Désarmants Artistes pour la Paix
Chapitre 4
1 – Pro-ONU 2007-2018 !
Les APLP aident en mars 2009 l’Office National du Film à la présentation d’un film-documentaire en première mondiale francophone par le jeune réalisateur canado-polonais, Éric Bednarski, qui montre le cheminement exemplaire du physicien nucléaire Josef Rotblat, créateur du mouvement international Pugwash, suite au Manifeste Einstein-Russell. Le montréalais Gordon Edwards, militant anti-nucléaire mondialement connu, et la directrice de CINBIOSE (UQAM) Donna Mergler sont nos invités d’honneur. Pierre Jasmin, membre de Pugwash depuis 2006, est maître de cérémonie au micro.
2010 : le jour-même de l’inauguration à New-York des pourparlers du TRAITÉ de NON-PROLIFÉRATION (ONU) le 3 mai, les APLP organisent, au Centre Pierre-Péladeau de l’UQAM, un récital Chopin qui marque sur la scène la réunion de trois grands militants anti-nucléaires canadiens (dont deux décéderont avant 2020) : le cinéaste gagnant de deux Oscars Frédéric Back, l’ancien pilote de la Seconde guerre mondiale Murray Thomson qui va rassembler une pétition de MILLE membres de l’Ordre du Canada en faveur d’une convention mondiale antinucléaire et le chancelier de l’UQAM et ex-PDG d’Air Canada, Pierre J. Jeanniot, qui appuie avec le sénateur conservateur Hugh Segal une motion d’abord votée à l’unanimité au Sénat en juin, qui sera reprise par le député NPD Siksay et unanimement appuyée par la Chambre des Communes le 7 décembre 2010.
Le 18 septembre 2013, le magazine Affaires universitaires, alors distribué gratuitement à tous les professeurEs de chaque université canadienne, publie un article en anglais (University Affairs) et en français de cinq pages écrit par Pierre Jasmin assisté par Adele Buckley, présidente de Pugwash Canada, intitulé UNIVERSITES-CANADIENNES-ET-ARMES-NUCLEAIRES-UN-APPEL. L’appel invite les universitaires à militer par leurs articles scientifiques pour mieux faire connaître la dangerosité des armes atomiques.
Nos alliées Raging Grannies sont immortalisées par Magnus Isacsson (qui avait réalisé en 1990 le film d’alerte Uranium avec la militante Buffy Sainte-Marie) et par sa veuve, la cinéaste Jocelyne Clarke, qui achève le film, aidée par Martin Duckworth, militant pour la paix exemplaire, Prix du Québec 2015 et APLP de l’année 2002.
Le 21 avril 2011, un mois à peine après le tsunami de Fukushima, le docteur Michael Dworkind président de la section canadienne de l’Association internationale des Médecins pour la prévention de la guerre nucléaire manifeste sur le boulevard René Lévesque à Montréal avec Gordon Edwards aussi en blouse blanche qui est l’expert nucléaire le plus en demande, puisqu’il a fondé et dirige encore après 60 ans la Canadian Coalition for Nuclear Responsability. Les APLP Daniel Gingras et Pierre Jasmin en sont.
Le 19 octobre 2014, l’émission Second regard de Radio-Canada (qui disparaîtra en 2021, signe des temps, après plus d’un demi-siècle de présence spirituelle), fait paraître, sur le regroupement PUGWASH et son porte-parole francophone Pierre Jasmin, un reportage de vingt minutes du réalisateur Benoît Livernoche qui s’intitule La paix selon Pugwash. Sa sobre facture rappelle le film tourné par l’équipe du Point (Jean-François Lépine – Action de Grâces 1993 – Kateri Lescop, réalisatrice à Radio-Canada) en Croatie-Slovénie sur la Flottille de Paix à laquelle participait le président des APLP filmé par la caméra de Patrice Massenet et enregistré par Serge Bouvier. Cette croisière dans l’Adriatique, organisée par le violoniste Miha Pogacnik qui avait fondé à Chartres l’Institut des Relations interculturelles par l’Art, était constituée de six bateaux peuplés d’une centaine de pacifistes (dont un Casque bleu norvégien en vacances) représentant les premiers civils à pénétrer la Croatie après la cruelle guerre continuant ses ravages en Bosnie. BILD IM ZEITUNG, tirage à trois millions à Berlin, titre : « Bach & Beethoven ont remplacé le bruit des fusils & des canons ». Bon pour le retour des touristes allemands…
Le leader serbe Milosevic sera reconnu coupable d’agressions militaires à Srebrenica et ailleurs par la Cour Pénale Internationale de La Haye.
Lors du Sommet du Forum Social Mondial 2016 tenu à Montréal, le vice-président des APLP lit, en compagnie de madame Stella Whitaker du Brésil, la Déclaration de Montréal pour un monde libéré de la fission nucléaire, rédigée par un groupe guidé par le militant infatigable montréalais du nucléaire, Gordon Edwards.
Initiative courageuse et déterminante du Costa Rica
Le Costa Rica mise depuis 1948 sur un pays sans armée, ce qui lui permet aujourd’hui d’être le premier pays à respecter ses engagements climatiques COP-21. Son ambassadrice, Elayne Whyte-Gomez, rallie le 7 juillet 2017 à l’ONU, 122 pays à son Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires que les APLP appuient aussitôt (le 22 septembre 2022, un 68e pays vient de le ratifier sur 91 qui l’ont signé- ICANW.org Beatrice Fihn).
Or, lors de sa visite à Ottawa à l’invitation des groupes de paix en septembre 2017, l’Honorable Whyte-Gomez est complètement ignorée par le Ministère des Affaires étrangères. Afin de pallier cette grossière inconvenance, après la signature symbolique d’une copie du traité par une sénatrice, une douzaine de députés NPD y compris Thomas Mulcair et la cheffe du parti Vert, Elizabeth May, devant le Parlement d’Ottawa, Pierre Jasmin (APLP, MQP et Pugwash Canada), Debbie Grisdale (Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire) et Steven Staples (Institut Rideau et Ceasefire.ca) encadrent sur la photo suivante l’ambassadrice du Costa Rica, l’Honorable Elayne Whyte-Gomez (elle deviendra ministre des Affaires étrangères de son pays).
