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L’ambassadeur russe Vasily Nebenzya à l’ONU le 22 août 2022.
Photo : Lev Radin/Pacific Press

La Conférence sur le Traité de non-proliférations des armes nucléaires (NPT Review Conference) a échoué dans sa tentative de parvenir à un accord visant à renforcer le TNP. Les 191 pays impliqués dans le Traité ont tenté d’en réaffirmer les objectifs de base pour le rendre plus efficace. Les critiques dénoncent de nombreuses infractions aux termes du TNP, qui interdit de transférer des armes nucléaires vers des pays non-nucléarisés.

Une ébauche de résolution de 36 pages, a été rejetée vendredi par la Russie à cause de la mention du risque potentiel autour de l’occupation de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporizhia.

Les délégations occidentales influencées par l’OTAN insistaient pour inclure cette réserve dans le document final de la Conférence et demander l’envoi d’inspecteurs de l’Agence Internationale d’Énergie Atomique dès que possible (ce que la Russie avait accepté en principe). La délégation russe a insisté pour séparer cette question d’actualité d’un document qui devrait concerner une période d’évaluation définie, en général de cinq ans, et que l’attention devait donc être portée sur des questions globales plutôt que d’inclure des points de politisation spécieux concernant une situation précise qui pourrait se régler dans un futur proche.

Selon l’agence TASS, la délégation de la Fédération russe a fait valoir que « les États occidentaux, l’Ukraine et les responsables de régime de Kyiv portent l’entière responsabilité pour le résultat négatif de la Conférence. Elle a fait l’objet d’un chantage politique qui a empoisonné les discussions pendant quatre semaines avec de fausses déclarations infondées et biaisées au sujet de l’Ukraine. Ces États ont tout fait pour empêcher une conférence constructive. Leur volonté d’imposer un langage politique inacceptable concernant les affaires ukrainiennes est de la pure provocation de la part de ceux qui sont prêts à sacrifier un processus d’évaluation du TNP en marche depuis des années, pour régler des comptes avec la Russie en soulevant des sujets non directement reliés au traité. Cette approche contrevient aux priorités du TNP, à savoir créer une atmosphère internationale positive permettant de progresser vers le désarmement nucléaire, ce qui requiert les efforts conjoints des états nucléaires et non-nucléaires. »

La Conférence, retardée de deux ans à cause de la pandémie, était la première depuis l’entrée en vigueur l’année dernière grâce à un vote majoritaire à l’ONU du TIAN – Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires.

Béatrice Fihn, directrice d’ICANW.org : « À une époque où un état signataire du TNP se sert de son poids nucléaire pour faciliter une invasion illégale, et où les états nucléaires ont non seulement échoué dans leurs obligations de désarmement mais dépensé plus de 82 milliards de $ pour mettre à jour et entretenir leur arsenal, quand le risque que l’un d’eux se serve de ses armes nucléaires est plus grand que jamais, l’échec de la Conférence de parvenir à un accord est carrément inexcusable ».

L’américain Daryl Kimball, directeur de la Arms Control Association : « Le TNP est cité comme pierre angulaire du désarmement nucléaire mondial, mais les récentes discussions ont révélé des fissures dans les fondations du Traité et des dissensions entre les États nucléarisés. La Russie aurait pu être plus conciliante sur la façon dont la Conférence mentionne la crise de Zaporizhia, mais l’ébauche de texte issu des discussions montre clairement que le Traité est appuyé par une majorité. Le problème est le manque de leadership et d’actions concrètes ».

Le SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute) a publié en juin dernier son rapport 2022 qui démontre que les arsenaux nucléaires mondiaux vont augmenter au cours de la prochaine décénnie, pour la première fois depuis la Guerre froide.