Romain Pollender, puis Patrick Léonard (assis sur SA CHAISE!) et Nassib el-Husseini des 7 doigts de la main, Monik Barbeau (madame Paul Buissonneau), Judi Richards, Alanis Obomsawin (au centre, comme il se doit!), Pierre Jasmin, Guylaine Maroist, Dolorès Duquette et Domlebo sourient, encore animés des émotions qu’ils et elles ont fait vivre ou vécues. Comme à l’habitude chez les Artistes pour la Paix, et sans que ce soit recherché, il y a parité hommes-femmes, mais manquent sur la photo Yvon Deschamps, Raôul Duguay et Isabelle Miron qui ont aussi pris part active à la fête du 16 février 2015 à la Chapelle du Bon Pasteur, Montréal, ET QUELLE FÊTE!
Les photos sur cette page sont de Jean-François LeBlanc, sauf indication contraire.
Visitez la galerie de photos de la cérémonie en cliquant ici.
On lira l’hommage aux 7 doigts de la main ailleurs sur le site. Voici un aperçu des 3 autres :
Hommage à Dolorès Duquette-Manzi
L’arbre ne donne ses fleurs et ses fruits
que si la sève a monté de ses racines à ses branches
Si l’arbre des Artistes pour la paix continue de grandir
C’est parce que Dolorès Duquette a bien abreuvé ses racines
Sans le courage et la persévérance de cette femme
Les Artistes pour la paix n’existeraient peut-être pas
Sans doute aussi serez-vous étonnés d’apprendre que la naissance des Artistes pour la paix est en lien avec le Dalaï Lama. Voici dans quel contexte Dolorès Duquette fut motivée à embrasser la cause de la paix. En 1982, elle assiste à une conférence de Bernard Benson, l’inventeur de la torpille à tête chercheuse qui, à la suite de la fuite forcée du Dalaï Lama hors du Tibet, a pris conscience que son invention fut maléfique pour l’humanité. Repentant, il décide alors de travailler à l’avènement de la paix en incitant les gens qui assistent à ses conférences, à faire un geste pour la paix. Fortement touchée par le discours de Bernard Benson, Dolorès, alors comédienne, passe tout de suite à l’action en fondant le mouvement Les Artistes pour la paix.
En 1982, elle rencontre Georges Beaudereau avec qui elle cherche à s’impliquer dans la cause pour la paix. Objecteurs de conscience, tous deux se mettent d’accord pour ne pas payer la taxe pour la guerre imposée par l’impôt fédéral. La même année, Dolorès rencontre Raymond Lévesque qui l’incite à prendre la parole à l’Union des Artistes, pour trouver un appui dans la création des Artistes pour la paix. Suite à quoi elle consacrera près de quatre ans de sa vie à l’organisation d’événements et de spectacles impliquant des artistes prêts à s’engager pour défendre la paix. Au cours de ces années, elle a contacté près de 800 artistes en les invitant à travailler à la cause de la paix. Elle a même eu l’idée du premier logo des Artistes pour la paix: quatre colombes volant sous le soleil dans un triangle.
Parmi les spectacles qu’elle a aidés à organiser:
- en 1982, Passeport pour la paix au Spectrum, en collaboration avec Ginette Beauson et les artistes Renée Claude, Belgazou, Nathalie Gascon, Marc-André Lussier, Sophie Faucher, Romain Pollender et Raôul Duguay;
- le 21 mars 1983 au Tritorium avec Gilles Vigneault, Raymond Lévesque, Margie Gillis;
- le 29 mai 1983, en association avec le mouvement Un geste pour la paix dirigé par Gina Beauson, le Festival de paix de la rue Esplanade avec les artistes Yvon Deschamps, Judi Richards, Karen Young et Raôul Duguay;
- la même année, Dolorès Duquette va à New-York rencontrer Harry Belafonte afin de proposer la participation des Artistes pour la paix dans le cadre du Congrès International pour la paix à Hambourg;
- les 3 et 4 septembre, la chorégraphe et danseuse Margie Gillis et Raôul Duguay représentent le Québec lors du spectacle bénéfice pour PAND International (Performing Artists for Nuclear Disarmament) avec les célèbres artistes Harry Belafonte, Liv Ullman, Joan Baez, Maxime Leforestier, Mikis Theodorakis, Bibi Anderson, Peter Ustinov et Léo Ferré. Nos billets d’avion furent payés grâce à la vente de macarons par Dolorès Duquette, mais une grave insolation consécutive à ses longues présences dans la rue à vendre ses macarons empêche Dolorès de nous y accompagner;
- en 1985, aux Arts for Peace à Toronto, Dolorès invite Renée Claude et Richard Desjardins;
- 8 décembre 1985, Année internationale de la jeunesse, elle organise le spectacle Cessez le feu au Théâtre Arlequin, avec les artistes Pauline Julien, Marie Tifo, Pierre Verville, Cassonade et Raôul Duguay;
- enfin, le spectacle Passeport pour la paix, au Théâtre de la Verdure du Parc Lafontaine avec Richard Séguin et Raôul Duguay.