Nous sommes appuyés par une centaine de groupes dont ceux-ci :
The African Community Association of Calgary
The Anglican Church of Canada
Les Artistes pour la Paix
Atomic Photographer’s Guild
Brandon/Westman Chapter, Council of Canadians
Canada Peace Alliance/L’Alliance canadienne pour la paix
Canadian Association for Physicians for the Environment
Canadian Coalition for Nuclear Responsibility
Canadian Environmental Law Association
Canadian Federation of University Women
Canadian Friends Service Committee
Canadian Peace Initiative
Canadian Pugwash Group
Canadian Unitarian Council
Canadian Unitarians for Social Justice
Canadian Voice of Women for Peace
Canadians for a Nuclear Weapons Convention
Chilliwack, BC, Council of Canadians
Citizens in Action Montreal
Climate Justice Saskatoon
Committee for Future Generations
Comox Valley Council of Canadians
Concerned Citizens of Renfrew County and Area
Congregation of Our Lady of Sion
Council of Canadians
County Sustainability Group
Cowichan Valley Chapter of the Council of Canadians
Denman Island Peace Group
Développement et Paix/Development and Peace
Edmonton Chapter of the Council of Canadians
Fédération des femmes du Québec
Greenspiration
Group of 78 – Le Groupe des 78
Inter-Church Uranium Committee Educational Co-operative
Inverness County, N.S., Council of Canadians
Kent County NB Chapter, Council of Canadians
Knox United Church, Calgary
National Council of Women of Canada
London, ON Chapter, Council of Canadians
Mission and Social Justice Committee, St. Basil’s Catholic Parish, Ottawa
Montreal Chapter, Council of Canadians
Ontario Clean Air Alliance
Peace Quest Cape Breton
PEI Chapter, Council of Canadians
People For Peace (London, ON)
Peterborough and Kawarthas Chapter of the Council of Canadians
Physicians for Global Survival
Ploughshares Calgary Society
Powell River Chapter, Council of Canadians
Project Ploughshares
Project Ploughshares Saskatoon
Quebec Movement for Peace/Mouvement Québécois pour la Paix
Quill Plains (Wynyard), SK, Council of Canadians
Religions for Peace Canada
The Rideau Institute
Saskatoon Chapter, Council of Canadians
Saskatoon Parklands Eco-left Collective
Saskatoon Peace Coalition
Science for Peace
Sierra Club of Ontario
Sisters of Charity – Halifax
Social Environmental Alliance (Victoria)
Soka Gakkai International Association of Canada
South Niagara, ON Chapter, Council of Canadians
South Shore, NS Chapter, Council of Canadians
St. Andrews United Church, Calgary
St. David’s United Church, Calgary
The United Church of Canada
Ursuline Sisters of Bruno
Vancouver Island Peace and Disarmament Network
Veterans Against Nuclear Arms – Saskatoon
Victoria-Council of Canadians
Westmount Initiative for Peace/Initiative de Westmount pour la paix
Women’s Healthy Environments Network (WHEN)
Women’s International League for Peace and Freedom – Canadian Section
World Federalist Movement – Canada
La décision le 15 décembre 2016 par le gouvernement Trudeau et sa ministre de l’Environnement Catherine McKenna d’interdire la fabrication, l’exportation et l’importation de l’amiante marque la fin, au moins dans un dossier, de l’hypocrisie canadienne. Cette décision n’est pas venue par magie mais par le courage de meneurs politiques qui ont pour la plupart dû hélas quitter la vie politique par choix, telle Me McKenna, peu après ou faute d’être réélus, parce qu’entre le bien commun ou les pseudo-avantages économiques, ils avaient choisi le premier. La militante de Colombie Britannique Kathleen Ruff, honorée par un prix accordé par l’Assemblée nationale du Québec, a salué le courage de militantes telle Louise Vandelac, face à la fourberie très bien financée par l’industrie d’un pseudo-chercheur de McGill qui prétendait le chrysotile inoffensif dans un rapport-bidon qui fut dénoncé par les APLP mais utilisé par le gouvernement Charest qui promettra des dizaines de millions de $ à la mine Jefferey, pour relancer une industrie criminelle, coupable à travers le monde de faire 100 000 morts annuels. Le PQ l’interdira et la ville d’Asbestos sera rebaptisée Val des Sources.
C’était une autre alerte qu’un certain monde anglo-canadien était bien différent des mondes québécois et des Premières Nations, mais heureusement pas les courageux universitaires suivants.
Le colloque uqamien Guerres et écocides 2008 qui avait mobilisé trois grands chercheurs de Pugwash (voir partie 3) lance le Mouvement Sortons le Québec du Nucléaire, qui amènera la fermeture de la centrale Gentilly 2 par le gouvernement Pauline Marois en 2012.
Pour un gouvernement progressiste… / DE : COLLECTIF
Pierre Jasmin, Artiste pour la Paix, Pugwash Canada et Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire; Nancy K. Brown, Mouvement Québécois pour la Paix, Amnistie internationale, LEAP Montréal, Échec à la guerre ; Pascale Frémont, présidente des Religions pour la Paix (Canada); Dr Éric Notebaert, Association Québécoise des Médecins pour l’Environnement; Ginette Charbonneau et Lucie Massé Ralliement contre la pollution radioactive; Michel Duguay, PhD nuclear physics Yale University, professeur en génie électrique Université Laval; Philippe Giroul, Eau-Secours, co-coordonnateur du Mouvement Sortons le Québec du Nucléaire (2008-2013 dont on parlera en 2e partie); Stone Iwaasa, émissaire du Conseil Traditionnel Mohawk de Kahnawake; Nadia Alexan, Action Citoyenne – organisatrice altermondialiste; Phyllis Creighton, Ordre de l’Ontario, conseillère spéciale au Bureau International de la Paix (fondé en 1891); Pascale Camirand, philosophe éthicienne féministe.
Cet article collectif à l’occasion de l’élection fédérale d’octobre 2019 fut écrit avant que le NPD s’accapare le slogan « progressiste » : il lançait à nos membres un appel réaliste à un résultat d’élections reportant au pouvoir un parti libéral, mais MINORITAIRE ET PROGRESSISTE. Depuis le 21 octobre, les provinces aux gouvernements dominés par des intérêts commerciaux mortifères (pétrole, uranium, chantier de navires de guerre… Alberta, Nouveau-Brunswick etc.) avaient pressé Trudeau de continuer ses politiques nuisibles à la planète, sous l’influence corporative bien documentée par Martin Lukacs.
Les signataires de cet article publié par presse-toi à gauche veulent un gouvernement :
a- moins pétrolier
Plusieurs candidatEs de valeur, tant verts que NPD, s’ils avaient été unis, auraient remporté un grand nombre de sièges, par exemple Nimâ Machouf arrivée deuxième derrière l’ancien chef d’Équiterre. La victoire contre elle du Libéral Steven Guilbault s’est néanmoins distinguée par sa propre opposition au projet – encore suspendu par les tribunaux – de tripler la capacité du pipeline TransMountain [il retournera sa veste une fois au pouvoir]. Sa vocation au coût de $7 à $10 milliards est de transporter le pétrole des sables bitumineux, particulièrement toxique en gaz à effets de serres. En s’y opposant aussi, outre la bénédiction symbolique de Greta Thunberg en tête de trois grands rassemblements écologistes à Montréal, Edmonton et Vancouver en moins d’un mois, le gouvernement Trudeau recevrait l’appui en Chambre de 32 députés Québécois gonflés… à Bloc, de trois députés verts dont la jeune recrue de Frédéricton, de néo-démocrates tels Jagmeet Singh et Alexandre Boulerice et paradoxalement, de Jody Wilson-Raybould, réélue comme indépendante.
