Une envie de hurler
À la vue des images de démolition par Tsahal (l’armée israélienne) d’édifices de plusieurs étages, dont celui abritant le journalisme neutre de l’Associated Press et d’Al-Jazeera, et l’assassinat d’une soixantaine d’enfants, une indignation pacifiste nous saisit, tout comme elle avait saisi le chroniqueur de La Presse, Foglia, en novembre 2012. Il venait de voir le film Cinq caméras brisées dont l’une par une balle israélienne qui visait le caméraman, un simple paysan voulant filmer sa famille mais s’en étant servi pour documenter le vol de ses oliveraies par le mur israélien. Et le chroniqueur dont on s’ennuie s’écriait : « Quand tu regardes ce qui se passe à Gaza, t’aimes ça ? Ou, comme moi, tu as envie de hurler et tu rentres ta rage d’entendre les Israéliens dire que ce ne n’est pas eux qui ont commencé ? ». Dans ce cas-ci, les Israéliens ont commencé, en expulsant injustement des familles palestiniennes de Jérusalem où elles étaient établies depuis 1948, avant que la Cour de Justice n’ait la possibilité d’entendre leur cause.
Et l’ONU pour sa part est bloquée par un 45e véto américain qui refuse toute action signifiante pour la paix pour des dollars et des votes juifs permettant au parti démocrate de résister au plus grand nombre de votes juifs achetés par Donald Trump et son bellâtre de gendre. Christian Morin me rappelle que l’aide militaire américaine à Israël se chiffre annuellement à 3,8 milliards, selon une entente signée sous Obama. Biden vient de confirmer qu’il va continuer dans la même voie. Bernie Sanders réclame la révision du programme d’aide, ce qui porterait un dur coup au corrompu Nétanyahou qui ricane, ne devant son maintien au pouvoir que par l’appui de micro-partis religieux justifiant déraisonnablement leurs vols de terres palestiniennes par des références bibliques de plus de deux millénaires.
Perte d’alliés du côté palestinien
D’une part, les Palestiniens sont mal à l’aise, et on les comprend car ce n’est vraiment pas le moment de se désolidariser, face à la brutalité immonde des bombardements israéliens. Mais nous devons distinguer Palestiniens et islamistes du Hamas, soutenus par le Hezbollah (au drapeau jaune avec des mitraillettes), frères doctrinaires des Islamistes qui ont assassiné 50 jeunes filles à Kaboul il y a moins de deux semaines. Ce féminicide semble ignoré par les médias. Au Canada anglais, veut-on éviter de donner crédit à la loi québécoise sur la laïcité qui veut empêcher le prosélytisme, quel qu’il soit, auprès des jeunes influençables ?
D’autre part, quand nos pays musulmans sont ramenés à l’âge de pierre par des bombes occidentales comme en Libye, en Syrie, en Irak et en Afghanistan, dont les élites ont fui par millions leurs pays bombardés, peut-on reprocher à leurs peuples de trouver refuge et leur seul espoir dans la religion ? Les Palestiniens islamisés ennemis de la musique se distancent alors du West-Eastern Divan Orchestra de Daniel Barenboim, formé de musiciens juifs, palestiniens et arabes, que le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) a vilipendé après la mort de son cofondateur, le grand poète et philosophe palestinien Edward Saïd.
Les extrémistes des deux côtés survivent, alors qu’a disparu par exemple le fondateur du Bloc de la Paix Uri Avnery, mort à 95 ans (voir photo) qui représentait la voix raisonnable du côté israélien, comme André Jacob chez nous, avec l’analyse qu’on trouvera dans nos pages à laquelle je souscris entièrement, car elle représente la voix de la paix, tout comme l’appel du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres du 16 mai.
Signalons la prise de position du groupe torontois Science pour la Paix (dont je suis membre). Tout en condamnant les missiles du Hamas, elle appelle le Canada à exiger un arrêt immédiat de toutes hostilités, à cesser toutes ses exportations d’armes et de technologies à Israël, à condamner les violations de droits de la personne commises par les autorités israéliennes, à utiliser tous ses leviers d’influence dans des institutions internationales comme l’ONU afin d’amener Israël à une trêve et enfin à joindre la communauté mondiale dans l’envoi de ressources médicales et de trousses d’urgence à la population de Gaza.
Merci de mettre en perspective ce nième éclat de colère de trop et les circonstances qui les rendent possible.
Vivement de vrais efforts de paix!