Voici les contributions reçues des membres et sympatisants des APLP dans le cadre du XVe Festival International de Poésie Parole dans le monde. Merci à tous et toutes ! Nous les publions à mesure que nous les recevons. Vous pouvez aussi voir la page du XIVe Festival de 2020 en cliquant ici. Mis à jour le 14 juin.
Claudine Bertrand
Souvenir de paix
Silhouette noire
dans le vert paysage
tu te glisses au ras du réel
comme l’éveilleur de l’Éden
pour faire surgir les mots
paix et univers
pour les conjuguer à tous les temps
Je lis ce poème réinventé
il résonne encore
sur toutes les lèvres
se mêlant aux chants et soupirs
qui refusent de se taire
pour éloigner la barbarie
En une langue familière
au parfum ensorcelant
dans des zones d’amour et de paix
ouvrant de nouveaux horizons
d’un merveilleux possible
le Veilleur et son peuple
ravive la liberté
pour sculpter une humanité plus vaste
une humanité plus équitable
André Jacob
Cauchemar d’enfant
Dans les entrailles du monde
Un enfant crie à l’aide
Rugissement dans l’ombre des champs de bataille
Demain dans le silence de la paix
Que lui dira-t-on ?
Pesadilla de niño
En las entrañas del mundo
Un niño pide ayuda
En la sombra de los campos de batallas
Mañana en el silencio de la paz
¿Que vamos a decirle?
Jacqueline Assaël
Secrète étoile
L’étoile filante
A bondi en cascatelles
Un peu hésitante
– Et pâle –
Mais tout droit
Et toi
Abasourdie
Tu n’en revenais pas
Tu as couru
– La nuit –
La flamme l’étincelle…
Ne le dis pas
La Vie
Importe
Et il faudrait la compassion
Marilyn Culhane
Métamorphose
douceurs flocons de silence
mets célestes des sages
forêt clarté scintillante
combats bouclés racines et communion
brise et arbres rieurs
un infini bonheur se tisse
tous les peuples de la terre
en équilibre
forces de désir
visages transparents
amitié chaleur de l’esprit
éclosion de solidarité
réveil et moutonnement des vagues
Jacqueline Assaël
Ma muse sera gaie comme un flocon d’écume.
Je le dis doucement. Légère et désinvolte,
Un peu insoucieuse, une fille qui hume
La surface des choses, et point ne s’en révolte.
Elle sera la paix. La tranquille coutume
De vivre lentement. Une douce récolte,
Alourdie et rieuse. Tous les bonheurs qu’allument
Les feux de la Saint-Jean quand l’été virevolte.
*
D’autres voix transportaient ces prières errantes,
Étrangères sacrées jusques en nous vivantes.
La poésie est simple et pleinement vibrante.
La muse sera grave et notre joie fervente.
André Jacob
Hiroshima 2.0
Dans les lueurs du passé
Des poètes rêveurs
D’amour et de paix
Mouraient emprisonnés
Pour crime de vérité
Ce jour-là
Le 6 août 1945
Ombre funeste
Une bombe
A … H …
Fracas et silence
Soleil noir
Volcan de malheur
Radiations d’horreurs
Se souvient-on d’Hiroshima ?
De l’amour soufflé ?
Vers des abysses inconnus ?
Le souvenir reste gravé
Sur des stèles écornées
Drame vivant
Les poètes veillent
Appellent la paix
Encore et toujours
Jacqueline Assaël
La vie n’est pas une conquête
La vie n’est pas une conquête,
La vie n’est pas un champ d’honneur,
La vie n’est qu’une pauvre alouette
Qui s’ébaubit de son bonheur
Qu’un pauvre oiseau qui s’ensommeille
Aux plages douces du matin,
Quand aucun vent ne le réveille
Que le soleil clair et divin.
Qu’un ventre d’or, une étincelle
Au ciel perdue comme un espoir,
Qu’une île rose, une île frêle
Et qui s’envole vers le soir.