b– dénucléarisé
De cette courageuse autochtone, ancienne ministre de la Justice libérale, on connaît l’opposition de principe à SNC-Lavalin. On sait moins que cette firme n’a pas seulement « acheté » des despotes étrangers pour ses transactions outre-mer, elle est aussi la compagnie à qui Harper et Trudeau ont confié la gestion partielle du nucléaire civil, notamment, un controversé projet d’entreposage de déchets nucléaires à Chalk River menace les sources d’eaux potables d’Ottawa et de Montréal. Selon l’expert canadien en non-prolifération nucléaire Tariq Rauf [3], la Saskatchewan, seule province productrice et exportatrice d’uranium canadien et fief d’Andrew Scheer, a exporté son uranium, (ir)responsable des bombes nucléaires en Inde et au Pakistan (et peut-être en Corée), en contravention de règlements du Traité de non-prolifération nucléaire (ONU 1970).
c– pour la paix mondiale
Le nouveau gouvernement élu pourrait mériter une étiquette internationale progressiste en appuyant l’ONU d’Antonio Guterres, plutôt que l’OTAN pro-bombes nucléaires qui impose au Canada un budget militaire extravagant et nuisible ; la campagne électorale n’a jamais ouvert de discussion démocratique sur ce sujet, vu nos médias (GAFAM) acoquinés avec le complexe militaro-industriel [4]
Si on salue le courage de cette trentaine de militants représentants de groupes rassemblés par Pugwash et le Réseau canadien pour abolir l’arme nucléaire en septembre 2017 pour encourager les progrès effectués à l’ONU en désarmement nucléaire, on observe qu’ils vieillissent, sans diversité raciale ni linguistique parmi eux. Quand les positions québécoises y seront perçues comme trop radicales par rapport au gouvernement libéral Trudeau-Freeland influencé par Donald Trump, il ne faudra pas s’étonner qu’une fracture idéologique pointe à l’horizon. Voici comment cela se serait passé.
2- Comment Ottawa a choisi l’OTAN
Canada : une politique étrangère féministe en vœu pieux-écran de fumée ?
Le 20 avril 2018, les pacifistes sont conviés par le Gouvernement Affaires Mondiales du Canada à l’édifice Lester B. Pearson à Ottawa, une journée entière appelée dialogue sur la non-prolifération, le contrôle des armements et le désarmement. L’imposition de la règle du Chatham House m’interdit de rapporter exactement les échanges tenus à 97% en langue anglaise, en tout cas de les attribuer aux protagonistes. Trois (en 2017, deux seulement !) Québécois y participent : Martin Larose, du secteur de la non-prolifération et du désarmement, qui a principalement animé la rencontre alors qu’il débarquait d’avion de retour de Chine, Jocelyn Coulon qui n’a pas parlé, laissant son plus récent et célèbre livre Un selfie avec Justin Trudeau illustré par une caricature de Chapleau exprimer ses critiques acerbes de la politique extérieure libérale, et l’auteur de cet article. Il serait négatif de parler de journée de dialogue de sourds, puisqu’elle a amené quelques éclaircissements nécessaires.
Nous félicitons la ministre des Affaires extérieures Chrystia Freeland (non présente) pour son intention d’imprimer une tendance féministe à son ministère. À son crédit, notons la participation le 20 avril de femmes déterminées et articulées telles Angela Veicht et Rosemary McCarney du côté gouvernemental, Erin Hunt (Mines Action–Canada) oeuvrant contre les mines anti-personnel (Traité d’Ottawa, dont le 20e anniversaire n’a été souligné ni par le Premier ministre Trudeau ni par la présence, autrement que sur vidéo, de la ministre Freeland), les bombes à fragmentation (Convention d’Oslo) et les robots autonomes armés, ainsi que Jessica West (Project Ploughshares) dénonçant l’intention du vice-président américain Pence, exprimée à Denver le 16 avril, d’assurer une domination guerrière américaine dans l’espace, une brèche dans la situation actuelle de non-armement favorisée par l’ONU – UNODA. Les idées exprimées avec clarté par ces quatre jeunes femmes auraient pu inaugurer une politique étrangère canadienne assise sur des principes féministes.
Peggy Mason de l’Institut Rideau, avec son franc parler, étonnant de la part d’une ex-ambassadrice au désarmement, a dénoncé des positions reflétant une « toxicité masculine» hantant divers forums tels les sommets de l’OTAN et du G-7, dont les ministres des Affaires étrangères se trouvaient à Ottawa cette même fin de semaine.
Pour ma part, je déplorai qu’on voie peu interagir madame Freeland avec la ministre du Développement international Marie-France Bibeau, la Secrétaire générale de la Francophonie Michaëlle Jean et la ministre des Affaires autochtones Carolyn Bennett, même confrontée par la championne du mouvement Idle no more, notre cinéaste Alanis Obomsawim hommage APLP 2015. Pourquoi la ministre Freeland consacre-t-elle la grande majorité de ses rencontres avec des Américains mâles et semble éviter Elayne Whyte-Gomez du Costa-Rica, Sinam Mohamed, déléguée Kurde de la Rojava, Rigoberta Manchu au Guatemala, Malala Yousufzaï du Pakistan, Arundhati Roy à New Delhi, Ahed Tamimi en Palestine et les représentantes des communautés yéménites, rohingyas, hazaras, catalanes etc ?
On nous répond que les médias donnent cette impression par leurs choix éditoriaux, car en réalité, la ministre avait bel et bien rencontré la « ministre culturelle » des Kurdes (même si on n’a pas spécifié s’il s’agissait bien de madame Sinam Mohamed en visite depuis une semaine et demie au Canada) et l’ambassadrice du Costa-Rica, qu’elle a, dans le cadre de l’affirmation de sa politique étrangère féministe, la ferme intention de rencontrer à nouveau dans un futur rapproché, information qu’on prend soin de venir privément me chuchoter à l’oreille (Pourquoi ? Pour que les médias n’entendent pas ?).
Nous réagissons aussi face à l’envoi de militaires canadiens en Afrique, en exigeant qu’objectifs et modalités propres aux opérations de paix de l’ONU soient respectés. Car la veille de l’envoi d’un contingent à forte participation féminine de Casques Bleus canadiens au Mali, le gouvernement compromet son succès en ne dénonçant pas l’accent mis jusqu’à présent sur l’OTAN (bombardements catastrophiques en Libye et en Afghanistan, envois d’armes en Ukraine et de troupes en Lettonie), objet d’inquiétude légitime des groupes de paix, à la vue de la France qui s’implique militairement au Mali avec des opérations agressives à la barkhane : des pressions transparaissent hélas en ce sens militariste de la rencontre Trudeau-Macron du 16 avril. L’évolution du Mali l’amène aujourd’hui à être inconditionnellement pro-invasion russe de l’Ukraine à l’ONU, en ressentiment contre les interventions occidentales.
