À Montréal, à la Marche Mondiale contre le réchauffement climatique, la danseuse Margie Gillis (officière de l’Ordre du Canada depuis vendredi 12 septembre) et l’humoriste Yvon Deschamps (Ordre du Québec) sourient sous la bannière des Artistes pour la Paix (voir prises de position sur articles antérieurs). L’organisme, qu’ils ont cofondé en 1983-4 et qui fêtera officiellement son 30e anniversaire avec un spectacle le 10 novembre, est présidé par la jeune cinéaste Guylaine Maroist, au centre, assistée par les deux vice-présidents Judi Richards et le pianiste Pierre Jasmin et c’est un discours du triumvirat qui a eu l’honneur de lancer cinq mille manifestants dans les rues de Montréal.
Notre marche s’est déroulée en même temps que la grande marche de New-York mais suivait celles qui avaient débuté dans les fuseaux horaires de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie, puis en Inde et au Népal, ces dernières illustrées par le montage des neuf photos ci-dessous.
La marche pour le climat de dimanche a séduit les Montréalais qui avaient pourtant vaillamment marché la veille pour protéger les retraites des plus vieux en interpellant le gouvernement Couillard de façon vigoureuse mais respectueuse : les manifestants clamaient « Négociation, pas confrontation » et cela dominait (pour combien de temps encore?) les slogans plus mordants tels «On n’a rien volé, nous». Les médias écrits, en ignorant l’importance de ce rassemblement de 50 000 marcheurs, auront-ils fait le jeu de la violence que ne manquera hélas pas de susciter l’arrogance libérale, si elle perdure? Les discours des dirigeants de la CSN, FTQ, CSQ, du syndicat de la fonction publique et celui de Marc Ranger à la tête de la Coalition pour une Libre Négociation étaient très bien commentés à RDI, grâce à la présence de la professeure en études urbaines de l’UQAM, Danielle Pilette, qui a même avancé des alternatives à la confrontation: divers aménagements à la trop radicale loi 3 libérale.
Hier, 21 septembre, c’étaient surtout les plus jeunes qui prenaient la rue et les visages graves syndiqués de la veille faisaient place aux sourires des enfants qui prennent « la terre à coeur », quel slogan adorable…
Oups! On a dit plus jeunes? On voulait dire plus jeunes de coeur, comme les Mémés déchaînées ci-haut avec Marguerite Bilodeau qui a déjà été vice-présidente des APLP (elle n’est pas sur la photo). Elles ont chanté deux de leurs grands succès contre la fracturation du gaz de schiste et contre les pipelines. La Chorale du peuple a suivi, dont on lit la détermination dans les très jeunes visages, puisqu’elle est née d’un camp d’action autogéré voulant empêcher l’inversion du pipeline de la ligne 9 que M. Harper et ses amis veulent gorger de dilbit, c’est-à-dire de pétrole des sables bitumineux additionné de produits chimiques, dont certains importés d’Arabie Saoudite, selon le Parti Vert du Canada.
Guylaine Maroist, présidente des Artistes pour la Paix, harangue la foule au Parc Lafontaine en disant de garder espoir, vu qu’on était à peine quarante personnes au début de nos cinq ans de militantisme pour faire fermer la centrale nucléaire de Gentilly 2 et que nous avons réussi contre les Charest, Normandeau et cie! Nous voici près de cinq mille pour empêcher le pipeline dans le fleuve St-Laurent et nous réussirons, avec votre aide à tous!
Sur la photo, elle souligne un point qui rend ses deux vice-présidents, Judi Richards et Pierre Jasmin qui viennent de parler de l’ONU et des 30 ans des APLP, fort soucieux. Il y a de quoi quand on voit le réchauffement s’emballer… Immédiatement après nos discours, la foule s’est ébranlée vers le parc Jeanne-Mance. À nos côtés, se sont salués et embrassés Margie Gillis et Yvon Deschamps, Isabelle Miron, la plus récente arrivée à notre conseil d’administration du 15 septembre, le cinéaste Martin Duckworth, André Cloutier, Clément Schreiber, le docteur Michael Dworkind et son épouse Lesley, la députée de Québec solidaire, Manon Massé, le député libéral fédéral champion de l’environnement Stéphane Dion et son chien Kyoto, le chef du Bloc Québécois Mario Beaulieu, Karel Mayrand de la Fondation Suzuki, et naturellement Patrick Bonin de Greenpeace et Alain Brunel d’Équiterre avec qui nous avons parlé.