Un flamant bleu qui s’écartèle
Aux glaces pures des étangs,
Comme un soleil, comme une stèle,
Duvet de plumes et de sang.
La vie n’est pas une conquête,
La vie n’est pas un champ d’honneur,
La vie n’est qu’une pauvre alouette
Qui s’ébaubit de son bonheur
Ziad Medoukh (Palestine)
Les anges ne meurent pas
Repose en paix Razane
Les haineux ont tiré sur ton cœur blanc
Ils ont touché ton corps fragile
Ils ont atteint ton visage enfantin
Ta robe blanche devint rouge et ensanglantée
Toi l’infirmière ambulancière volontaire
Toi qui soignais les blessés sur les frontières
Toi qui n’avais jamais peur de leurs balles réelles
Toi la secouriste sans fatigue
Toi, l’engagée pour ta cause juste
Toi, la pacifiste sans haine
Toi, l’humaniste par excellence
Toi, la voix des opprimés
Toi, qui sauvais les vies bénévolement
Toi, la lune de notre retour
Toi, la force et le courage de la jeunesse déterminée
Toi, la dignité de tout un peuple.
Aux larmes dans tes obsèques
Ton enterrement est un honneur pour ton combat
Un grand hommage pour ton soutien aux blessés
Les ennemis de la vie ont abattu une ange sur terre
Silence, on tue les infirmières à Gaza !
Silence, on assassine les innocents de Gaza !
L’injustice se poursuit
Ton sourire est résistance
Ton rêve inachevé est combat
Ton courage est un défi du blocus immortel
Tes mains douces sont révolution
Ta patience est liberté
Ta colère est droit
Ton aide aux blessés est un cri légitime contre l’injustice
Ton assassinat est une honte pour cette occupation aveugle
Ta mort est une honte pour ces instances officielles
Ta disparition est une honte pour ce monde qui se dit libre
Ton départ est une perte pour Gaza et pour les braves solidaires
Mais ces occupants aveugles n’apprennent rien de l’histoire
Ces criminels de guerre ne connaissent rien de cette réalité
On n’enterre pas la lumière éternelle
Ils ont oublié que les anges ne meurent pas
Repose en paix Razane
Toi, force, ténacité et espoir pour la Palestine !
Toi, la colombe de la paix palestinienne !
Barbara Sala
Du haut d’une montagne
J’étais assis à une table en bois,
Ma vue scrutant les montagnes, les arbres et les rivières lointaines,
Juste au moment où j’ai ouvert ma boîte à pique-nique pour manger mon dîner,
Un homme apparut derrière les arbres,
Il marchait sur les nuages et volait sans ailes,
Suivi d’un troupeau d’animaux à ses côtés.
C’était St. François.
Il s’est assis sur mon banc, j’ai partagé mon repas avec lui: fruits et noix, fromage de chèvre et pain noir,
Les animaux nous entouraient dans une grande sérénité.
Une bouteille d’eau passait de bouche en bouche,
Le faucon n’attrapait pas la souris,
Le loup ne chassait le lièvre,
Le tigre avait mangé toute la nuit,
Le cerf se frottait contre sa cuisse.
Pendant que François et moi mangions notre dîner,
Le lion dormait à côté des moutons.
« Pouvons-nous, les humains, parvenir à ce genre de paix ?
Pouvons-nous même jouer à ce jeu d’harmonie ? »
« Bien sûr », dit-il, «Aimez-vous.
Aimez la Mère Nature et toutes les bêtes,
Cela rayonnera alors de vos cœurs,
Et créera les beautés le long de votre chemin. «
Sa main traça un grand cercle dans le ciel ouvert,
Et comme marcher sur les nuages, sans ailes pour voler,
Saint François disparut derrière les arbres
Son troupeau d’animaux à ses côtés.