Bev Delong, présidente du Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire, avait pris soin de réunir ses troupes toute la journée du 19 avril 2018 ayant débuté par un brillant discours de l’ex-sénateur Douglas Roche, celui-là même qui avait dirigé avec quatre autres commissaires l’Enquête populaire sur la Paix et la Sécurité de 1992 ignorée par l’actuel ministre libéral de la Défense. Seize pacifistes, dont Murray Thomson O.C., Metta Spencer, éditrice du trimestriel Peace Magazine et membre exécutive de Science for Peace, Robin Collins et Earl Turcotte du Groupe 78 et l’auteur de ces lignes participent à la rencontre, afin d’assurer de futures lignes d’action commune. Une douzaine d’entre nous avions donc participé à la journée du 20 avec pour mot d’ordre de rappeler constamment l’illogisme nucléaire du gouvernement Trudeau, même si 85% des discussions du jour furent enrichissantes, rappelant le travail accompli internationalement par les vérifications canadiennes (Vishal Kapur, Angela Veitch) sur les essais nucléaires, i.e. ceux de la Corée du Nord trahis par des relevés sismographiques. D’ailleurs, peu d’intervenants pacifistes croient que Kim Jong-un saborderait ses armes nucléaires, surtout à la suite de l’assassinat de Kadhafi par les Américains peu après qu’il ait laissé tomber ses plans d’acquisition de l’arme nucléaire. Ma toute dernière intervention vers 17 heures dénonça la position pro-nucléaire du Canada (et ce sera la fin du dialogue, puisque l’année d’après en 2019, the Global Affairs voudront nous imposer leurs sujets, menant à notre refus solidaire à tous de participer à la rencontre). Le gouvernement Trudeau dénonce le TIAN, sous prétexte qu’aucun des neuf pays armés de bombes nucléaires n’y a adhéré, ce à quoi je soumets qu’en décembre 2017 nous étions parmi la centaine de manifestants, auxquels s’étaient joints la mairesse de Montréal Valérie Plante et Sophie Grégoire Trudeau venue d’Ottawa, honorant sur le Mont-Royal la mémoire des quatorze polytechniciennes assassinées, appuyant une interdiction de ventes d’armes de destruction peu massives et personne au gouvernement ne s’était alors objecté, sous prétexte qu’aucun membre de la NRA ne s’y était joint…
Points majeurs de friction
Le fait que le ministère des Affaires étrangères tergiverse face à la ratification du Traité de commerce des armes – ONU suscite nos critiques, commençant par la honteuse exportation vers l’Arabie Saoudite de véhicules blindés à 15 milliards de $ et les autres inacceptables exemptions que le Canada cherche hélas à inscrire au Traité, critiquées par Earl Turcotte du Groupe 78 et Cesar Jaramillo et Jessica West de Project Ploughshares. Un membre de la direction des politiques et opérations des contrôles à l’exportation a pris soigneusement en note ma référence au reportage du 16 avril qui a critiqué avec raison la position du ministère (Marc Godbout Téléjournal – Radio-Canada).
La recommandation que le Canada quitte l’OTAN, appuyée la veille par Murray Thomson (Convention sur les armes nucléaires, signée par mille membres de l’Ordre du Canada), ainsi que par Judith Wouk et Phyllis Creighton, toutes deux de Voices of Women, est endossée par la grande majorité des pacifistes québécois; rappelons qu’elle avait été formulée en 1969, par nuls autres que le Premier Ministre Pierre Elliott Trudeau, avec ses ministres progressistes du Québec, Éric Kierans et Gérard Pelletier.
Le comité de direction du Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire est vivement préoccupé du nouveau Rapport sur les agressions russes en Ukraine, Moldavie et Géorgie par le Canadian House of Commons Standing Committee on National Defence (NDDN) dont notre allié, le professeur de l’Université de Waterloo Ernie Regehr [2], a fait une sévère critique, déplorant qu’aucun analyste objectif n’ait été appelé à contrebalancer son contenu propagandiste, d’autant plus déplorable qu’on peut hélas compter sur la ministre des Affaires extérieures Chrystia Freeland pour en rajouter sur l’agressivité antirusse. Le Ministère de la Défense cherche-t-il seulement à justifier l’achat onéreux des F-18 australiens qui commencent à atterrir en sol canadien et surtout les 60 milliards de $ pour des navires de guerre Lockheed Martin/Irving ?
La série de décisions malheureuses par la diplomatie canadienne la transforme en courtisane de l’OTAN et même de Donald Trump (voir partie 3) et pourrait mener jusqu’à la mort de l’ONU au profit de l’OTAN guerrière.
Dans la foulée de la condamnation au Québec des Casques blancs de la Syrie de James Lemesurier subventionnés par Chrystia Freeland, Pierre s’adresse par courriels à plusieurs Québécois anglophones proches de Pugwash: “you will find in annex the position on nuclear weapons by Pugwash international as conveyed in New York on the 9th of October 2018. It seems a much more realistic position than the hundredth (surely there are more…) attempt by Pugwash Canada and CNANW to influence an illusory NATO change of mind about nuclear bombs, despite my opposition when we met on September 30th and October 2nd in Ottawa. My reason was that we should not DEAL with NATO, period: it is a militaristic tool that we should aim to abolish or have Canada leaving it. Our democratic ways should not make us reconsider the past, it should just pave the way for a better future.” To the Pugwash Canada’s vice-president: I truly considered quitting our Pugwash group after reading on our site your position on NATO as an official vice-chair, which contradicts all that Phyllis Creighton and I have written in the last months. You know that I cannot go on representing Québec pacifists on our board, if our official texts seem to endorse NATO. Since Doug Roche wrote me a generous acknowledgment that my position is one by a Canadian whom he truly respects, since Ken generously accepted to publish my article on Nobel prizes and since Walter Dorn and you are pushing for a Blue Helmets’ alternative to NATO, I reconsidered my further involvment.
Cher Pierre,
Combien j’apprécie votre contribution au débat qui a lieu entre les membres de Pugwash concernant le rôle de l’OTAN dans le monde complexe d’aujourd’hui. On ne doit pas accepter chaque point soulevé dans ce débat pour apprécier un fait essentiel: bien que l’OTAN ait des perspectives différentes, il est essentiel que l’OTAN cesse d’être agressive dans ses relations avec la Russie et aide à construire un système de sécurité mondial sans armes nucléaires. Je considère que votre voix dans ce débat est extrêmement importante. Si tous les Canadiens travaillaient ensemble, nous pourrions faire davantage pour inciter le gouvernement du Canada à prendre des mesures courageuses en faveur de la paix. Je vous remercie.
Hon. Douglas Roche, O.C.
