Deux de nos articles 2021
En novembre 2021 à propos du rapport Bastarache envoyé au recteur de l’Université d’Ottawa, nous écrivions un article titré Michel Bastarache résoud le faux dilemme woke, très peu diffusé. Un extrait :
« Un rapport de cinq experts présidé par l’ex-juge de la Cour Suprême, Michel Bastarache, recommande plusieurs mesures afin de protéger à la fois la liberté d’enseignement et la liberté d’expression, mises à mal récemment par le recteur Frémont qui avait suspendu l’enseignante Verushka Lieutenant-Duval, en raison de la controverse du mot en n, controverse aussi présente dans les propos du professeur Amir Attaran contre les « nègres blancs d’Amérique» et d’un autre professeur à l’Université Concordia. »
Nous citions Le Devoir du 5 novembre : Le juge Bastarache se prononce « en désaccord avec l’exclusion de termes, d’ouvrages ou d’idées dans le contexte d’une présentation ou d’une discussion respectueuse de nature universitaire et dans un but pédagogique et de diffusion des savoirs.
De plus, le juge vilipende la censure institutionnelle ou l’autocensure quand elles compromettent la diffusion des savoirs par la peur d’une réprobation publique. « Le Comité est d’avis que les étudiants et les membres de la communauté universitaire doivent être disposés à traiter d’un sujet délicat dans un contexte académique. Concilier le droit d’enseigner des matières « choquantes » et le devoir de maintenir en classe un climat propice aux apprentissages sont des responsabilités qui incombent non seulement aux professeurs, mais aussi aux étudiants, qui ne peuvent se lancer dans des « attaques outrancières » contre des enseignants qui tiennent des propos jugés offensants, note le rapport. Christine Gauthier, vice-présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), dit souhaiter que ce rapport inspire le comité sur la liberté universitaire au Québec, présidé par Alexandre Cloutier [ce qui fut fait].
Quant aux Artistes pour la Paix, nous espérons une application générale du rapport Bastarache (sa photo choisie plus haut rappelle sa biographie préfacée par notre co-présidente d’honneur Antonine Maillet) afin de ter-miner les campagnes de droite contre le wokisme : on se référera à un article originalement publié à la mi-juillet 2021 et repris par Pressenza, donc mieux diffusé, mais qui n’a suscité aucune répartie autre qu’insinuations et récriminations renouvelées des trois personnes de droite visées.
Fais ce que doit
Le Devoir, qui n’avait pas jugé bon de reproduire nos deux articles, en reprend le combat aujourd’hui par un éditorial justement indigné de Marie-Andrée Chouinard et par un article d’Étienne Paré : « Deux jours après que Radio-Canada eut été blâmée par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) parce que le mot en n… a été prononcé dans une chronique, plusieurs anciennes têtes d’affiche de la société d’État montent aux barricades et prient le radiodiffuseur public de ne pas s’excuser. Rappelons que le CRTC, l’organisme qui réglemente les médias électroniques au pays, a donné raison mercredi à une série de plaintes et demande maintenant à Radio-Canada de présenter des excuses à propos d’une intervention du chroniqueur Simon Jodoin en août 2020 à l’émission de radio Le 15-18, animée par Annie Desrochers. On reproche à ces derniers d’avoir cité l’essai Nègres blancs d’Amérique de Pierre Vallières en parlant de la controverse de l’heure : la suspension, à l’époque, d’une professeure de l’Université d’Ottawa après avoir utilisé le mot en n dans un cadre académique. Or, pour 14 anciens de Radio-Canada qui ont cosigné vendredi une lettre ouverte dans La Presse, nommer le titre du livre dans son entièreté était tout à fait approprié dans le contexte. « On ne peut passer sous silence le fait que le CRTC, par sa décision, nie l’histoire du Québec et, dans ce cas particulier, un épisode où des penseurs francophones du Canada et des Noirs américains se rapprochaient au nom d’une discrimination que l’on dirait aujourd’hui “systémique” et qu’ils estimaient partagée », peut-on lire dans cette missive ratifiée entre autres par Bernard Derome et Jean-François Lépine. La sénatrice Julie Miville-Dechêne, l’ex-grand patron de l’information Alain Saulnier et l’ancien ombudsman Guy Gendron font aussi partie du groupe. Ils dénoncent entre autres « l’intrusion d’un organisme réglementaire dans la politique éditoriale du diffuseur public ». Le CRTC « bafoue littéralement l’indépendance éditoriale du diffuseur », ajoutent-ils. À ce titre, les signataires ne manquent pas de rappeler que le chien de garde du public de Radio-Canada avait déjà statué en octobre 2020 que les plaintes envers la chronique de Simon Jodoin n’étaient pas justifiées.
