Naomi Tremblay-Trudeau, étudiante au CEGEP Garneau, 18 ans, visée à bout portant dans le bas du visage par un policier, déclare qu’elle continuera à manifester pour le bien commun Photo de Francis Vachon, Le Devoir

Naomi Tremblay-Trudeau, étudiante au CEGEP Garneau, 18 ans, visée à bout portant dans le bas du visage par un policier, déclare qu’elle continuera à manifester pour le bien commun
Photo de Francis Vachon, Le Devoir

Dernière heure (14 avril 2015) 

Face aux médias qui ont déclaré haro sur l’UQAM, voici une prise de position par Pierre, jeune retraité de l’institution. Cliquez ICI


 

Voici (English will follow, see nr 6) :

1- notre lettre à la ministre de la Sécurité publique Lise Thériault,
2- une référence à Naomi Klein pour comprendre le chaos actuel,
3- un appel très courageux de Dominique Boisvert : merci pour sa permission accordée
4- un extrait émouvant de Jean Bédard : merci aussi pour sa permission accordée
5- deux rendez-vous promis
6- an account of the very first day of protest in Quebec city: Nora Loreto pour rabble.ca

 1

Lettre à la Ministre québécoise de la sécurité publique que nous venons de lui adresser à l’incitation de la Ligue des Droits et Libertés que nous remercions :

Jeudi le 26 mars 2015

Madame Lise Thériault
Ministre de la Sécurité publique
2525, boulevard Laurier, 5e étage
Tour des Laurentides
Québec (Québec) G1V 2L2

Par télécopieur 418 646-6168 (transmission effectuée vendredi matin le 27 à 8h 43: merci à Isabelle Miron, prof à l’UQAM et membre de notre C.A.)

Objet : Règlementation touchant le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI)

Madame la Ministre et Vice-première ministre,

Comme Artistes pour la Paix, nous avons refusé de participer aux marches annuelles contre la brutalité policière, ayant constaté leurs effets contreproductifs. Mais force nous est de reconnaître que leur multiplication trahit, de la part de la population, une impatience et un manque de confiance face aux enquêtes de la police sur la police, suite à certains faits médiatisés de mort d’itinérants, mais pas seulement: le cas de notre Artiste pour la Paix 2013, le musicien Serge Lavoie, victime de la policière matricule 728, nous a évidemment alarmés.Les enquêtes inefficaces à déterminer la responsabilité criminelle d’agent-e-s impliqué-e-s en divers actes de violences policières démontrent l’urgence que soit mis en place un mécanisme d’enquête transparent, impartial et indépendant.

Au moment où une importante contestation étudiante et syndicale contre les politiques d’austérité de votre gouvernement se met en branle, les Artistes pour la Paix appuient la démarche opportune de la Ligue des droits et libertés pour vous alerter sur certains problèmes. Si la loi 12 a proposé l’instauration d’un Bureau des enquêtes indépendantes (BEI), elle a laissé à une règlementation à venir le soin de définir la plupart des paramètres qui devront guider le Bureau dans l’exercice de ses fonctions.

Dans ce contexte, Les Artistes pour la Paix demanderaient que la réglementation à venir assure une plus grande indépendance et efficacité des interventions du BEI et que celui-ci soit tenu à la transparence. À cet effet, nous demandons :

  • que la définition de blessure grave ne soit ni limitative, ni ambiguë et en ce sens nous proposons la définition suivante : « Tout mal ou blessure de nature à nuire pour une période de trois mois ou plus à la santé ou au bien-être d’une personne »;
  • que le règlement sur le déroulement des enquêtes exige la mise en isolement immédiat de tout policier ou policière témoin et de tout policier ou policière impliqué-e, ainsi que leur interrogatoire dans l’heure qui suit les incidents, à moins de circonstances exceptionnelles clairement justifiées;
  • que le règlement sur le déroulement des enquêtes prévoie l’obligation pour tout policier ou policière témoin de collaborer pleinement à l’enquête et qu’une infraction déontologique soit prévue en cas de non-collaboration, vu que les policiers et policières, selon la Charte québécoise des droits et libertés de la personne, sont protégé-e-s contre l’auto-incrimination;
  • que dans ses communications avec le public, le BEI soit tenu d’expliquer de quelle manière l’enquête s’est déroulée et en quoi elle est pleinement conforme avec les obligations prévues au règlement;
  • que le règlement portant sur les modalités de soutien des corps de police de niveau 4, soit les services de police de Montréal et de Québec et la Sûreté du Québec, prenne le soin de préciser que le BEI demeure le maître d’œuvre de l’enquête et qu’en aucun cas les responsabilités du BEI puissent être déléguées à ces corps de police;
  • que le règlement portant sur le financement des frais juridiques des familles des victimes dans le cas d’enquêtes publiques du coroner permette le versement d’avances à ces familles éprouvées.

