Le cinéaste André Melançon n’a pas seulement inventé la phrase la guerre, la guerre, c’est pas une raison pour s’faire mal ! Elle est tirée de son film le plus célèbre, La guerre des tuques, qui a représenté le Québec dans 125 pays et fut traduit en plusieurs langues. Ses films comme Bach et Bottine qui a fait connaître Mahée Paiement en 1986 ou ses téléséries comme Asbestos ont montré sa tendresse envers l’humanité entière, surtout les enfants qu’il dirigeait avec un doigté remarquable, selon son producteur Rock Demers. En une année 2016 marquée par les décès des René Caron, Leonard Cohen, Rita Lafontaine et André Montmorency, sans parler des décès récents des Benoît Girard et Janine Sutto, l’hommage posthume que nous lui rendons succède à ceux rendus à la poète Hélène Monette, à Paul Buissonneau, aux cinéastes Magnus Issascson et Arthur Lamothe, ainsi qu’à Hélène Pedneault et Myra Cree.
En tant que comédien, André a interprété le rôle-titre dans Taureau de Clément Perron en 1973. Denys Arcand et Yves Simoneau lui ont aussi offert des rôles. Il a également été entraîneur vedette de la Ligue nationale d’improvisation pendant plusieurs années. Comme l’écrivait Jean-François Garneau [1], « l’engagement social et communautaire de Melançon, non seulement penchait une oreille attentive vers les enfants, mais s’intéressait à ce que la société a parfois du mal à entendre. Son documentaire Les vrais perdants (1978) pose la question de l’éducation, désormais axée sur la performance au point de menacer la survie même d’un système public soumis à la concurrence sourde d’un parcours privé financé par les contribuables. L’âge de passion, coréalisé avec Dany Croussette en 2007, suit ce que sont devenus 30 ans plus tard les participants de Les vrais perdants sous l’angle de la passion qui les anime. Le film Des armes et les hommes (1973), titre au jeu de mots assumé, constate sobrement le problème du lien qu’entretiennent certains citoyens avec les armes à feu, en dépit de la solidarité paisible dont devrait bénéficier toute personne de bonne volonté. Le cinéaste, signant l’un de ses premiers films, juxtapose scènes fictives et entrevues menées avec des militaires, policiers, criminels ou collectionneurs. C’est une œuvre engagée sur le Québec des années 1970 qui nous invite encore à débattre d’une question très actuelle à partir de mises en scène réalistes et de points de vue éclairants sur l’usage des armes. À voir ou à revoir gratuitement sur le site de l’ONF. La disparition d’un artiste de cette envergure nous fait mesurer l’ampleur de sa contribution à l’évolution de la société québécoise et l’importance des outils dont nous devons disposer pour soutenir la création et la diffusion d’œuvres pertinentes. On peut consulter l’impressionnante filmographie d’André Melançon, comme acteur et réalisateur, sur Wikipédia. »
Réalisateur de Ces enfants d’ailleurs II et de l’adaptation de la pièce Albertine, en cinq temps, avec Martine Beaulne, André Melançon a suscité cette remarque élogieuse du scénariste Roger Cantin : « ce sont des gars comme lui qui ont formé un public qui s’est mis à aimer le cinéma québécois ». Psychoéducateur avant d’être cinéaste, il exprime au grand écran son intérêt pour la famille et l’enfance dès les années 70. En tout, il réalise et scénarise une douzaine de films dans le genre, dont les derniers sont le documentaire Les trains de la vie, paru en 2013, et La gang des hors-la-loi, en 2014. Sa télésérie portant sur le comédien Olivier Guimond est récompensée par neuf Prix Gémeaux.
Le vice-président des APLP, Sébastien Dhavernas, a eu grand plaisir à présenter, pour prononcer un hommage au disparu, le comédien qui a personnifié ce dernier héros, Benoît Brière. C’est un hommage émouvant, remarquablement structuré derrière son caractère improvisé, alternant entre le rire et les larmes, d’une humanité exceptionnelle. Merci, Benoît !
[1] Ancien v-p des APLP, on lira son article de novembre sur http://www.artistespourlapaix.org/?p=11693
Aucun commentaire jusqu'à présent.