Dans chacun de ces spectacles, le message était: la seule victoire, c’est la paix.
Chère Dolorès Duquette-Manzi, aujourd’hui, 33 ans plus tard, c’est avec joie et honneur que Les Artistes pour la paix reconnaissent votre engagement et votre bénévolat à la cause de la paix. Dans notre société mercantile, le bénévolat est la pierre d’assise d’une démocratie qui respecte et protège la vie non seulement de tous les humains mais de tout ce qui respire sur Terre. Sans bénévolat, le tissu de toute société s’émietterait. Et quant à moi, je vous considère toujours comme la première de toutes et de tous les Artistes pour la paix.
Dolorès Duquette, au nom de toutes et tous, grand merci et grand bravo pour votre action humanitaire. L’hommage que les Artistes pour la paix vous rendent aujourd’hui, espérons-le, fera fleurir en votre cœur une fleur immortelle qui exhalera le parfum de la paix.
Raôul Duguay
Artiste pour la Paix
Dolorès lui a répondu avec un discours prenant et mobilisateur, renouant avec la verve et la conviction de ses vingt ans en haranguant la foule, dont il faut mentionner l’attention extrême et la chaleur réceptive tout au long de la cérémonie.
« Même si on entend des nouvelles pas très réjouissantes, il faut garder espoir », a-t-elle souligné. « La lumière sera toujours plus forte que la noirceur. Il ne faut pas se laisser abattre. La paix commence en soi et autour de nous. »
Hommage pour l’ensemble de sa carrière
à Alanis Obomsawin
Alanis Obomsawin, grande artiste, modèle d’engagement.
Obomsawin veut dire «Pathfinder» : celle qui trouve le chemin…
Alanis, comme dans courage, détermination, conviction, passion…
Alanis Obomsawin. Chanteuse et cinéaste abénaquise.
Née au New Hampshire, Alanis grandit sur la réserve Odanak, près de Sorel. C’est là qu’elle apprend par Théo, le cousin de sa mère, des chansons et des contes abénaquis. Puis sa famille déménage à Trois-Rivières où elle est la seule famille amérindienne. Alanis a10 ans. Elle ne parle ni anglais, ni français. On l’insulte. Elle se fait parfois battre à l’école, surtout après les cours d’histoire. Des histoires … mensongères…
Elle va passer le reste de sa vie à rétablir les faits.
Que fait-elle? Elle va témoigner. Elle va transmettre. Elle va propager la vérité de sa culture, raconter l’histoire de son peuple. Par tous les moyens. Et d’abord, elle va chanter.
En 1960, débute sa carrière de chanteuse à New York, qui l’emmène dans les écoles et sur les scènes des campus universitaires dans le milieu folk en pleine effervescence militante.
En 1967, se profile pour elle une autre manière de témoigner : montrer. Elle a fait entendre, elle va faire voir.
C’est par le cinéma documentaire qu’elle va donner la pleine mesure de sa mission de mémoire, élargissant sa vision aux revendications de toutes les nations autochtones. Des films de lutte et de beauté, autant de révélateurs qui nous permettent de saisir à la fois les misères et les richesses de son peuple.
Alanis réalisera plus de 43 films à l’Office National du Film. De ces films, tous méritoires, certains seront particulièrement célébrés.
Il faut d’abord mentionner Christmas at Moose Factory, son premier film, entièrement construit à partir de narrations et de dessins d’enfants.
En 1977 il y aura Mère de tant d’enfants, ce film où elle en dit tant sur la condition des femmes autochtones.
En 1981, Incident à Restigouche témoigne d’un événement de brutalité policière dans une réserve Mic Mac, où les Indiens se battent pour la reconnaissance de leurs droits ancestraux de pêche au saumon.
À large portée humanitaire, ses films naissent souvent d’une tragédie individuelle. Dans Richard Cardinal : le cri d’un enfant métis de 1986, le récit dramatique du suicide d’un jeune garçon va initier des changements dans l’administration des services sociaux chez les familles d’accueil en Alberta.
Et personne ne peut oublier Kanesatake : 270 ans de résistance. Certainement son film au plus grand retentissement. Au cours de l’été de 1990, Alanis va passer 78 jours derrière les barricades dressées par les Mohawks pour protéger leur pinède, à tourner des images les opposant à la Sûreté du Québec et à l’Armée canadienne. Ce documentaire expose les problèmes des autochtones au premier plan de la conscience des Canadiens et de la scène internationale. Et remporte 18 prix à travers le monde.
