez-ceux-qui-parlent-de-paix/
[ii] À partir de la fin, page 6, du rapport suivant, sa proposition de négociation, traduite par Jasmin
http://www.artistespourlapaix.org/affaires-mondiales-canada-alignees-sur-lotan/
[iii] On consultera la partie « Quelques avertissements sur l’instrumentation possible » du document suivant
http://www.artistespourlapaix.org/une-iranienne-emprisonnee-prix-nobel-pour-la-paix-2023/
[iv] Wei Shu par Roy 2021 http://www.artistespourlapaix.org/?p=20727
[v] Livre de Romuald Sciora commenté par http://lautjournal.info/20190308/qui-veut-la-mort-de-lonu
Michel A. Duguay, professeur retraité de l’Université Laval et membre de Pugwash, m’écrit le 17 Octobre 2023, après avoir lu l’article ci-dessus et nous accorde la permission de publier :
Le 15 octobre, à la chaîne RDI de Radio-Canada, les personnalités bien connues Céline Galipeau et Jean-François Lépine ont été interviewées par Guy A. Lepage au sujet de la catastrophe qui sévit sur le territoire de Gaza. Galipeau et Lépine ont tous deux une connaissance approfondie du contexte historique, ayant vécu et travaillé pendant de longues périodes au Proche-Orient. Une déclaration importante faite par Lépine ressemblait à ceci (citation non textuelle) : « Le fait est qu’Israël possède l’armée la plus puissante dans la région, le fait est que la sécurité d’Israël est assurée par les États-Unis et le fait est que les Nations Unies en 1948 ont voté en faveur de la division de la Palestine, alors sous gestion britannique, en deux parties presque égales, l’une pour un État palestinien et l’autre pour un État israélien. Tous ces faits plaident pour que l’Israël actuel assume la responsabilité d’assurer la sécurité et le bien-être de toutes les personnes dans toute la région de ce qui avait été la Palestine.’’
Une autre opinion pertinente sur le même sujet a été publiée le 16 octobre 2023 dans le Journal de Québec par Maka Kotto, ancien ministre de la Culture et des Communications du Québec. Exprimant un point de vue optimiste, Kotto imagine un jour dans le futur où tous les dirigeants de la planète prendront position contre la violence et en faveur du dialogue. Il dresse ensuite le tableau suivant (ma traduction) : « Ces déclarations, bien que symboliques, ont le potentiel de déclencher un mouvement mondial pour la paix, projetant de la lumière même dans les recoins les plus sombres de notre planète. ….. L’avenir est entre nos mains, et choisir la paix est toujours possible.’’
Une autre opinion de poids considérable a été rapportée le 16 octobre dans une déclaration de Wang Yi, ministre chinois des Affaires étrangères. En référence au contexte historique Wang Yi a déclaré : « Cette injustice historique devrait prendre fin le plus tôt possible ». Il a ajouté ce qui suit : « La Chine continuera à défendre la paix et soutiendra la juste cause du peuple palestinien dans sa lutte pour préserver ses droits nationaux. »
Il avait partagé ces opinions avec les professeurs Pugwash du canada anglophone en anglais.