Liberté d’expression menacée
Dans une décision partagée, le CRTC a plutôt conclu que Radio-Canada dans cet épisode n’a pas fait preuve de suffisamment de prudence et de vigilance dans la façon dont elle a traité le propos, ce qui a pu avoir un effet néfaste sur son auditoire, notamment la communauté noire. Puis, le Conseil va plus loin encore, reprochant au diffuseur public d’avoir échoué à refléter le caractère multiculturel et multiracial de la société canadienne, prenant la peine de souligner que Radio-Canada se doit de diffuser des contenus qui répondent aux normes établies par la société.
Pour les 14 anciens de Radio-Canada, cette interprétation du mandat du diffuseur public empiète sur la liberté d’expression. « Est-ce à dire que la liberté d’expression n’existe que pour les propos et contenus conformes aux normes sociales ? Que Radio-Canada aurait donc l’obligation de diffuser des contenus qui vont dans le sens de l’opinion majoritaire et dominante ? À notre avis, il s’agit d’une position indéfendable, contraire à l’idée même de liberté d’expression », écrivent-ils.
Ils implorent maintenant leur ancien employeur de porter cette cause en appel. Pour l’heure, on ne connaît pas les intentions de Radio-Canada: ses dirigeants n’ont toujours pas réagi officiellement à la décision du CRTC. »
Il va sans dire que les Artistes pour la Paix sont solidaires de nos collègues journalistes de la radio de Radio-Canada Simon Jodoin et Annie Desrochers dont on connaît l’antiracisme et l’antisexisme irréprochables.
Face à la Cour Suprême des États-Unis qui démolit les lois qui défendent l’environnement face aux grosses compagnies polluantes et interdit la prohibition d’armes d’assaut en les déclarant protégées par le 2e amendement de la Constitution et enfin, vise à interdire l’interruption des grossesses non désirées, même imposées par des viols, le journal français LIBÉRATION titre aujourd’hui :
Merci à Jacques Lanctôt (Journal de Montréal, 2 juillet, page 40 du cahier Weekend) qui offre, en prolongement de mes réflexions sommaires, le livre LES MOUTONS DE LA PENSÉE /NOUVEAUX CONFORMISMES IDÉOLOGIQUES de Jean Szlamovicz aux éditions du Cerf. Je fais confiance au journaliste qui conclut ainsi: « cet ouvrage est un véritable antidote au WOKISME, un acte de résistance et un cri de ralliement à tous ceux qui refusent d’être des moutons ».
Cette discussion véhémente au Québec laisse indifférents le ROC et la France.
« The rest of Canada », comme on l’a constaté en Ontario, refuse par idéologie multiculturaliste, de s’engager dans une discussion qui lui apparaît opposer racistes et antiracistes dès lors qu’il s’appuie sur la traduction « niggar », évidemment et à bon droit discréditée par son emploi par le KuKluxKlan et les Sudistes racistes qui appuient Trump avec les born again Christians.
D’autre part, la France, héritière de la négritude de Césaire et de Senghor, peut aussi s’appuyer sur l’antiracisme non primaire de l’Académicien Laferrière auquel notre article suivant référait http://www.artistespourlapaix.org/petit-traite-sur-le-racisme/
Reste le Québec qui avec Pierre Vallières s’alliait au mouvement révolutionnaire de libération des Noirs qui trouve une vocation moins politisée aujourd’hui avec Black lives matter.
J’envoie ceci à notre ami Dany qui va sûrement démolir tous ces raisonnements…