Au groupe 78, Pierre écrit : « Non, on ne peut pas croire à la réforme de l’OTAN, un organisme militariste qui fait pression sur tous les gouvernements adhérents pour hausser de 2 à 3% du PIB leurs dépenses militaires à des niveaux absurdes (le cas de la Grèce en banqueroute est flagrant), quand nos citoyens défavorisés végètent dans des conditions inacceptables. Notre position est ferme : sortons le Canada de l’OTAN. Et non, nous ne croyons plus à la Responsabilité de protéger (R2P) qui sous un prétexte humanitaire fait une politique colonialiste. L’UNEPS, la Standby High-Readiness Brigade et le RDMHQ, en validant l’usage d’armes létales dans les opérations de l’ONU, risque de la faire tomber dans une exploitation par les mêmes systèmes d’influence du complexe militaro-industriel. Pour nous, il n’y a pas de choix épineux entre un monoréacteur et un biréacteur pour les avions de chasse : nous les éliminerions! Car nous croyons, grâce à notre amitié avec l’officier Walter Dorn membre de Pugwash, en la mission fondamentale des Casques Bleus, à qui les progrès technologiques récents (radars de communication avec les communautés menacées par des militaires) permettraient d’éviter les horreurs du Rwanda. »
Les dissensions seront vives pendant la pandémie COVID-19, avec le racisme de Trump à l’égard du président de l’Organisation Mondiale de la Santé, Dr Ghebreyesus, élu par 133 pays sur 185 contre le candidat blanc favorisé aussi par le Canada et la Grande-Bretagne : on l’accuse sans preuve d’être proche des Chinois et communiste, afin d’ignorer longtemps ses alarmes mondiales de santé. Même le Québec sera influencé par Trump, en confiant sa politique anti-COVID à la firme américaine McKinsey, plutôt qu’à l’OMS et à sa porte-parole québécoise Dre Joanne Liu : à titre d’ancienne présidente des Médecins sans frontières, elle avait fermement condamné l’OTAN qui avait bombardé ses deux hôpitaux en Afghanistan et au Kurdistan, en n’acceptant pas les excuses du président Obama qui refusait de se distancer de l’OTAN à qui elle avait pourtant communiqué les emplacements exacts de ses établissements. Malgré le drame des vieillards en CHLSC, le Québec du gouvernement Legault avec Christian Dubé se tirera de la pandémie avec des résultats somme toute relativement honorables.
Chaude partisane de l’OTAN armée de bombes nucléaires, Chrystia Freeland réagit très froidement à l’attribution du Prix Nobel de la Paix 2017 à la directrice d’ICANW.org, Beatrice Fihn qui choisit notre respectée collègue – membre honoraire de Pugwash Canada votée par Pierre Jasmin et Sergueï Pletnikov (évacués peu après du comité exécutif…)- la torontoise et survivante de la bombe atomique Hiroshima, l’hibakusha Setsuko Thurlow, pour recevoir le prix avec elle à Oslo des mains du roi de Norvège le 11 décembre 2017. Trudeau refusera toujours de rencontrer cette deuxième canadienne (après Pearson) à recevoir un prix Nobel de la paix !
Dès 2014, madame Thurlow avait répondu à l’Appel humanitaire contre les bombes nucléaires lancé par le ministre autrichien des Affaires étrangères devenu en octobre 2017 chancelier de l’Autriche à 31 ans, Sebastian Kurz, du parti de droite ÖVP : révélateur que même la droite se convertissait à la militance antinucléaire (mais la droite reste la droite quand un sombre dossier financier l’exclura de la présidence).
Madame Thurlow écrira en vain sous ma recommandation le 19 août 2018, comme on l’a lu, aux mairesses Valérie Plante (Montréal) et Vicki–May Hamm (Magog) devenue alors présidente de la Fédération canadienne des Municipalités pour les encourager à militer contre l’arme nucléaire.
Le zèle pro-ONU des Artistes pour la Paix les conduit à organiser avec l’aide de Dimitri Roussopoulos et de Black Rose Books un événement en septembre 2019.
Un mois avant l’élection fédérale 2019, Convergence 21 septembre mobilise pacifistes, féministes et progressistes à l’occasion de la Journée Internationale de la Paix (ONU) : Hommage posthume à Murray Thomson (1922-2019), discours de la Docteure Mary-Wynne Ashford venue de Colombie Britannique et de Dr Michael Dworkind tous deux membres de International Physicians for the Prevention of Nuclear War Canada (IPPNWC), du chercheur associé à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS France) Romuald Sciora co-auteur de Qui veut la mort de l’ONU ?, de la grande économiste de réputation internationale Kari Levitt-Polanyi et de l’artiste pour la paix Pierre Jasmin sur la campagne Don’t Bank on the Bomb avec les chiffres des centaines de milliards de $ que les banques canadiennes investissent dans les bombes nucléaires américaines: ces discours introduisent celui de Ray Acheson, Reaching Critical Will pour la Women’s International League for Peace and Freedom et ambassadrice à New York de la Campagne internationale pour l’abolition de l’arme nucléaire (ICAN.org).
La dénonciation des effets sur la santé des bombes nucléaires par la Croix Rouge (Croissant Rouge), organisme toujours très réticent à s’engager sur le terrain politique, a produit une démonstration scientifique que toute guerre nucléaire aurait des conséquences dévastatrices qu’aucun programme d’urgence, même endossé par des milliers et des milliers de médecins ne saurait soigner.
Cet engagement s’ajoute à l’opinion de la Cour de Justice Internationale condamnant les effets disproportionnés sur l’environnement et les populations civiles des bombes nucléaires et que le seul fait de menacer de s’en servir représente un crime punissable contre l’humanité, selon le Dr John Burroughs, bureau des Nations-Unies, Association internationale des Juristes contre les Armes Nucléaires.
Septembre 2022 : Sachant que le projet GNL-Québec représente une pollution équivalant à celle de trois millions de véhicules à essence, nous félicitions le nombre et la qualité des articles publiés par DES UNIVERSITAIRES [groupe saboté par l’Université Laval depuis] pour dénoncer l’absurdité de ce projet de gazoduc nocif pour le Saguenay et la planète entière; n’oublions pas non plus le travail du Collectif scientifique sur la question du gaz de schiste et les enjeux énergétiques au Québec (CSQGDS), animé par nos collègues uqamiens Lucie Sauvé et Marie Saint-Arnaud.
Aurions-nous réussi à convaincre le représentant des hommes d’affaires et des Chambres du commerce, M. François Legault, seulement avec des arguments scientifiques, aussi logiques et probants soient-ils ? Félicitons-le tout de même de cette décision difficile à laquelle a dû contribuer son éloignement de l’influence de Pierre Fitzgibbon et de celle des réseaux sociaux qui fractionnent les questions de société en opinions individuelles basées sur des émotions éloignées de la vérité scientifique.
La victoire a aussi été remportée par la jonction heureuse de…
■ de trois partis d’opposition démocrates : bravo particulier au député péquiste Sylvain Gaudreault [hélas démissionnaire], à Ruba Ghazal de Québec Solidaire et même à Dominique Anglade, du parti libéral revenu de l’époque toxique Jean Charest;
■ de jeunes écologistes réunis en diverses coalitions étudiantes ou travaillant chez Nature Québec dont nous avions reproduit le communiqué :
Le gouvernement Legault rejette enfin le projet GNL Québec! C’est une belle victoire pour la protection du climat, de la vie maritime dans le fjord du Saguenay et tout particulièrement pour le béluga du Saint-Laurent. Grâce à vous, nous avons été plus de 120 000 Québécois-e-s à signer une pétition contre ce projet. Nos voix se sont ajoutées à celles des 54 associations étudiantes, représentant près de 360 000 étudiant-e-s, à celles de plus de 648 scientifiques, incluant 250 médecins et professionnel-le-s de la santé, de 40 économistes, de plus de 60 groupes de la société civile, de trois communautés innues et de tous les partis d’opposition du Québec. Cet effort collectif sans précédent a culminé lors des consultations publiques du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) qui a connu une participation historique avec le dépôt de plus de 2500 mémoires, dont plus de 90% s’opposaient au projet. Le tout a mené à un rapport dévastateur du BAPE que le gouvernement ne pouvait tout simplement pas ignorer.