Enfin, vous seriez aimable de nous communiquer la date de publication des projets de règlements afin que nous puissions, le cas échéant, prendre part à la période de consultation précédant leur adoption.

Au moment où le gouvernement canadien conservateur menace certains de nos droits, par sa loi C-51, et même nos vies, par ses expéditions guerrières irréfléchies et par son laxisme pro-armes à feu*, Les Artistes pour la Paix espèrent une protection démocratique assurée par notre ministère québécois de la Sécurité. Soucieux du bien-être et de la sécurité de la population, nous espérons vous trouver, madame la ministre, dans les mêmes dispositions, auquel cas nous vous prierions d’agréer nos sentiments distingués et l’assurance de notre modeste collaboration,

Pierre Jasmin
Vice-président des Artistes pour la Paix au nom du Conseil d’administration

Copie :  Philippe Couillard, Premier ministre du Québec

*La lettre a été envoyée avant la triste décision de la Cour Suprême ce matin de donner, malgré l’opposition de ses trois juges québécois, la permission au gouvernement fédéral de détruire la partie québécoise du registre des armes à feu. Les Artistes pour la Paix dénonce cette décision, tout comme notre amie Heidi Rathjen de Polytechnique se souvient. La ministre Thériault, qui s’est déclarée très troublée par la blessure infligée à Naomi Tremblay-Trudeau, a pris le ferme engagement à la télévision de Radio-Canada (11 heures 04, 27 mars) de créer un registre québécois des armes à feu. Sur ce dossier, voir nos prises de position émises à l’occasion du triste 25e anniversaire du massacre de Polytechnique sur http://artistespourlapaix.org/?p=6525


 

2

Naomi Klein a publié en 2007 La Stratégie du choc, la montée d’un capitalisme du désastre (titre original : The Shock Doctrine: The Rise of Disaster Capitalism), un essai socio-politique marquant qui s’est en outre révélé immédiatement prophétique avec la crise de 2008. Nous sommes aujourd’hui témoins d’une accélération des violences, avec l’engagement armé des Conservateurs canadiens (on vous invite à lire notre article édifiant sur les bombes à sous-munitions publié en parallèle sur notre site) :

  • AUX CÔTÉS de l’Iran chiite contre l’État Islamiste, en Irak et en Syrie, nos bombardiers volent et voleront pour un an encore, selon la volonté des conservateurs
  • AUX CÔTÉS de l’Arabie Saoudite sunnite, à qui ils ont vendu pour quinze ( !) milliards de $ de blindés armés (lire http://artistespourlapaix.org/p=4994 ) et qui attaque aujourd’hui 26 mars – c’est écrit au fin fond de la page A24 de La Presse- le Yémen et les forces rebelles chiites. Ces dernières étaient déjà éprouvées avec 150 morts causées par un triple attentat de l’É.I. vendredi dernier dans une mosquée chiite où priaient des rebelles Houthis à Sanaa. Cet attentat suivait de deux jours un autre attentat de l’É.I. en Tunisie (plus d’une vingtaine de touristes étrangers tués) perpétré par deux terroristes entraînés en Libye dépecée, on s’en souviendra, par l’OTAN, sous le commandement d’un général canadien qui a perverti les instructions de l’ONU qui voulaient simplement protéger Benghazi des bombardements par Kadhafi.

Bref, confusion totale qui n’empêche surtout pas le Canada irresponsable de Harper de bombarder et d’armer D’UN CÔTÉ ET DE L’AUTRE, pour le plaisir lucratif des compagnies canadiennes et américaines d’armement qui interviendront de tout leur poids financier dans la prochaine campagne électorale canadienne, au profit de qui, croyez-vous ?

manifestantPour connaître ces compagnies qui investissent des centaines de milliards de $ dans l’armement, lisez le rapport de novembre 2014 par l’organisme International Coalition to Abolish Nuclear Weapons ICAN.org que vous trouvez sur www.dontbankonthebomb.org, chapitre 5 intitulé Hall of Shame.