Après les discours étonnamment critiques de la part de scientifiques, la docteure Catherine Potvin, sommité en écologie à l’Université McGill (photo) et le docteur Normand Mousseau de l’Université de Montréal, avec le soutien tacite de nos amies professeures à l’UQAM Marie St-Arnaud et Louise Vandelac de l’Institut des Sciences de l’Environnement, Lucie Sauvé et Corinne Gendron, la tête de la manif s’est ébranlée : assez parlé, maintenant dansons!!!
Judi Richards, espiègle, nous écrit : « Bravo Pierre Jasmin et Guylaine Maroist qui tiennent la bannière, et….? Ah c’est de ça que j’ai l’air, de dos ?! LOL ;-). » C’est une autre photo d’André : comme elle capte bien la lumière de cette journée radieuse (malgré la pluie), ainsi que les sourires volontaires des militants de ce prélude à l’automne, y compris Daniel Gingras, membre de notre C.A. qu’on voit avec son col roulé jaune et son manteau de cuir noir à droite! Est-ce Yolande Michaud, membre des APLP, qui s’avance avec son plus beau sourire sous son parapluie bleu?
Un message inspirant mais très inquiet de l’artiste pour la paix Laure Waridel accueillait les marcheurs: «…les moyens, nous les avons. Ce qui nous manque, c’est une volonté sans faille. J’ose espérer qu’ensemble nous saurons l’animer. Nous devrons d’abord déterrer la tête du Canada du fin fond des sables bitumineux où elle est enfouie depuis 2006. Nous pourrons ensuite sérieusement parler de « patrie meilleure ».
Le secret d’une photo, c’est le moment qui la déclenche, par Scott Weinstein ! Même si le vent vient d’arracher la bannière des APLP d’un de ses poteaux, tout le monde sourit, surtout la dame en chaise roulante! On voit notre nouveau membre du C.A. Romain Pollender en rouge vu de dos, Guylaine vue de profil qui tente en présidente efficace d’arranger les choses et Judi Richards qui se cramponne au poteau restant avec toute son énergie si communicative …
Cette photo qui précède montre bien l’ampleur de la manifestation qui se déployait rue Berri, mais le lendemain, La Presse en parle à peine en page 12, le Journal de Montréal en page 20 et La Tribune de Sherbrooke ne parle que de New York dans des pages reculées, sans photo démontrant combien nos jeunes ont compris l’urgence de la situation critique.
La photo suivante montre la fin de la marche au Parc Jeanne-Mance vers 16 heures avec son principal organisateur bénévole et volontaire, l’infatigable Paul-Antoine Taillefer, félicitant les plus jeunes participants et les musiciens de Samajan!
Heureusement Le Devoir avec Lisa-Marie Gervais titre en première page comme il se doit : « De grandes marches contre la surdité des États ». Cette surdité est commandée par les Chambres de Commerce, cupides et assoiffées de pétrole sale qui ont le culot de se demander aujourd’hui (Conseil du Patronat) pourquoi entrepreneurs et hommes d’affaires ont une image aussi négative. Sans compter qu’un immense pétrolier a profité de la même journée pour remonter le fleuve jusqu’à Sorel-Tracy où il compte puiser sa récolte de pétrole de sables bitumineux avec le danger inouï que cela représente.
Est-il trop tard? Sommes-nous comme les musiciens sur le pont du Titanic qui coule, ou reste-t-il quelque espoir? Le New-York Times a eu l’intelligence de comprendre l’urgence et d’opposer en première page l’espoir des manifestants contre l’absurde renouvellement des bombes nucléaires, à l’opposé du discours d’Obama à Prague en 2009: 75 milliards de $ chaque année augmenteront l’effet de serre et alimenteront la peur et la méfiance. Les Artistes pour la Paix ont décidé malgré tout de ne pas céder au désespoir, de jouer la partition ou le scénario de l’espoir, en appuyant le Secrétaire général de l’ONU, avec votre aide svp! On va présenter jeudi une lettre de Mme Bev Delong, avocate de Calgary, à la Chambre des Communes de la part du réseau canadien pour l’abolition des bombes nucléaires et Pierre Jasmin sera un des porte-parole.
«Il n’est jamais trop tard pour bien faire»
Continuez! Patiemment! Inlassablement! Contre toute espérance et désespérance! C’est le seul chemin!
Merci