(traduction Deepl, revisé par Roberte Bonté)
Izabella Marengo
Roland Provencher
Explosion
Un plateau de cristal explose sur le plancher de céramique. La maison s’enflamme aussitôt. Une sombre armée de griefs s’avance en une chevauchée menaçante.
Puis, comme à l’habitude, la tempête s’apaise faute de munitions et chaque belligérant, épuisé et satisfait d’avoir étalé la puissance de ses arguments, se retire dans son domaine intérieur. Ils seront trois jours sans s’adresser un traitre mot.
La prochaine fois, songe le mari, je mettrai un sucre de plus dans son café !
Leslie Piché
Hollywood : Goéland 1 – Alain 0
Guerre épique entre la ruse et l’affront. Le cerveau de l’oiseau a déjoué l’homme !
Alain bichonne ses mangues, qu’il expose au soleil pour qu’elles se gorgent de chaleur et rendent ainsi sucre et jus.
Or, le volatile guette, bien que l’homme le chasse. Mais… il ne fallait pas aller à la mer où l’on baisse la garde entre deux vagues.
Au retour à la serviette, paf ! horreur ! Jonathan a picoré le fruit chéri et … a a-do-ré d’après l’état de la chère chair.
Tant pis, bonhomme ! Sois moins arrogant et n’abandonne rien qui susciterait la convoitise de la… bête ! Et vlan !
Françoise Cloutier
Première image, la colombe de Guernica de Picasso, 1936. Puis, soudain un souvenir surgit de ma mémoire : mon père qui disait que plus jamais il n’y aurait de guerre. Lui, un combattant volontaire de la Seconde Guerre mondiale. Son affirmation était tellement sincère.
C’était avant le Vietnam.
Que voulait dire papa ? Il n’en pouvait plus de la guerre, c’est certain. Alors, il nous rassurait. Il nous rassurait comme il le faisait devant un orage électrique que nous contemplions, haut dans le ciel, de la fenêtre du salon.
La paix, c’était se promener en jeep. Se promener en jeep avec papa sur la digue (le dike, disait-il), cette bande de terre étroite qui relie les écluses de Côte Sainte-Catherine et de Longueuil. Le meilleur chauffeur au monde pouvait retourner la voiture à 180 degrés sur un dix sous.
C’était la paix sans le danger.
Aspasia Worlitzky
Mystère
Ah, mon père !
je voudrais tant chanter vos yeux marins
l’énigme de votre existence.
Vous rencontrer encore une fois une seule fois
dans n’importe quel méandre abandonné de la ferme
en piétinant la terre humide
qui entourait les arbres d’abricots
penchés jusqu’au sol.
Vous observer sous le saule pleureur
solitaire protecteur surveillant en cachette
la fleur nocturne de l’avocatier.
Les chiens aboyant à la lune
leur museau à travers les barreaux du portique
rongés par les hivers farouches
l’alerte des bombes les cris les blessures.
Votre guerre a-t-elle pris fin ?
Je donnerais tout pour vous avoir près de moi
je devinerais vos parcours
maintenant que j’ai les tempes grises et l’âme fatiguée
maintenant que la cadence des valses de Strauss
que vous apprivoisiez à l’infini
ne m’atteint plus.
Je pourrais vous demander
où est cette grand-mère jamais entrevue
comment la reconnaître à la tombée du jour
entendre ses pas dans le verger.
Ah, mon père !
si absent dans mes errances
votre canne votre chapeau la fumée de vos cigares particuliers
sur la terrasse en marbre rougeâtre
que donnerais-je pour vous égayer encore une fois.
Une unique fois.
France Bonneau
Héritage
J’ai eu des roses en héritage
Des chants pleins les oreilles
J’en prévois d’autres à venir…
Et le rêve
Pour abattre la mort quotidienne
Pour dire l’espérance.