Merci de militer pour défaire les Conservateurs ou vous inscrire comme amis des Artistes pour la Paix ou comme militant anti-nucléaire auprès du Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire : notre existence en dépend peut-être !

Une partie de cet article a été transmise et publiée par l’Aut’Journal (merci à Pierre Dubuc) : voir http://lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=5932 avec la photo ci-haut, probablement antérieure aux manifs de cette année.


 

3

Sur une note courageuse, voici un texte par le chrétien engagé Dominique Boisvert, membre des Artistes pour la Paix :

JE DIS « NON » À LA GUERRE

Monsieur Premier ministre
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps

(Le déserteur, Boris Vian)

Vous avez décidé d’entrer en guerre, en notre nom, contre le groupe armé État islamique, partout où celui-ci opérera : Irak d’abord, et maintenant Syrie et ailleurs.

Au nom de ma conscience, je ne ferai pas cette guerre. Je ne referai pas ici la longue réflexion éthique et géopolitique qui m’a conduit à cette conclusion ferme. Et comme, de nos jours, ce n’est pas de nos corps que vous avez besoin pour faire la guerre mais de notre argent, je ne paierai pas, cette année, un seul sou de mes impôts fédéraux. Et à l’exemple de l’écrivain et philosophe américain Henry David Thoreau, quand les États-Unis ont déclaré la guerre au Mexique en 1846, je suis prêt à aller en prison plutôt que de contribuer, par mes impôts, à cette guerre que ma conscience considère comme immorale.

S’il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre Monsieur Premier ministre

(Le déserteur, Boris Vian)

Respectueusement,
Dominique Boisvert

Bonjour à chacun et chacune,

Comme vous, je suis sous le choc: le Canada entre en guerre, de façon claire, contre le groupe armé État islamique, partout où il se manifestera.

Que faire?

Je ne peux plus continuer à laisser passer, sous prétexte d’impuissance, de légalité démocratique ou de patience stratégique à long terme. Sans compter que, comme toute entrée en guerre, ce n’est que le début d’un long engrenage (la 1ère guerre mondiale en a été un bel exemple; l’intervention militaire en Afghanistan et en Irak aussi; la création de zones d’interdiction de vol en Libye également): en octobre 2014, notre gouvernement demandait d’autoriser une intervention temporaire et restreinte contre l’EI; et six mois plus tard, il demande évidemment de prolonger et d’étendre l’intervention. Je dois m’opposer maintenant, clairement, concrètement, fermement.

Comment?

  • Je ne peux pas empêcher le gouvernement de voter cette « extension/expansion de l’intervention armée canadienne contre l’EI »: il est majoritaire et légalement.
  • Je ne peux pas empêcher des militaires canadiens et leurs avions de chasse de partir: la plupart sont déjà là-bas.
  • Je peux participer à des manifestations, signer des pétitions, envoyer des lettres d’opinions, en parler autour de moi pour susciter un sentiment politique d’opposition (même si les sondages publics sont peu encourageants en ce sens, notre gouvernement faisant tout ce qu’il peut pour encourager le sentiment de peur et l’appui à toujours plus de sécurité, comme la loi C-51 actuellement proposée): tous ces gestes sont valables, importants, et je les ferai; mais aucun de ceux-là n’est pour moi suffisant à exprimer mon opposition radicale à cette guerre.
  • Il y a une seule chose qui m’implique directement dans cette guerre que je refuse: la conscription forcée de mes impôts. Cette guerre est officiellement faite en mon nom et j’y participe, contre mon gré, en payant mes impôts.
  • Si on voulait me forcer à m’enrôler pour participer à cette guerre (dans quelque fonction que ce soit, même loin du lieu des combats), je refuserais clairement, préférant être jugé et emprisonné plutôt que d’être complice de cette guerre.
  • Puisqu’on enrôle de force mes impôts pour faire cette guerre, je ne peux que refuser tout aussi clairement cette conscription contre mon gré: je dois en conscience refuser de payer mes impôts conscrits.
  • Et si je n’ai pas d’impôts à payer (parce que je gagne trop peu, ou parce que mes impôts sont retenus à la source et que c’est le gouvernement qui me doit de l’argent), je dois trouver une manière ou une autre de signifier mon refus ferme de cette conscription forcée, ou trouver un ou plusieurs autres gestes qui marquent publiquement ma désobéissance personnelle à toute complicité avec cette guerre.
  • Ce n’est pas seulement une question de moralité et de conscience individuelle (« être en paix avec ma conscience ») mais c’est tout autant une question de lutte non-violence contre la guerre (celle-ci et la guerre en général).
  • Et l’un des leviers fondamentaux de la lutte non-violente de forcer l’adversaire (ici, le gouvernement)
    ou bien à nous punir pour notre désobéissance (suffisamment grande et visible pour qu’il n’ait pas le choix);
    ou bien à reconnaître (de facto, par son inaction, ou autrement) que nous avons le droit de désobéir publiquement à cette guerre forcée au nom de notre conscience.