■ de journalistes honnêtes tel Alexandre Schields du DEVOIR;
■ d’Artistes pour la Paix pour qui la paix ne se résume pas à l’absence de guerre mais à un monde libéré d’industries polluantes qui empêchent de goûter la nature;
■ et de la probité remarquable et constante du peuple Innu qui non seulement a refusé les avantages financiers qu’on lui faisait miroiter mais s’est prononcé contre GNL-Québec avec force, plantant ainsi un dernier clou dans le cercueil du projet. Ils ont écrit : « Le conseil de la Première Nation des Innus Essipit, Pekuakamiulnuatsh Takuhikan (Première Nation des Pekuakamiulnuatsh) et le conseil des Innus de Pessamit émettent un avis fortement défavorable face au projet de construction d’un complexe de liquéfaction de gaz naturel à Saguenay par GNL Québec. Essipit et Pessamit sont situées sur la Côte-Nord et Mashteuiatsh au Lac-Saint-Jean. Le projet, par le tracé de son gazoduc et par l’exportation du gaz naturel liquéfié par le Saguenay, se trouve sur leur territoire ancestral commun. »
À la relance incongrue du Premier ministre Legault de projets non spécifiés de barrages électriques (sur quelles rivières ?), les APLP répondent après son élection en le priant de revoir la nouvelle mouture de J’aime Hydro avec notre APLP de l’année 2021 Christine Beaulieu et aussi Sophie Brochu, et de consulter Ghislain Picard, chef des premières Nations du Québec et du Labrador.
Voici un rappel de notre document sur lequel Pierre Jasmin avait beaucoup travaillé en 2017 : Pour une paix juste et durable et la solidarité entre les peuples
Le Mouvement québécois pour la paix (MQP) plaide pour un pays fondé sur les principes du droit international, sur la Charte de l’ONU et sur la coopération internationale. Ses bases idéologiques sont :
- le respect mutuel et la coexistence pacifique entre États souverains;
- le règlement des conflits par la négociation, non par l’option militaire;
- le respect des résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU où les deux tiers des pays membres réclament l’interdiction des armes nucléaires;
- le droit des peuples à l’autodétermination, sans ingérence étrangère;
- la solidarité entre les peuples dans leurs luttes multiformes pour l’égalité, le progrès et la dignité;
- les droits universels de la personne et l’égalité entre les sexes.
Le MQP rejette la démagogie « humanitaire » de faire la guerre au nom de la «Responsabilité de protéger» les civils, ce qui a pour effet de pénaliser les femmes et les enfants, les plus grandes victimes des guerres. Le procès de Nuremberg ayant clairement établi « les guerres d’agression comme génitrices de tous les crimes », on le constate notamment par l’impérialisme USA/OTAN et par le terrorisme islamiste/Al-Qaïda.
Afin d’écarter la menace d’une Troisième guerre mondiale possiblement nucléaire, le MQP exige du Canada une Politique étrangère et de défense responsable et appelle donc :
- au retrait du Canada de l’OTAN et du NORAD;
- à son refus de s’impliquer dans toute guerre d’agression;
- à la mise au rancart de tout projet d’achat d’avion chasseur d’attaque Super Hornet de Boeing ou F-35 de Lockheed Martin/Northrop Grumman/BAE;
- à l’annulation de la construction par Irving/Lockheed Martin de frégates d’attaque équipées de lance-missiles qui viseraient le Venezuela et Cuba;
- à l’annulation du contrat des véhicules blindés ontariens vendus à l’Arabie Saoudite et de tout autre contrat militaire pour tout pays impliqué dans une guerre d’agression;
- au retrait des militaires canadiens en poste à l’étranger, sauf les Casques Bleus sous mandat approuvé aux 2/3 par l’Assemblée générale de l’ONU;
- à la signature immédiate par le Canada du Traité d’interdiction des armes nucléaires (ONU);
- à l’interdiction de la militarisation de l’espace et à la promotion du désarmement universel;
- au démantèlement progressif du complexe militaro-industriel.
Nous appelons au transfert progressif du budget de la Défense du Canada (plus de 20 milliards de $ par an) vers :
- les transferts aux provinces, afin de rétablir les programmes sociaux durement frappés par l’austérité,
- l’aide au développement des Premières Nations,
- l’aide aux nations persécutées – Kurdes, Palestiniennes, Rohyngias …,
- un financement à 0.7% du PIB canadien d’une véritable aide au développement international, présentement trop liée aux intérêts économiques du capitalisme canadien (minières, etc.),
- les conditions et infrastructures d’un mode de vie écologique.
La violence et la guerre ne sont jamais des solutions. Nous avons vu leurs conséquences horribles en Afghanistan, en Libye, en Syrie, en Iraq et en Amérique latine ainsi qu’en Afrique et en Asie (Vietnam, Cambodge, Timor oriental, Philippines…). À la source de tous les problèmes, elles servent à renforcer la domination sexiste, raciste et néo-libérale sur les groupes ou peuples en lutte pour l’équité et la justice.
Le MQP est solidaire des femmes, travailleuses et travailleurs, personnes sans emploi, aîné-es, paysan-nes, étudiant-es, artistes, personnes soutenues par le bien-être social. Cette énumération non exhaustive veut illustrer l’engagement de tous ceux et celles au premier rang de la lutte contre la guerre, la militarisation, l’extractivisme et les injustices, au Canada et dans le monde.
Oui à la paix, oui à la justice sociale et oui à la solidarité internationale !
Ce manifeste fondateur du MQP a été adopté samedi le 13 mai 2017 à midi, lors d’une réunion tenue à Montréal au Centre des travailleuses et travailleurs immigrant-e-s avec le groupe Femmes de diverses origines, à partir de textes soumis par Marie Boti, Malcolm Guy, Pierre Jasmin, Jooned Khan et Bill Sloan et mis à jour ultérieurement.
L’ONU aurait un besoin vital de l’argent gaspillé par l’OTAN
Le 28 mars 2017, notre article relate l’influence bénéfique de l’ONU pendant 41 ans sur le Canada (1957-1998) pour dénoncer ensuite les pressions de l’OTAN en faveur de budgets militaristes dans les 21 dernières années (article déposé sur le site de Pugwashgroup.ca mais raccourci plus tard sans la permission de son auteur), matérialisant la crainte suivante du général-président Eisenhower : « Nous devons prendre garde à l’acquisition d’une influence illégitime, sollicitée ou non, par le complexe militaro-industriel. Le risque d’un développement désastreux d’un pouvoir usurpé existe et persistera ». « Où va le Canada après 41 ans d’ONU et 18 ans d’OTAN ? » pose des questions légitimes. Plus jeune que les puissances européennes et moins gros que les États-Unis, le Canada a la liberté de choisir, au lieu d’emprunter les voies du militarisme et du colonialisme, de travailler pour le bien commun mondial et la démocratie, non pas celle fondée sur les froids calculs économiques des entreprises et des 1 %, mais celle agissante qui s’inscrit dans la perspective des droits humains et de la compassion.