Monique Pagé
Ensemble
blanc à noir
noir à jaune
catholique à musulman
bouddhiste à agnostique
de gauchiste à centriste
de centriste à militant de la droite
les mêmes battements artériels
les mêmes globules rouges
des transfusions multidirectionnelles
nécessaires
essentielles
pour vivre tous
ensemble
pourquoi
ces furies dans les regards
dans les paroles
j’ai besoin de nous pour survivre humain
nous avons besoin de toi pour grandir humain
Marie-Andrée Nantel
Immigrant
Tes pas hantent encore
les chemins de ton pays
en un jeu de noirceur et de clarté
Le regard perdu au-delà
de tes horizons à fleur de peau
tu tais les ombres de l’exil
Réfugié dans un pays de paix
tu promènes ta liberté nouvelle
sur les trottoirs d’égalité
Tu métamorphoses sans crainte
tes forces et tes faiblesses
ta voix s’entend
Au rythme fraternel des jours
ta quête intime et viscérale
pacifie tes origines
France Bonneau
Cela nous sufft
Nous aurions bien aimé avoir des érables ici
Nous n’en avons point
Nous allons au ruisseau tous les jours
Celui qui passe entre nous
Il a saveur sauvage
Même la nuit on entend son murmure
Jusqu’au fond de la chambre
Cela suffit
Cela nous suffit.
Nous aurions bien aimé avoir un voilier amarré ici
Nous n’en avons point
Nous allons au ruisseau tous les jours
Nous prenons une barque et des rames
Nous filons sur l’eau
On dirait la mer belle à pleurer
Cela suffit
Cela nous suffit.
Nous aurions bien aimé avoir un château en Espagne
Nous n’en avons point
Nous allons au ruisseau tous les jours
Ramasser les pierres du rivage
Nos bras n’ont plus sommeil
Se tendent au bruit de l’eau
Dessinent un paysage
Une Andalousie juste pour nous
Cela suffit
Cela nous suffit.
Nous aurions bien aimé avoir la tranquillité des jours
Nous allons au ruisseau
Celui qui passe entre nous
C’est là que la paix se trouve
Nous l’avons compris
Cela suffit
Cela nous suffit.
Marcelle Bisaillon
Un bruit court (rumeur)
Un bruit court
il galope même
d’une marée à l’autre
de vent fol en torrent
humeur contre rumeur
il court comme le furet
du jardin à la loggia
faisceau lumineux en folie
iceberg déconstruit
de dune à yourte mongole
des amphitryons du cœur
aux confréries des fous des dieux
des apôtres de la non-violence
aux boulimiques des fusils
le bruit fend l’air
fouette les nuées en déroute
karma convoité
il répand la bonne nouvelle
des oiseaux plein la bouche
leurs cris comme musique
sonorités messagères
des abysses à la canopée
des antéchrists rédempteurs
aux apocalypses à l’envers
se hâte s’essouffle reprend sa course
ne peut plus s’arrêter
parcourt steppes et bords de mer
trot et amble conjugués
le bruit file à l’épouvante
en sueurs échevelé
se brûle au feu de tous les bois
le front offert au souffle
comme dentelle à la fenêtre du temps
battants ouverts
flocons virevoltants
des premiers émois
triomphant mais recueilli
il annonce siffle et chante
oyez oyez bonnes gens nous y sommes
c’est la fin de ce monde
c’est le début d’un autre monde
la paix vient d’être signée
Lise Chevrier
Le poète et la mort
Le poète avait eu beau
faire surgir de son cœur
les ailleurs possibles
affranchir l’eau du réel
des sécheresses intérieures
se répandre inéluctable
en gestes de liberté
Ceux-là
bouches amères
cœurs aveugles
sourds esprits de métal
n’avaient eu de cesse
d’exciser son cri du vivant
de dissoudre son visage
dans la brulure du silence
l’acide des certitudes
Au-delà de la marche muette
du tumulte
sa voix avait ondoyé
si loin
jusque dans les os
l’air s’était saturé
de son souffle
Même puni de réclusion
rien ne pouvait arrêter son poème
surtout pas sa mort
Lady Rojas Benavente
Danielle Shelton
Aller avec la peur
Il arrive que les ombres recouvrent tout. Que cela grince lamentablement. Que vingt-cinq livres de larmes coulent avant de se disperser sur une plage minée. Il arrive qu’une peine de corps avale le gout de jouer.
