Dans un monde rationnel, les résolutions de l’ONU auraient dû empêcher l’érection du mur israélien et des colonies juives extrémistes en territoire palestinien. Or, face au désir de paix exprimé par la majorité des pays du monde sympathiques aux revendications légitimes des Palestiniens, les puissances occidentales se sont livrées à un lâche sabotage. Alors on peut évidemment se dire que les Gazaouis devraient immédiatement cesser de projeter leurs roquettes (achetées par des membres du Hamas, alors que le peuple manquait de vivres); de toute façon, les Israéliens les bloquent avec leurs systèmes perfectionnés anti-missiles et se vengent aussitôt avec de cruels bombardements qui ont fait à ce jour une centaine de morts et causé une terrible destruction.

Le désespoir des Gazaouis peut-il les mener à un comportement rationnel? Comment ne pas perdre la raison devant le spectacle d’enfants mutilés, brûlés ou déchiquetés par les bombes dites chirurgicales de Tsahal, l’armée israélienne, alors que les hôpitaux bombardés manquent de médicaments et d’équipements élémentaires pour les soigner? On peut envoyer des dons à la docteure Mona El-Farra, Gaza Project Director [meca@mecaforpeace.org].

Conscients de la pauvreté de la rationalité diplomatique, de notre propre rationalité, bouleversés par ce spectacle inhumain, nous attendons que l’expression multipliée de vos appuis CHANGE le désespoir en espoir! Vu notre charte qui nous somme d’intervenir pour la paix et non en faveur d’un belligérant, les Artistes pour la Paix sont dans l’impossibilité de se rallier à une manifestation unilatérale qui appelle cet après-midi à marcher en protestation contre les attaques sanglantes d’Israël envers GAZA et en solidarité avec le peuple palestinien, et dont les organisateurs ont choisi d’ignorer dans leurs communiqués les attaques (non sanglantes, il est vrai) des roquettes du Hamas.

Nous préférons signer trois pétitions pour la paix entre Israël et la Palestine.

La première adressée au gouvernement du Canada nous vient de la Coalition pour la justice et la paix au Moyen-Orient. Elle s’intitule: Le Canada doit demander à Israël de mettre fin à son offensive contre Gaza.

 « Nous, les signataires, vous demandons de faire pression sur Israël pour qu’il mette un terme à son offensive contre Gaza. Toutes les parties doivent être appelées à mettre fin à la violence mais, si l’on se fie au passé, il y aura beaucoup plus de pertes de vies humaines parmi les Palestiniens que parmi les Israéliens. En appelant toutes les parties à mettre fin à la violence, vous contribuerez à protéger les vies et les droits de la personne de tous et vous soutiendrez une résolution pacifique du conflit. »

La liste comprenant seulement le nom, la ville et le pays des signataires sera remise au Premier ministre du Canada, Stephen Harper, et à d’autres importants dirigeants politiques au début de la semaine prochaine : voir sur info@cjpme.org ou signer ici.

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La seconde, en anglais, nous vient des Voix Juives pour la Paix (Californie) :

Dear Pierre,

The last 72 hours have been devastating. The weeks leading up to it have been horrifying. We have watched with sadness and anger as the deaths of children have mounted, racist mobs have rampaged, the fears of people throughout both Israel and Palestine have reached unbearable levels, and the collective punishment of the Palestinian people has intensified. We cannot wait one more moment to speak up. In such a terrible moment, we must join what we feel with what we know. Please join me in signing this urgent Open Letter that says:

“Only by ending the occupation and embracing equality can this terrible bloodshed end. Our unshakeable belief in justice – as Jews and as human beings – compels us to acknowledge that the root of this violence lies in the Israeli government’s commitment to occupation over the well-being of Palestinians or Israelis. Where our leaders have so thoroughly refused that truth, it is our responsibility to hold it up. So when we reach 18,000 signatures, we’ll publish the letter in Ha’aretz and The Forward – and call on our communities to stand up with us. In just the last two days, scores of Palestinians–with no place to hide–have been killed, while the entire population of Gaza experiences the terror of widespread bombing. Israelis have had to endure the fear of never knowing when or where the next rocket will fall. We must speak up now. Please join me and sign this urgent Open Letter that says, the occupation must end.

And forward this to your friends so they do the same.

