Michaëlle Jean et Émilie Nicolas honorées par le gala Dynastie 2024
Par Pierre Jasmin et Izabella Marengo, Artistes pour la Paix
Photo d’Émilie Nicolas par Guillaume Levasseur – Archives LE DEVOIR
Le gala Dynastie, qui souligne les réalisations des communautés noires du Québec, a récompensé dans son volet culturel du 27 avril à la Place des Arts, constitué de 13 catégories, des artistes que le grand public francophone (en deuil des Jean-Pierre Ferland et Karl Tremblay) connaît trop peu : les @josephsarenhes @jenniferleedupuy @hawa.b.music @makylavender @marcovolcy @yacetidonmoschino @nicolemusoni @barnev @skandalofficiall @naimafrank . Pour les deux volets de son édition 2024, ses organisateurs avaient reçu 673 candidatures. Un jury de 37 professionnels des secteurs culturel et médiatique ont déterminé les lauréats en fonction de leurs activités réalisées entre le 1er septembre 2022 et le 31 août 2023.
Dans son premier volet médiatique, le Grand Prix Dynastie a été remis à l’ancienne journaliste et ex-gouverneure générale du Canada Michaëlle Jean, afin de souligner « son leadership, son engagement citoyen remarquable, ainsi que sa contribution significative aux médias ». En faisait foi sa remarquable intervention sur vidéo lors de la remise du prix Artiste pour la Paix de l’année 2021 à la chanteuse et compositrice Dominique Fils-Aimé[i] dont nous avions transmis le résumé qui suit : « La Très honorable Michaëlle Jean, co-présidente de la Commission de haut niveau du Fonds des Nations-Unies pour la population (FNUAP/UNFPA) sur les droits et la justice en matière de sexualité et de procréation pour toutes et pour tous, félicite l’artiste engagée et de grand talent Dominique Fils-Aimé pour ce prix prestigieux qui lui est décerné, digne reconnaissance de son militantisme en faveur de l’éradication de la discrimination raciale systémique et de l’avancement des droits des femmes. Michaëlle Jean salue également le travail incessant d’Aziz Salmone Fall, cinéaste, musicien, pacifiste indomptable et chef de file de la mobilisation internationale pour l’égalité des peuples, qui reçoit à juste titre le prix Ami de la paix. Et c’est avec tendresse et émotion qu’elle se souvient de Renée Claude [à qui Ferland avait confié de ses chansons], cette artiste au talent immense qui nous a quittés en 2020 et à qui les APLP rendent hommage cette année.[i] »
L’avocate Tamara Thermitus a quant à elle mis la main sur le prix Impact Dynastie, qui récompense son implication dans des domaines allant de la réconciliation des peuples autochtones à l’équité en emploi et à la lutte contre le racisme systémique.
Chroniqueuse au Devoir et à The Gazette (voir première photo), Émilie Nicolas a remporté avec raison le prix de rédactrice d’opinion de l’année. « C’est une reconnaissance qui veut dire beaucoup pour moi », a-t-elle confié au Devoir au lendemain de sa consécration. « Il y a beaucoup de critiques et beaucoup d’attaques qui viennent avec le travail que je fais. Être une femme qui donne son opinion, ce n’est déjà pas facile. Être une femme noire qui donne son opinion, c’est encore plus difficile. Cela dit, il y a beaucoup, beaucoup d’amour aussi qui vient avec le travail que je fais. Il y a des gens qui apprécient quelqu’un qui a le courage de ses opinions », ajoute Mme Nicolas. Elle souligne aussi l’importance de ce gala, qui pousse pour qu’on ait « des médias et une culture plus à l’image de la société québécoise ». Combien de ses « opinions » dans Le Devoir recueillent dans leur version électronique des commentaires à la limite racistes de lecteurs malveillants ? On ne compte plus le nombre de nos commentaires (Pierre est abonné) pour rectifier leurs malhonnêtes accusations.
Les Artistes pour la Paix apprécient particulièrement ces trois femmes, de même qu’Azeb Wolde-Giorghis, journaliste à Radio-Canada aussi récompensée, car toutes quatre savent rompre ce qu’on est forcé d’appeler un reliquat de haines racistes, antimusulmanes et russo- et sinophobes, souvent inconsciemment ou pas véhiculées par trop de journalistes.
Heureusement, le DEVOIR consacrait en ce 27 avril deux grands articles soulignant l’importance historique de l’élection en 1994 du président Nelson Mandela, chef du Congrès national africain (ANC), car cet événement a chamboulé, il y a trente ans, la domination occidentale du pôle géographique nord (OTAN). La journaliste Stéphanie Marin cite le professeur O’Meara de l’UQAM qui avait alors voté en son pays d’origine : « L’idée que, finalement, ce pays exceptionnellement beau retourne dans la communauté humaine. On tourne le dos à une forme de nazisme épouvantable, de crimes monstrueux. C’est un nouveau départ, fait dans un esprit de réconciliation et de paix ». Il a voté aux côtés de ses parents, un moment particulièrement émouvant pour lui : son père s’était porté volontaire à 18 ans pour aller combattre le nazisme en Europe. Mais après, « il est tombé dans une grande dépression parce que son propre pays est tombé dans le fascisme. » Ce jour-là, « il était hors de lui de joie », se rappelle-t-il, sa voix brisée par l’émotion. M. O’Meara reprend son souffle : « Comme si son pays revenait enfin au gros bon sens. »
Est-ce trop demander au Devoir que c’eut été le temps d’un autre article rappelant l’intervention courageuse de l’Afrique du Sud auprès de la Cour Internationale de Justice pour qu’elle se prononce sur le caractère génocidaire de l’attaque de Tsahal contre la Bande de Gaza? Sans doute que le journal a tenu à respecter le caractère historique d’un trentième anniversaire que le commentaire de Pierre, le seul accepté par Le DEVOIR, a respecté aussi :
COMMENTAIRE
- Pierre Jasmin – Abonné 27 avril 2024 12 h 35
Beaux témoignages de Dan O’Meara et de David Gallagher (OXFAM) sur une journée exceptionnelle pour toute l’humanité il y a trente ans, quand l’Afrique du Sud a voté Nelson Mandela à la présidence d’un pays, auparavant enfoncé dans l’apartheid nazi.
Journée exceptionnelle pour ceux qui l’ont vécue de si près comme mes collègues, l’un de l’UQAM (dont je suis prof retraité et longtemps complice au syndicat de M. O’Meara) et l’autre de la société OXFAM (dont je suis membre), mais aussi pour tous les anti-racistes qui l’ont célébrée partout dans le monde entier, sans compter les pacifistes qui avaient une autre raison de se réjouir. Nelson Mandela, libéré de prison trois ans et demi avant son élection à la présidence, avait forcé amicalement de Klerk à faire en sorte que leur pays commun, l’Afrique du Sud, soit le premier pays (avant le Kazakhstan une fois parvenu à l’indépendance), à se débarrasser de ses bombes atomiques assemblées par peur paranoïaque des Cubains libérant l’Angola. À quand le ralliement du Canada au Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires 2017 que 70 pays ont ratifié, contre les 31 de l’OTAN ?
[i] https://www.artistespourlapaix.org/la-33e-ceremonie-des-prix-aplp-comme-si-vous-y-etiez/
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