Vivre en guerre dans des vêtements déchirés. Être blessé aux endroits mêmes des déchirures. Redouter les rêves.
Comment n’aurais-je pas peur ?
Peur de toucher le fond du fleuve de ma vie et de ne pas pouvoir y rester. Pour mourir en paix. Peur de devoir essayer de remonter. Par réflexe. Et de mourir en état de panique.
Je dois éviter à tout prix de toucher le fond. Me raccrocher à quelque chose… Quelque chose de concret… De beau… Une nuit… Un matin… Un baiser dans un escalier….
Et espérer que ça tiendra le coup le temps qu’il faut.
Le temps d’une paix.
Nicole Lierre
Vous avez bien dit Ange de la Paix
Reconnais-le
Ce n’est pas de cette sorte d’ange
Dont tu rêvais
Pour la paix
Tu m’imaginais blanc immaculé
Mais vois-tu je suis un ouvrier
Qui relève sans relâche ses plumes
Et c’est de ta faute humanité
Pas une once de tranquillité
Sur ta terre
À chaque jour son lot de misères
Je ne sais plus où donner de l’aile
Obligé de tremper
Dans de sales affaires
À longueur d’éternité
C’est un enfer
Mais n’aie aucune inquiétude
Si j’y ai laissé ma blancheur
Je n’y ai point perdu mon ardeur
Je le savais que ce poste
Ne serait pas de tout repos
J’assume et sois assurée
Chère humanité
Que tant que tu n’auras pas compris
J’accourrai et t’enseignerai
À l’infini
Mes leçons de paix
Jusqu’à ce qu’elles attendrissent
Ton cœur de pierre
Néelia
TIAN
TIAN une abréviation qui sent notre Midi,
TIAN la recette parfumée dans son plat en terre cuite.
TIAN un traité qui prend des ailes de colombe
TIAN Un traité autour de qui les enfants feront la ronde
TIAN Que de bien et de bon dans ce joli mot
TIAN un traité qui sonne aussi doux qu’un grelot
TIAN c’en est fini avec toi des armes nucléaires
TIAN la paix vole comme un papillon dans l’air
TIAN nous t’accueillons ici dans notre pays
TIAN nous veillerons à ce que tu sois obéi
Nicole Lierre
Pour que la paix s’envole
Et s’il suffit de mille grues pour la venue
Du bel avenir pétri de paix et d’amour
Pourquoi continuer à attendre et rester sourds
Mettons-nous en action pour le Senbazuru
À la mémoire de Sadako et des autres
Les victimes d’hommes aveugles et féroces
Écrivons sur les ailes prêtes à l’envol
Le bon mot de PAIX et qu’il devienne enfin nôtre
Soyons mille et plus à le faire palpiter
Bien au creux de nos cœurs bien au chaud de nos paumes
À la vie comme du miel que les mots soient doux
Comme de l’art que les élans soient ajustés
Pour le pouvoir il suffirait de le vouloir
Tous ensemble crions gravons à l’infini
Mille mots mille gestes pour la paix chérie
Rien ne peut nous arrêter il suffit d’y croire
Texte inspiré par la légende japonaise des Mille Grues
Senbazuru: guirlande de 1000 grues
Sadako : fillette japonaise atteinte de leucémie suite à l’explosion de la bombe atomique sur Hiroshima
Néelia
Va, Liberté !
Va Liberté, accroche-toi aux pages du calendrier,
Et glisse-toi, magique, dans le bel été…
Mais jamais ne fais souffrir l’ami.
File Liberté avec la biche dans la clairière,
Pose-toi sur le soleil ou la rose trémière,
Mais jamais ne fais souffrir l’ami.