Quelques exemples non exhaustifs :
■ Prix Nobel de la Paix 1957, Lester B. Pearson fonde les Casques bleus de l’ONU;
■ En 1957 aussi, accueil en Nouvelle-Écosse par le Canadien Cyrus Eaton des Conférences mondiales Pugwash pour la science et les affaires mondiales qui recevront le prix Nobel de la Paix en 1995 pour leurs efforts à contrer la menace globale nucléaire;
■ En 1961, fondation de l’Institut canadien de recherche pour la paix (CPRI);
■ En 1963, Diefenbaker s’oppose à l’acquisition d’armes nucléaires par le Canada;
■ Grâce à des investissements généreux en faveur de la science et des arts, EXPO67 Terre des Hommes fait rayonner de Montréal une vision mondiale de solidarité;
■ En 1975, la Charte des droits et libertés de la personne du Québec (Jacques-Yvan Morin, co-auteur) suit de 27 ans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme;
■ En 1978, Pierre-Elliott Trudeau entreprend son audacieuse stratégie de « suffocation des armes nucléaires » à l’ONU; avec SALT II, elle aurait été responsable de la réduction du nombre de 70 000 bombes américaines et russes aux 15 000 actuelles;
■ En 1984, à partir des Performing Artists for Nuclear Disarmament (Belafonte & Ullman), se forment les Artistes pour la Paix sous la présidence de Jean-Louis Roux;
■ En 1990, contre l’avis des Thatcher et Reagan, Brian Mulroney obtient la libération de Nelson Mandela; emprisonné depuis 27 ans, devenu symbole de la résistance populaire, le futur président de l’Afrique du Sud vaincra l’apartheid;
■ En 1995, le général canadien De Chastelain que les APLP rencontrent entreprend en Irlande du Nord le désarmement des milices paramilitaires (Ian Paisley/Gerry Adams) et avec l’aide de Mairead Maguire (Prix Nobel de la Paix 1976) obtient la paix à un coût dix mille fois inférieur aux absurdes expéditions guerrières canadiennes envoyées par Harper en Afghanistan (dont on constate l’affligeant spectacle actuel des famines et persécutions de femmes dans un pays dévasté par la guerre contre les Talibans, alors que Pugwash avait entrepris les premières démarches de paix à Doha au Qatar);
■ En 1997-8, Chrétien instaure le traité d’Ottawa contre les mines anti- personnel (Prix Nobel de la Paix 1997) et favorise l’émergence de la Cour Pénale Internationale de La Haye (1998) avec son cofondateur et premier juge, le diplomate Canadien Kirsch, pour qui Jasmin interprète à sa demande, pour sa remise de doctorat, la sonate dédiée par Beethoven au comte Waldstein, protecteur de Ludwig et philosophe des Lumières.
■ En 2013, prix Nobel de la paix décerné à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OPCW, en anglais), en particulier au militaire canadien Scott Cairns qui supervise en Syrie le démantèlement de l’arsenal chimique du tyran Bachar al-Assad; hélas, l’organisme indépendant de l’ONU sera soumis à des pressions des deux côtés;
■ En 2015, l’Élan global.org au Québec et le Leap manifesto de Naomi Klein élaborent un plan écologique viable pour la Conférence de Paris sur le climat;
■ En décembre 2016, la Fondation Michaëlle-Jean, dirigée par Jean-Daniel Lafond, organise au Musée des Beaux-Arts de Montréal et ailleurs dans le monde des expositions d’artistes musulmanes, afin de contrer l’islamophobie, aussi dénoncée le 23 mars par tous les députés libéraux, néo-démocrates et le Parti vert (M-103 par la députée Iqra Khalid);
L’Institut International de Recherche sur la Paix de Stockholm (SIPRI) a vu deux Canadiens, Tarik Rauf et Aude-Emmanuelle Fleurant, diriger ses programmes de désarmement nucléaire et celui sur les dépenses militaires mondiales;
■ 1000 membres de l’Ordre du Canada (Canadiens pour une convention sur les armes nucléaires), rassemblés par le Pugwashite émérite Murray Thomson, demandent au gouvernement canadien de se joindre à 135 pays, 7000 Maires pour la Paix (organisme basé à Hiroshima) et au Secrétaire général de l’ONU qui entreprennent de négocier l’abolition de l’arme nucléaire à partir du 27 mars 2017.
18 ans avec l’OTAN
On se souvient que le président George W. Bush et son vice-président Dick Cheney ont envahi l’Irak, ayant écarté l’avis de l’ONU (Hans Blix) à savoir que le despote Saddam Hussein n’avait pas d’armes de destruction massive. La société civile, en particulier québécoise, proteste avec deux manifestations d’un quart de million de personnes à Montréal, la première contre la guerre d’Irak en 2003.
L’arrivée au pouvoir de Paul Martin et de ses amis du complexe militaro-industriel de Toronto n’empêchera pas Stephen Harper de prendre le pouvoir et de saboter l’ONU en endossant les guerres de l’OTAN. La seconde manif pour un printemps érable en 2012, la même année que démarre le mouvement idle no more des Premières Nations, suit les bombardements de l’OTAN, commandés par le général canadien Charles Bouchard sur la Libye en 2011, provoquent la tombée des armes du tyran Kadhafi entre les mains de milices islamistes qui ont l’appui de l’Arabie Saoudite salafiste, armée par Harper de véhicules blindés. Bouchard est nommé, peu après en récompense de ses exploits qui provoqueront la mort chaque année de milliers d’Africains, représentant de Lockheed Martin (Canada), fabricant américain de bombes nucléaires et de F-35. Toutes ces guerres commanditées par le complexe militaro-industriel de Toronto déchirent encore non seulement l’Afghanistan, l’Irak, la Turquie avec ses Kurdes mais aussi tout le Moyen-Orient et conséquemment l’Occident désemparé qui réagit face à la marée de malheureux réfugiés de guerre par du populisme, un rejet islamophobe et du fascisme (Hongrie, Italie, Pologne).
Courte valse-hésitation de Justin Trudeau
Les premiers gestes de Justin Trudeau au pouvoir seront de confiner les bombardiers canadiens au sol en Irak, d’accueillir généreusement des milliers de réfugiés syriens et de surfer sur le plan écologique viable de la société civile, l’Élan global.org au Québec et le Leap manifesto de Naomi Klein en vue de la Conférence de Paris sur le climat. Mille membres de l’Ordre du Canada (Canadiens pour une convention sur les armes nucléaires), rassemblés par le Pugwashite émérite Murray Thomson, demandent au gouvernement canadien de se joindre à 135 pays, à 7000 Maires pour la Paix et au Secrétaire général de l’ONU Antonio Gutterres qui entreprennent de négocier l’abolition de l’arme nucléaire à partir du 27 MARS 2017 À NEW YORK.
