On se souvient que Mines Action Canada (Robin Collins, Erin Hunt et autres) , Jean Chrétien et Lloyd Axworthy avaient réussi à instaurer le Traité d’Ottawa (1997) contre les mines anti-personnel. L’américaine Jody Williams avait cette année-là gagné le prix Nobel de la Paix pour son travail admirable en faveur du traité que les USA avaient refusé de signer. « C’était à cause du veto du Pentagone », m’a révélé Jean Chrétien à l’occasion du récital pour le 200e anniversaire de Chopin que j’avais donné à Rideau Hall (voir photo), le 1er mars 2010 : nous nous sommes alors parlé vingt minutes et il se disait fier « d’avoir presque convaincu le président Bill Clinton d’adhérer au Traité ». Partout, on fait savoir que les USA sont actifs et dévoués pour soigner les victimes des mines: un peu comme McDonald’s donne des salaires de misère pour vendre des boissons indécemment sucrées à volonté mais aide à soigner les enfants dans nos hôpitaux, pour leur image corporative… On sait moins que les représentants des 160 signataires du Traité d’Ottawa organisent chaque année des rencontres de civils admirables qui travaillent à soigner les amputés de partout au monde et à leur procurer des prothèses. Partout ? Non, l’Amérique du Nord et l’Europe (sauf la Bosnie et le Kosovo) en sont évidemment épargnées: elles se contentent de faire du cash avec les mines et les bombes à sous-munitions…
On avait pensé que ces bombes prendraient une place naturelle dans le Traité d’Ottawa, vu que ces mini-bombes font le même genre de ravages dans la population civile, en particulier chez les enfants attirés par ces objets que la perversité des constructeurs d’armes s’ingénie à rendre attrayants par de vives couleurs ou par jeux de textures brillantes. Cela leur explose dans le visage ou dans les mains, comme les mines anti-personnel arrachent encore les jambes et les organes génitaux de petites victimes au Cambodge, au Zimbabwe, en Angola, en Afghanistan etc. Les Artistes pour la Paix avaient à l’époque persuadé madame Lamarre d’empêcher Lavalin de poursuivre la honteuse fabrication des mines anti-personnel par SNC à LeGardeur dans l’usine Terrebonne inc (ancêtre de General Dynamics, toujours actifs). On ne sait toujours pas ce qui avait triomphé, notre persuasion douce de salon ou plutôt la menace de notre président d’honneur Richard Séguin de faire un concert devant l’usine ??!
Revenons à la jonction des bombes à sous-munitions et des mines. Figurez-vous qu’elle a été empêchée par les Conservateurs qui ont mis tant d’obstacles à leur inclusion dans le Traité d’Ottawa qu’Oslo (Norvège) a dû prendre le relais, avec Dublin (Irlande), avec un nouveau traité qu’il a fallu recommencer à faire signer par les pays, les uns après les autres. Le Canada a signé, mais sans ratifier, et consentirait à ratifier seulement par l’inclusion d’une clause qu’il cherche à imposer à d’autres pays mais qui rendrait le traité à toutes fins pratiques inopérant, non contraignant. On se doute que l’alliance du Canada conservateur avec Israël qui a utilisé des milliers de ces mini-bombes dans leur assaut contre le Liban en 2006 et contre Gaza en 2009 a quelque chose à voir avec notre immoralité gouvernementale.
Faites connaître et allez signer la pétition suivante que Robin Collins vient de nous envoyer pour faire HONTE aux Conservateurs puisqu’il est peu probable qu’ils changeront d’avis !
http://bit.ly/changerleprojetdeloi
Monsieur le Ministre Baird,
Les bombes à sous-munitions causent des dommages prévisibles et inacceptables aux civils, à la fois au moment de leur utilisation et pendant de nombreuses années qui suivent. Je suis convaincu(e) que ces armes sont moralement inacceptables.
Je suis fier/ fière que le Canada fasse les démarches nécessaires pour ratifier la Convention sur les bombes à sous-munitions, mais j’ai honte de notre projet de loi qui, s’il est adopté dans sa forme actuelle, sera le plus faible au monde. Ce projet de loi comporte des lacunes inacceptables.
Par ma signature, je soutiens la révision du Projet de Loi S-10 afin qu’il précise qu’aucun(e) Canadien(ne) ne devrait jamais être impliqué(e) dans l’utilisation des bombes à sous-munitions quels que soient la finalité, le lieu, le moment, ou la mission.
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