Va Liberté, ne cherche plus l’heure qu’il est,
Fais confiance à ton cœur et au temps espéré,
Mais jamais ne fais souffrir l’ami.
Suis Liberté, l’étoile et sa lumière,
Bois Liberté l’eau de la source claire,
Mais jamais ne fais souffrir l’ami.
Admire Liberté l’agneau à sa tétée,
Et à l’horizon ce beau champ de blé,
Mais jamais ne fais souffrir l’ami.
Tu seras l’impertinente beauté,
Tu seras le goût de mon café au lait,
Tu seras l’accordéon et son air romancé,
Tu seras la guitare et la flûte enchantée,
Tu seras la main et le pas avancés,
Tu seras l’amour et tous ses bienfaits,
Tu seras tout ce qu’on veut adorer,
Tu seras Aragon pour Elsa Triolet,
Tu seras la colombe porteuse de Paix,
Mais jamais ne fais souffrir l’ami.
Michel Vermette
Guerre éclair
Les chars d’assaut chargent les badauds
Tu aurais envie de cracher sur les blindés
Et pourtant rageur tu fuis toi aussi
Avec la foule des réfugiés épuisés
Guerre à tout vat, je veux une terre à moi.
Afin de vivre en paix. Mais longue est l’attente.
Les avions de chasse te menacent
Hommes, femmes et enfants hurlent
Devant les armées déchaînées
Canons emplis jusqu’à la gueule,
La résistance est Ô combien dérisoire.
Poignards aux dents, les meurtriers accourent
Leur haine affutée comme un rasoir,
Un peuple entier ils ont décimés.
Néelia
Chard Chénier
Réjean Mathieu
Quand pourrons-nous chanter ?
1. (2/2)
Depuis un an déjà
La vie s’est confinée
On rit, mais sans éclat
La joie s’en est allée
2. (3/4)
Depuis lors on apprend à penser
À souffler, ralentir, respirer
À rêver, regarder, admirer
Méditer, se calmer et aimer
3.(4/4)
À quelque chose malheur est bon
On a appris ou réappris
À se guider sur la raison
Tout en aimant, on l’a compris
4. (8/4)
La leçon de cette épopée
De donner à l’humanité
Un meilleur futur à penser
Un monde en paix, amélioré
5. (9/8)
Quand saurons-nous respecter la vie
L’oiseau, le cheval ou bien l’humain
Quand pourrons-nous oublier les conflits
Marcher le coeur sur la main
Quand aurons-nous la liberté vraie
Qui permet la justice et la paix
REFRAIN
Quand nous saurons danser
Quand nous pourrons chanter
Quand nous verrons l’été
Quand nous saurons aimer
Gaëlle LeClézio Claessens
La paix sur la terre
La paix sur la Terre commence par la paix en soi. C’est mettre de l’ordre dans les pensées qui sont si facilement manipulées par le désordre ambiant auquel on participe.
Ce sont bon nombre de notions toutes faites, de facéties qui divisent les humains entre eux alors que l’on devrait accorder à chacun sa chance de croître en ses facultés et de manifester sa nature fondamentale d’amour inconditionnel de l’humanité en marche vers le meilleur.
Que nos dirigeants à la tête des pays sachent répondre aux besoins nécessitent une connaissance à tous les niveaux de la manifestation humaine. Il est des mesures à prendre en ce sens qui reconnaissent et encouragent la participation de chacun au tissu social.
Les actions et les situations privilégiées ne devraient pas se faire au dépens du minimum vital de certains selon leurs droits et le devoir commun à tous.
Gonfler les désirs et accorder à l’argent une place prédominante n’a rien qui favorise la paix d’esprit et l’appréciation d’exister tout en participant de son mieux à la vie sur notre planète.
Néelia
Paul Laurendeau
Une marche sans espoir
Nous marchons sans espoir
Vers cet horizon bleu
Que dévore le soir
Dans le sang et le feu.
