Mais pour le moment, nous sommes rejetés en arrière, dans le siècle passé. Nous avions cru que la mondialisation de l’économie nous avait fait passer de la guerre militaire à la compétition économique. Je connais le caractère impitoyable du colonialisme économique. Je ne parle pas de cela. L’interdépendance économique est normalement symétrique et réciproque. J’espérais qu’elle nous libère des attaques à coup de missiles parce que de telles attaques seraient devenues exagérément perdantes. Je reste convaincu qu’il s’agit d’une étape nécessaire. Je nourris peu d’illusions sur le désarmement qui ne peut, d’ailleurs, qu’être symétrique. Je serais déjà content si, dans l’équilibre des forces militaires, nous franchissions l’étape que nous avons déjà commencée : l’interdépendance économique mondiale. Nous pourrions y arriver déjà maintenant en utilisant réellement l’arme économique. À quoi nous servirait d’avoir construit cette mondialisation si au moment où il faudrait s’en servir, nous hésitions? Nous devons impérativement couper tous les pipelines de l’attaquant et en même temps valoriser l’art et la culture russes (car humilier un peuple, c’est courir après la guerre). Une fois la guerre terminée, renforcer encore davantage l’interdépendance économique de sorte qu’une attaque entraîne une défense économique rapide et insurmontable.
Le risque immédiat, c’est que, n’ayant pas le courage de payer le prix d’une telle rupture de lien économique, nous embarquions dans une guerre conventionnelle plus ou moins mondiale. Encore là, seule la société civile peut réagir et forcer les gouvernements démocratiques à user de toutes les armes économiques possibles plutôt que contre-attaquer militairement. Une règle cependant doit être respectée : si la population de l’attaquant en vient à souffrir dans ses besoins vitaux, s’assurer d’une aide humanitaire directe.
Dans les prochains blogues, je voudrais me concentrer sur ce qui n’est pas assez abordé : c’est bien de vouloir freiner la guerre militaire par la guerre économique, mais cela ne nous fera pas traverser tout un siècle, nous devons arriver à la paix, or l’absence de guerre n’est pas la paix. La paix, nous ne la connaissons pas; si nous la connaissions, elle s’infiltrerait comme de l’air frais dans le monde social, politique, économique; elle prendrait toute la place et il n’y en aurait plus pour la guerre, même pas pour cette guerre contre la nature qui risque de nous emporter.
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