Nous n’avons pas besoin qu’une majorité de CanadienNEs deviennent des objecteurs de conscience ou soient prêts à aller en prison plutôt que d’appuyer la guerre par leurs impôts. Il suffit qu’un nombre significatif de personnes (comprenant des gens connus ou pas) soient publiquement identifiées à une position claire et ferme d’opposition, position rendue d’autant plus crédible et puissante qu’elles sont prêtes à en payer personnellement le prix.

Voilà où j’en suis après une journée de réflexion. Et vous, que ferez-vous?


 

4

Enfin, voici, suite à la recommandation de lecture par l’écrivain Yvon Rivard, membre des Artistes pour la Paix, un extrait que j’ai choisi du roman Marguerite Porète :

Publié en 2012 par l’écrivain du Bas-Saint-Laurent Jean Bédard sous le titre complet Marguerite Porète, l’inspiration de maître Eckhart, ce roman se situe en plein Moyen-Âge, alors que l’Inquisition fait des ravages. La dissidente (ou divergente) Marguerite rassure ainsi ses ouailles pour contrer l’Inquisition qui équivaut à l’époque à l’État islamiste ET au gouvernement conservateur de Harper RÉUNIS en une même puissance :

« Ils cherchent à répandre la panique. Mais nous n’entrerons pas dans leur jeu, nous allons continuer à vivre en paix chaque heure que nous pourrons vivre en paix. La plus grave conséquence de leur violence, c’est qu’elle engendre la peur, et par la peur arrive le désespoir et, par le désespoir, nous devenons soit violents, soit soumis, et tout s’aggrave. Nous avons devoir d’espérance, nous avons devoir de bonheur…

–        Alors dites-nous le fondement de ce désastre…
–        Ils ont peur de la vie. Ce qu’ils aiment, c’est la mort : (…) un attachement renfrogné à des modèles immuables.
–        C’est pour cela qu’ils érigent des dogmes (…)
–        C’est pour eux une douce illusion, douce pour celui qui aime le pouvoir et non la vie. Le pouvoir n’a de pouvoir que sur ce qui n’est plus vivant, ce qui ne résiste plus, ne pense plus et ne se transforme plus. Pour le clerc, c’est une idée, pour le chevalier, c’est une épée. Nous, les femmes, nous recevons la semence des hommes [l’action se passe au début du XIVe siècle !], nous portons et nourrissons le fruit, mais qui d’entre nous connaît le destin de son enfant ? Nous aimons la vie parce que nous n’en avons pas le contrôle.
–        Il faudrait prendre soin du seigneur qui s’est intronisé pape, du roi, de nos suzerains évêques comme de grands malades ! Ce sont des fous furieux…(…)
–        Seule la solidarité peut assurer notre salut, nous apporter une sorte d’assurance sociale contre l’inhumanité que l’on craint. »


 

5

ON VOUS PROMET UN MANIFESTE COLLECTIF RÉJOUISSANT LE 7 AVRIL ET ON VOUS ATTEND À QUÉBEC LE 11 AVRIL POUR UNE MANIFESTATION ÉCOLOGIQUE CONTRE LES HYDROCARBURES ET CONTRE LA MENACE D’UN PIPELINE DANS LE FLEUVE SAINT-LAURENT. N’oublions pas que les plus gros consommateurs de pétrole au monde sont les armées terrestre, navale et aérienne d’Amérique du Nord.