Les cités se dressent,
Ruines fantastiques.
Notre armée se presse
Vers sa destinée.
Nous marchons sans penser
À ce chemin de terre.
Sur nos fronts, la poussière
Creuse forces tranchées.
Il y a la guerre
Là, au loin, quelque part.
Notre armée se prépare
À son agonie,
À son agonie.
Nous marchons sans espoir
Vers ces humains tonnants
À la courte mémoire.
Pourtant, nous les aimons tant.
Ces ruines qui fument
Crachent l’absurdité.
Notre armée s’inhume
Dans sa destinée.
Est-ce notre tribut
De piétiner les ruines
De nos nations sans but ?
Tiens, il vente et il bruine.
Nous marchons sans espoir.
Il n’y a plus de temps.
Tiens, il pleut et tonne maintenant.
Nous les aimons tant.
Nous les aimons tant.
Christophe Condello
Eau disparue :
*
Je crois en l’absence.
Aux pupilles noircies
du
néant
après le jour.
*
Un poème, qu’est-ce
sinon le
s
i
l
e
n
c
e
entre nous?
L’univers pourtant
s’y trouve
entre guerre et paix
une étincelle.
*
Une nuit me porte
la beauté seule
des étoiles.
La distance multipliée
des peuples.
Je marche
parmi vous
dans l’effacement
sans
être
réellement
des
v
ô
t
r
e
s.
*
Tu es
MÉMOIRE
qui vacille.
Eau disparu
e
d
e s
s a
b
l
e
s
émouvants.
*
Personne
devant
plus personne
ne
r e s t e r a
un
é
t
r
a n g e
r.
*
Tous
ensemble unique
(en hommage à Raymond Lévesque: Il n’y a pas trois milliards d’hommes. Il n’y en a qu’un.)
*
Chard Chénier
Paul Laurendeau
Histoire de soldats
Hier, un soldat n’est pas revenu.
Au loin, le combat murmure, perclus.
Il s’est étendu la main sur le cœur.
Son souffle a rendu. L’espoir et la peur.
Au flanc de la terre ses frères se terrent.
Ferons-nous taire ce triste tonnerre,
Un jour ?
Hier, un garçon a perdu son père.
Fredonne chanson, orphelin de guerre.
La femme a fermé les volets de bois.
Son homme est tombé. Ce soir, il fait froid.
Au sein de sa mère, un enfant se terre.
S’en ira, fier, se battre à la guerre,
Un jour.
Hier, une soldate n’est pas revenue.
Ce conflit qui date perdure, sans but.
Ses yeux sont plus grands. Fixe est son regard.
Son souffle, elle rend. La peur et l’espoir.
Au flanc de la terre, ses sœurs se terrent.
Ferons-nous taire ce triste tonnerre,
Un jour ?
Hier, une fillette a perdu sa mère.
Fredonne rimettes, orpheline de guerre.
L’époux a fermé le précieux tiroir.
Sa femme est tombée. Il fait froid, ce soir.
Dans les bras d’un père, une enfant se terre.
S’en ira, fière, se battre à la guerre,
Un jour.
Chard Chénier
I Gave Peace a Chance
I found inner peace
and,
with care,
placed it to stop,
and
open,
your
heartbreak’s door.
Christophe Condello
Tout Contre
Écrire
contre ta peau
les cheveux en bataille
je tente de saisir
guerre et déraison
et de nous
guérir
Chard Chénier
Earth and Sky – Paperwork (mixed media) 22″ x 30″
Christophe Condello
Tibet
Tibet
je suis mort
de honte
de laisser faire
sans rien dire
j’ai froid
de ne pas te réchauffer
dans les bras
de la liberté
j’ai la gorge serrée
de tous ces cris
retenus depuis trop longtemps
j’ai peur
de m’endormir
dans mon silence
et de t’oublier
Tibet
toi tout là-haut
qui brille de mille feux
de paix et d’amour
toi que le dragon chinois
à avaler
toi qui demain
sera l’aube
de notre humanité
Patrick Édène
Pour le jour d’après
Trop souvent le manque est le révélateur
De ce qui était habituel et bénéfique
Lorsqu’on oubliait d’en être l’admirateur,
Emporté dans des désirs devenus tragiques
Parce que l’esprit ne peut plus prendre le temps,
Dans sa course à tout, de voir qu’il en est content !
