En 2010, il passera au ministère de l’Environnement, peu de temps après avoir fait entendre cette fameuse réplique : « Que la cause [du réchauffement climatique] soit liée à l’activité humaine, ça, vraiment ! C’est une surprise pour moi. » Il permettra l’acheminement du pétrole en des conditions d’insécurité totale, comme il avait commencé sa carrière comme ministre en Ontario par une croisade musclée envers l’incarnation du “bois mort” de la société : les assistés sociaux et les handicapés !
« Baird a acquiescé à l’une des requêtes les plus pressantes de l’industrie ferroviaire depuis des années: lever l’obligation d’obtenir l’approbation du Ministre ou du Ministère pour faire circuler des trains pourvus d’un seul membre d’équipage ». Laissé seul pour appliquer les freins du train fou qui allait dévaler la pente le 6 juillet 2013 et causer 47 morts à Mégantic, l’ouvrier Harding est l’objet d’une réelle compassion de la part de l’auteure St-Cerny, comme de la population de Mégantic, satisfaite de l’acquittement de celui désigné bouc émissaire par l’élite criminelle. Sept jours après la tragédie, le successeur conservateur de Baird « Denis Lebel jugera souhaitable de se retirer en douce du ministère des Transports », sans déclencher une Commission royale d’enquête, qui sera aussi refusée par ses successeurs, la conservatrice Lisa Raitt et le libéral Marc Garneau.
Un des rares ministres à avoir tenté de répondre à mes critiques face à la politique du Ministère des Affaires étrangères, Baird a lâchement rejoint le secteur privé en 2015. Devinez où ? C’est facile : au C.A. du Canadien Pacifique qui avait payé un demi-million de $ à World Fuel Services Inc le 1er juillet 2013 pour le transport du pétrole qui explosa à Mégantic et au C.A. de la société minière Barrick Gold. Cette dernière est réputée pour son respect de la vie, des droits humains et de la liberté d’expression, comme l’a appris à la dure ÉCOSOCIÉTÉ suite à la publication en 2008 de Noir Canada d’Alain Denault. Combien de temps encore Écosociété, l’Aut’Journal ou les Artistes pour la Paix réussiront-ils à survivre ?
NDLR : pour les détails de la censure de Noir Canada, cliquez ici.
[1] Mégantic, éditions Écosociété, 2e trimestre 2018. Robin Philpot l’a vanté avec raison dans l’Aut’Journal, comme une lecture incontournable. Je renchéris, après avoir dévoré cet ouvrage bien documenté de 340 pages en deux jours, incapable d’interrompre une telle lecture passionnante…
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