 

6

Mass arrests in Québec signal start of Printemps 2015

By Nora Loreto
March 25, 2015 rabble.ca

One hundred people were arrested outside of my house last night. Close to 300 were arrested throughout Québec City.

manif_quebecStudents, mostly; the ones who take to the streets when it’s dark and march around town to condemn the actions of government.

We’ve seen this before: in 2012, the serpentine night rallies were routine. As the protests progressed then, the police repression grew.

Now, the students are back. But this time, it’s not just students who are angry. Fed up with the radical austerity measures of the Liberal government, there has nearly been a protest a day in this province in all of 2015. Even the police arresting the students were protesting the government, in their silly pants.

But the police have no sympathy for the students. Even though it’s obvious that the fight for their pensions is the same fight waged by the students against education funding cuts, one cannot expect solidarity from a cop.

It was nearly 10:00 p.m. From our living room we heard a vicious barking dog and saw cops pour into our street. The police had set up a trap for the protesters: they would not advance in the streets, nor could they turn back. The famous image of a police kettle right outside my front door.

One hundred students with flags and banners. Once jammed into a human box, it was announced: they’d all be arrested. I was standing on my front steps, the only front steps in the perimeter. Friends ran up to see me. Strangers asked for water, to use the bathroom, to escape.

It was cold too. And it would get colder.

By about 10:15, one of my friends said: ils viennent pour nous — they’re coming for us. I wasn’t part of the protest; my days of endless night marching are long over. But it’s my struggle too. In the safety of my property I told him it was OK. We aren’t on the sidewalk.

We aren’t on the sidewalk. It’s OK. This is my doorstep. I have the right to stand on my doorstep.

A cop in riot gear walked up to my bottom steps and starts pulling people off of it. Ils sont avec nous I yell. It doesn’t matter. He pushes more people away from my property. Ils sont avec nous. C’est pas le proprietaire de la ville, c’est chez nous.

C’est chez fucking nous.  And I’m reduced to fight for my private property rights. What the hell.

I’m grabbed by the cop. He pushes me down the steps as my new friends try to pull me back up. J’habite icitte I yell. Am I seriously about to be arrested for standing on my property at 10:00 p.m.?

The cop doesn’t listen. I start yelling in English that he has no right to arrest me or anyone on my steps. We’re doing nothing; literally nothing. My new friends yell the same thing. He relents and we’re all forced inside.

I watched the rest of the evening from behind a riot cop stationed on the threshold of my house, where I drag my stroller in and out of twice a day. I post video and photos, unable to do much else.

The students danced in the streets. The cops took their sweet-ass time and the students organized a game of improv. The cops deliberately slowed down so as to force the maximum amount of discomfort on the students. The students sang.

Frostbite was starting to set into my fingers.

At about 11:15 p.m. the cop guarding my threshold asked me for ID to prove I lived there. He had already seen me go in and out. He had already seen me with my daughter who wouldn’t sleep due to the flashing lights and noise outside her bedroom. I refused. He said he would have to talk to the man who was inside then.

Fine I said. Here’s my damn license.

The students waited outside for three full hours while the cops processed about 100 people. Once processed, they sat aboard a city bus. The cops even had a portable table for the occasion. They closed a main artery of the Haute Ville for three hours. Metrobuses were re-routed. Cars were trapped. And for what?

A student march of 100 would have easily passed through the streets. They would not have shut down two intersections for three hours. They would not have kept babies awake. I would have caught a glimpse of a banner as they passed by.

Instead, we witnessed the new normal: detain, arrest. Hold people outside for hours. Refuse access to bathrooms. Point rubber-bullet cannons at them. Let police dogs loose on them. Let them know that protesting the deepest public sector cuts that Quebec has seen in over 40 years will be crushed by state repression.

If this is meant to send a message to Québec’s youth that they should not protest, the strategy is wrong. Many of the students last night weren’t even teenagers during the 2012 protests. Last night, they laughed in the face of riot police.

They weren’t scared off protesting. Their political education is evolving; sharpening. And something important is emerging.

One hundred people were arrested outside of my house last night. Local CBC Radio didn’t say a word about this, as if mass arrests like these happen all the time.

They will keep happening, that’s true. We have to resist the new normal.