Voilà qu’il a fallu être en confinement,
Interdit de sortir de chez soi plus d’une heure
Pour réduire la pandémie, assurément,
Et sauver de chacun la vie et le bonheur ;
C’est alors que se fit la prise de conscience
Que nous sommes tous unis par la même alliance !
Ainsi, pour le jour d’après, j’ai une espérance,
Ou devrais-je écrire des vœux et des espoirs :
Que nous n’oublions plus, nous tous, dans des errances,
D’ humer le parfum des fleurs pour s’en émouvoir,
De sentir la splendeur du monde jusqu’en soi,
De contempler les plaisirs simples qui font nos joies ;
De savoir, à chaque instant, la chance magnifique
Que chaque personne a de vivre avec les autres,
De comprendre en tout, que la nature mirifique,
Est le plus grand des trésors qui est bien le nôtre,
De respecter la valeur des petits métiers
En cessant d’avoir envers eux un air altier ;
De ressentir que nous sommes interdépendants
Et que le partage est la source des victoires
Nous accordant de ne pas être des perdants ;
Les soignants l’ont montré en faisant leur devoir,
Servant à notre nation, de brillant miroir
Où se reflète la gloire de notre histoire ;
De louanger, souriants, nos superbes enfants
Qui sont l’avenir du monde et celui de l’amour,
De leur donner, le regard alors triomphant,
Autant d’attention que leurs mères, avec bravoure,
Ont su durant neuf mois leur offrir fortement
Pour les faire naître et les protéger des tourments ;
De remercier le grand miracle de la vie,
Chaque jour, dont la complexité est immense
Et qui permet de réaliser des envies :
D’admirer la magie grandiose des semences
Dont le savoir devenir, peut alors nourrir
Les peuples qui sans elles pourraient en mourir ;
D’écouter les doux silences au-delà des bruits
Des haines et des colères causées par l’ignorance,
D’aider parfois, ou pourquoi pas souvent, autrui
Pour alléger du monde le poids des souffrances,
De sauver et de chérir notre liberté
Dont le synonyme est le mot fraternité :
De comprendre bien mieux l’isolement des vieux
Pour ne plus les ignorer ou les laisser seuls,
Car ils ont construit le pays, en tous ses lieux,
Tout en sachant qu’ils finiront sous un linceul :
Et de penser, toujours, que l’interdépendance
Procure, en vérité, les biens en abondance !
Pierre Keable
Pour que la paix soit là
Pour que la paix soit là
Je respecterai mon voisin
Me soucierai de mes parents
Et planterai dans mon jardin
Semences d’espoir pour nos enfants
J’apprécierai chez l’étranger
Resté chez lui venu chez moi
La part de son humanité
Ensemble accorderons nos voies
Chaque fille et chaque garçon
De chaque ville chaque contrée
Recevront scolarisation
Et pourrons se réaliser
Dans chaque cour de chaque école
Jours de semaines et samedis
Par le geste et par la parole
Les grands protégeront les petits
Les gens que nous mandaterons
Pour faire fonctionner les états
Au bien commun travailleront
Pour le futur et l’immédiat
Les possédants partageront
Dans une vision égalitaire
Une partie de leur pognon
Pour éradiquer la misère
Soldats la guerre déclareront
À la détresse alimentaire
Et les armées se soucieront
Du réchauffement planétaire
Quand ensemble nous vivrons d’amour
Alors seulement la paix sera
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