Et Alanis persiste. En 2014, elle lance Trick or treaty, grand film d’espoir qui salue la résilience des jeunes autochtones engagés dans le mouvement Idle no more (finie l’inertie).
Encore aujourd’hui, elle est aux premières lignes, toujours là à dénoncer les injustices, les iniquités, toujours là pour son peuple.
De prestigieuses récompenses jalonnent ce parcours exemplaire et exceptionnel. Membre de l’Ordre du Canada, de grandes universités canadiennes lui décernent des doctorats honorifiques. Mais la vraie récompense pour Alanis est que son œuvre vit, et vibre, et permet à son peuple abénaki et aux Premières Nations d’avancer, chanson par chanson, film par film, et depuis 30 ans déjà, par ses gravures et lithographies– exposée notamment au MoMa à New York.
Alanis Obomsawin, une grande artiste qui nous montre depuis plus de 50 ans comment le travail artistique acharné et déterminé peut faire en sorte qu’un peuple, son peuple, ne soit plus «invisible».
Une grande artiste qui nous montre, par sa vie, par son œuvre, comment on peut se battre… avec les armes de la paix.
Les Artistes pour la paix vous disent MERCI, Alanis Obomsawin.
Suite à ce discours de Guylaine Maroist, elle-même cinéaste documentaire et présidente des Artistes pour la Paix, Alanis, très émue, parle avec toute sa passion de son nouvel optimisme, après hélas des décennies où elle a été témoin de tant de racisme et de dizaines de suicides de jeunes des communautés du Nord (on connaît le refus du gouvernement Harper de déclencher une enquête, même après la mort inexpliquée de mille deux cents femmes et jeunes filles autochtones).
Alanis a reçu du public rassemblé par les Artistes pour la Paix une ovation debout d’une rare intensité, miroir de sa propre intensité et intégrité.
Hommage posthume à Paul Buissonneau
Lire le compte-rendu en cliquant ici.
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« Merci à toutes les personnes admirables qui ont participé à cet événement exceptionnel et annuel qu’est la remise du prix de l’Artiste pour la Paix. Pour rien au monde je ne manquerais ces cérémonies. Celle d’hier fut mémorable à tous points de vue. Au plaisir de faire partie de la famille. Ma collègue Natalie Michaud – nouvellement membre des APLP – et moi allons dorénavant afficher fièrement notre « membership » dans le programme de nos concerts.» Témoignage ému de Geneviève Soly, claveciniste comme ses parents les Lagacé, artiste pour la paix et directrice de la société musicale les Idées Heureuses.
Qui aura-t-on encore le malheur d’oublier dans nos remerciements, et on s’en voudra tellement car tout ce travail repose, comme le dit si bien Raôul, sur une chaîne de « bénévolats »?
D’abord, impossible d’oublier
- le témoignage d’Alanis, plusieurs en pleuraient,
- celui de Romain envers son maître Paulo, une performance, plus que cela, la création d’un mythe,
- la poésie lyrique de Raôul à l’égard de Dolorès,
- le sourire et l’assurance réconfortante de notre présidente Guylaine Maroist,
- l’animation toujours en phase, sympathique, attentive, jamais obséquieuse de Domlebo, smooth operator, dont on vous signale le CD paru cette même semaine, ses textes inspirants avec la collaboration musicale de Jérôme Minière
- et les interventions ponctuelles, chaleureuses d’Yvon Deschamps, Monik Barbeau, Isabelle Miron, Judi Richards, Frédérick Thomas (créateur de l’œuvre primée du concours des trente œuvres pour la paix piloté par Judi), Patrick Léonard et Nassib el-Husseini.
Et tout cela n’aurait pas été possible sans le travail admirable (ce n’est pas une formule de politesse, c’est l’expression d’une immense gratitude!) des
- Marie Saint-Arnaud et Judi Richards aux communications,
- Diane Croteau sur la route des vins et des fromages,
- Monique Rondeau, Izabella Marengo, Marcel Saint-Pierre, André Cloutier,
- nos webmestres Valéry Latulippe (avec Arlo!), Christian Morin
- la Chapelle Historique du Bon-Pasteur (Pascal Boudreault)
- nos commanditaires, la Fromagerie des Cantons Inc. à Farnham et la Fromagerie du Presbytère à Sainte-Élizabeth-de-Warwick. Comme les APLP malgré leurs airs internationalistes sont très « terroir », leurs fromages sont accompagnés de vins de la route des vins à Dunham : du Vignoble Les Trois Clochers, du Vignoble l’Orpailleur et du Vignoble du Domaine des Côtes d’Ardoise, ainsi que de bières de la micro-brasserie Ale & Lager.
Et j’en oublie certainement avec mon cœur qui bat très fort,
Pierre J.
Visitez la galerie de photos de la cérémonie en cliquant ici.
Toujours bon de découvrir de nouvelle chose.