None of this should be happening. As we mourn all who have died, we reaffirm that all Israelis and Palestinians deserve security, justice, and equality. The occupation, with US military and financial support, is the root cause. And it systematically denies the very humanity of Arabs, while valuing Jewish lives at the expense of others.

Anti-Palestinian bigotry has become not only an acceptable but a powerful political tool in Israel. Long before this latest escalation, everyday life for Palestinians meant increasing numbers of settlements taking over their lands and homes, and a web of violence and control which reached into every area of life, simply because they are not Jewish. The recent and very public violence against Palestinians in the streets of Jerusalem and elsewhere did not happen in a vacuum.

Enough is enough. We are not going away. Those few Israelis who are bravely speaking out against their governments’ inhumane policies need to know that they have our support. Those Palestinians who are under daily assault need to know that we see them. As part of a vast network of people across the globe, we have more power than we may think. But we have to take action.

Sign the Open Letter and send the message: only by confronting occupation and embracing true equality can this terrible bloodshed end.

Sincerely, Rebecca Vilkomerson
Executive Director

Contact Info:

Jewish Voice for Peace

1611 Telegraph Ave, Suite 550,
Oakland, CA 94612
510.465.1777
info@jewishvoiceforpeace.org

Endorsed by Pierre Jasmin, vice-president Artists for Peace

Signez la lettre ouverte ici.


 

La troisième nous est parvenue au début de cette horrible semaine, rédigée par notre ami Jooned Khan, ex-journaliste à La Presse, que nous avons félicité.

« Il est temps que le Canada honore ses obligations envers la Palestine »

Il y a 10 ans aujourd’hui, la Cour internationale de justice (CIJ) statuait que le Mur de séparation géant qui ceinture et charcute les Territoires palestiniens est illégal.

Saisi par l’Assemblée générale des Nations unies, le bras juridique de l’ONU émettait en effet, le 9 juillet 2004, un Avis consultatif déclarant que « la construction du Mur (par Israël, puissance occupante), et le régime qui lui est associé (imposé aux Palestiniens), sont contraires au droit international ».

L’Avis de la CIJ estimait qu’ « Israël ne saurait se prévaloir du droit de légitime défense ou de l’état de nécessité, pour se soustraire à l’illicéité de la construction du Mur ».

La CIJ réclamait que le Mur soit démantelé, que les résidents soient compensés pour dommages subis, et que les États membres de l’ONU, dont le Canada, prennent les mesures nécessaires pour qu’Israël se conforme à la 4e Convention de Genève (GCIV) – dont le Canada est signataire.

À l’ombre du Mur, main basse sur terres et ressources

Le Mur israélien ne suit pas la Ligne verte qui le sépare de la Cisjordanie. Il s’enfonce en Territoire palestinien, protégeant les colonies de peuplement juives illégales, expropriant des terres arables et des réserves d’eau vitales pour les Palestiniens, et isolant plusieurs de leurs villes et villages.

Cet important anniversaire met en lumière deux positions contraires face au conflit Israël/Palestine. Le gouvernement Harper et Israël prônent l’annexion de toujours plus de Territoires palestiniens, tout en maintenant une occupation et un état de siège débilitants. À l’opposé, l’ONU, la société civile mondiale et de plus en plus d’États s’emploient à rechercher la fin de l’occupation et le rétablissement des droits humains des Palestiniens par des voies diplomatiques et pacifiques.

Il incombe à Israël, puissance occupante, de mettre fin aux conditions qui alimentent ce violent conflit – dont les plus récentes victimes ont été des ados israéliens et palestiniens brutalement assassinés.

La GCIV a trait à la protection des civils en temps de guerre. Elle impose aussi aux puissances occupantes des obligations précises quant au transfert de populations, à l’éducation des enfants, à la destruction des propriétés, et aux services médicaux (Articles 47 à 78). Ainsi, l’article 49 affirme qu’une puissance occupante ne peut déporter de force des personnes protégées, ni déporter ou transférer des parties de sa propre population civile vers un Territoire occupé.

En d’autres mots, Israël viole la Convention de Genève en construisant des colonies juives à l’intérieur de la Cisjordanie palestinienne, et en utilisant ensuite le Mur de séparation pour annexer les terres des colonies et pour les intégrer à son propre territoire.

L’Avis de la CIJ et la Campagne BDS globale

À l’occasion du 1er anniversaire de l’Avis consultatif de la CIJ, le 9 juillet 2005, près de 200 organisations de la société civile palestinienne ont lancé une campagne globale de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) pour amener pacifiquement Israël à assumer ses obligations en vertu du droit international.