Mais Trudeau, inféodé à l’OTAN :
■ boude le processus de négociation d’un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires;
■ laisse les pipelines canadiens envahir des territoires autochtones avec du pétrole de sables bitumineux, qu’il subventionne scandaleusement à coups de milliards de $, même s’il aggrave le réchauffement climatique;
■ se laisse manipuler par sa ministre russophobe des Affaires extérieures Chrystia Freeland et son ministre de la Défense Harjit Sajjan influencé par Donald Trump qui souhaite l’engager dans de coûteuses dépenses militaires, encore évitées par le budget du 22 mars.
On tentera en vain de l’en dissuader en participant le 10 avril à la réunion convoquée à Ottawa par la Direction de la non-prolifération et du désarmement des Affaires mondiales.
En 2020, un sommet de l’ONU de deux jours, énonce une politique humanitaire anti-nucléaire acceptée par 140 pays des Nations-Unies, boycottée par trente pays, dont les 27 de l’OTAN, y compris hélas le Canada.
De la plus conciliante des membres du CNANW à propos de mon impatience (aux lecteurs d’en juger), je recevrai le message suivant : “Pierre, [yours] is a very aggressive call on the Government Of Canada to suggest they request the start of negotiations on a Fissile Materials’ Treaty in 2018. All they want to do is continue preparatory talks, now in process, not negotiations. So it won’t be understood by them as simply confirming their existing work, although we did want to say something positive as well about their work (there are very few people in the Division and they do seem to be overworked.)”
Tout était en place pour les décisions négatives guerrières 2019-2022.
L’élection de Donald Trump renverse tous nos beaux projets. Et le Canada anglais restera plus « british » qu’on ne l’avait envisagé. L’unité canadienne antinucléaire sera brisée par des complices infiltrés de l’OTAN.
Lettre à la ministre des Affaires étrangères du Canada,
l’Honorable Mélanie Joly
par le nouveau conseil d’administration des Artistes pour la Paix
28/06/2022 journée montréalaise de protestations pancanadiennes contre l’OTAN
L’art est-il au-dessus de la politique ? L’artiste, lui, est dedans jusqu’au cou, qu’il le veuille ou non. Le mouvement auquel plusieurs artistes ont choisi de s’identifier s’appelle Artistes pour la Paix, œuvrant en faveur de la paix et du désarmement depuis 1984, grâce à un C.A. élu démocratiquement par une assemblée générale annuelle : celle du 10 juin 2022, tenue à l’Atrium du Conseil des Arts de Montréal (photo ci-dessus) a nommé ses représentants qui ont l’honneur de vous écrire aujourd’hui. Une culture dominante, désignée par Noam Chomsky comme consentement tacite à un ordre fabriqué, a érigé un mur de méfiance autour des concepts féminisme et pacifisme, vus comme « extrémismes sectaires ou naïfs illuminés » : ne s’agit-il pas plutôt de nécessaires contrepoids à une domination multimillénaire machiste par la violence, renforcée la semaine dernière par deux décisions de la Cour Suprême des États-Unis ? Le fascisme prolifère sur notre continent et dans notre armée que l’Honorable Anita Anand tente de mettre au pas (rapport de madame Louise Arbour – Groupe consultatif de la ministre de la Défense nationale sur le racisme systémique et la discrimination – Rapport final – Janvier 2022). ETC.
Le 11 juin 2019, le Pentagone publie un document alarmant sur les « opérations nucléaires » (traduction partielle par Pierre Jasmin). Il s’agit du premier papier doctrinal du Pentagone en 14 ans! Il marque une réorientation majeure de la pensée militaire américaine qui semble maintenant gagnée à l’idée absurde d’enclencher une guerre nucléaire et de la remporter. Même si le document a été retiré du site du Pentagone où The Guardian l’avait déniché, ne devenant accessible que dans une section à accès restreint de leur bibliothèque virtuelle, Steven Aftergood, qui dirige l’examen des secrets gouvernementaux pour la Fédération des Savants Américains, a décrit ce document comme une doctrine de guerre nucléaire, loin de la doctrine prévalant de « deterrence », dissuasion ou Mutual Assured Destruction dont l’acronyme MAD révélait la nature.
Heureusement, il existe bien des pays et même des continents entiers tels l’Amérique du Sud et Caraïbes [3] et l’Afrique qui se sont déclarés Zones Libres d’Armements Nucléaires. L’Agora des Habitants de la Terre, section des Amériques du Sud, Centrale et des Caraïbes, auquel les APLP participent avec leur ami Riccardo Petrella [4], se déclare en 2022 POR UN PACTO MUNDIAL, ¡YA! POR UN FUTURO COMÚN Y UNIVERSAL ¡DE JUSTICIA Y PAZ!
Nous, unis en tant qu’habitants et citoyens de la Terre,
travaillons pour la collaboration pacifique et fraternelle de tous les peuples.
Nous croyons en la possibilité de résoudre les conflits par le dialogue et la raison aimante à la base des cultures ancestrales de l’humanité, et non par la force des armes, qu’elle soit financière, comme les blocus économiques ou les propagandes, ou qu’elle s’immisce dans les conflits armés, les invasions paramilitaires ou la guerre,
comme en Ukraine depuis février 2022.
Nous reviendrons au prochain chapitre sur le conflit ukrainien qui augmentera le gouffre entre les positions de guerre de la Chambre des Communes du Canada et celles pro-paix du Québec telles que les APLP les perçoivent (perception très différente de celle du député bloquiste Alexis Brunelle-Duceppe dont certaines positions sont aussi militaristes que celles de ses confrères anglophones du Parti Conservateur).
[1] On peut aussi lire sur cette sommité académique américaine aux éditions Québec-Amérique par Normand Baillargeon un livre éponyme.
[2] Auteur de Disarming conflict/Why peace cannot be won on the battlefield, 2015, Toronto, Between the lines edition. M. Regehr O.C. œuvre depuis des décennies à l’ONG Project Ploughshares et pour la Fondation Simons on Peace, Disarmament, International Law and Human Security (B.C.).
[3] Le Traité de Tlatelolco, 1967 Mexique.
[4] Riccardo Petrella Titulaire d’un doctorat en Sciences politiques et sociales, et de doctorats honoris causa de huit universités : Suède, Danemark, Belgique (x2), Canada, France (x2) et Argentine. Professeur émérite de l’Université catholique de Louvain (Belgique) ; Président de l’Institut européen de recherche sur la politique de l’eau (IERPE) à Bruxelles (www.ierpe.eu). Président de l’Université du Bien Commun (UBC), association à but non lucratif active à Anvers (Belgique) et à Sezano (VR-Italie). De 1978 à 1994, il a dirigé le département FAST, Forecasting and Assessment in Science and Technology à la Commission de la Communauté européenne à Bruxelles, et en 2005-2006, il a été Président de l’Aqueduc de la région de Puglia (Italie). Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur l’économie et les biens communs.