La Campagne BDS demande à Israël de mettre un terme à l’occupation et à la colonisation de toute terre arabe, de démanteler son Mur de séparation, de reconnaître les droits fondamentaux des Arabes Palestiniens d’Israël à l’égalité citoyenne pleine et entière, et de respecter les droits des réfugiés palestiniens de retourner dans leurs demeures et de reprendre possession de leurs propriétés selon les termes de la résolution 194 de l’ONU.

Avec le soutien d’importantes personnalités comme Mgr Desmond Tutu, figure iconique de la résistance à l’Apartheid sud-africain, et de rapporteurs spéciaux de l’ONU sur la Palestine, la Campagne BDS continue de croître et affiche l’ampleur d’un dynamique mouvement global qui relie des étudiants, des syndicats, des Églises, des organisations de droits humains, et même des États, du monde entier.

De nombreux syndicats canadiens et québécois, comme le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP/ CUPW), la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ), la Confédération des syndicats nationaux (CSN), des organisations comme la Fédération des femmes du Québec (FFQ), des partis comme Québec Solidaire (QS), et bien d’autres encore, soutiennent activement la Campagne BDS.

Engagement croissant des syndicats et des Églises

L’Église unie du Canada a approuvé en 2012 un boycott limité de produits israéliens en provenance des Territoires occupés. En mai dernier, la CSN, forte de 300.000 membres, a résolu d’œuvrer de concert avec des syndicats d’Europe, d’Amérique latine et du Moyen-Orient, pour exercer des pressions susceptibles d’amener Israël à se soumettre au droit international et à respecter les centaines de résolutions de l’ONU qui sous-tendent le droit international en ce qui concerne la Palestine.

Le BDS cible les relations d’affaires, la coopération militaire et sécuritaire et les échanges culturels[1] et académiques avec Israël. La revue The Economist rapportait début 2014 que le BDS « est en train de devenir dominant comme fait de société » avec « le retrait d’investissements de certains fonds de pension européens », et « l’annulation de contrats par certaines grandes sociétés ».

Il y a quelques semaines à peine, l’Église presbytérienne des États-Unis a voté pour retirer ses investissements de Hewlett-Packard, Motorola Solutions et Caterpillar – en se fondant sur leur passé de complicité dans l’oppression et le déni des droits humains des Palestiniens.

Réunie à Liverpool la semaine dernière, Unite, la plus grande centrale syndicale du Royaume-Uni (1,4 million de membres dans tous les secteurs d’activités), a décidé d’adhérer à la Campagne BDS. Le congrès a condamné « la persécution » et « le nettoyage ethnique » exercés par Israël à l’encontre du peuple palestinien, « la torture des enfants » et « les lois racistes » dirigées contre les Palestiniens citoyens d’Israël.

La directive de la CIJ aux États membres de l’ONU d’amener Israël à se conformer à la Convention de Genève, ainsi que la pression croissante de la société civile globale en ce sens, ont fini par pousser des gouvernements à accroître eux aussi la pression.

Les USA et l’UE s’impatientent – Et le Canada ?

Gaza, juillet 2014; où fuir ?

Gaza, juillet 2014; où fuir ?

Comme il continue de construire de nouvelles colonies de peuplement juif en Cisjordanie occupée, même les USA et l’UE critiquent Israël de plus en plus ouvertement. L’UE tente de renverser la vapeur en intensifiant la pression : l’Espagne et l’Italie viennent de se joindre à la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne pour conseiller à leurs citoyens de ne pas investir dans les colonies israéliennes.

S’alignant sur l’ONU, l’UE considère comme illégales les colonies israéliennes établies sur les Territoires occupés. L’Espagne a déclaré que les colonies « constituent un obstacle à la paix » et entravent les efforts pour résoudre le conflit Israélo-palestinien via une solution de deux États.

Le Canada et le Québec ont été à l’avant-garde du mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions contre l’Apartheid sud-africain. Il est aujourd’hui temps pour le gouvernement du Canada de se joindre à la Campagne BDS et à mettre tous ses moyens et toute son influence au service de l’appel vieux de 10 ans de la CIJ pour que soit démantelé le Mur israélien et que soient restaurés les droits humains des Palestiniens. Le Canada se doit enfin d’œuvrer de plain-pied à la recherche d’un règlement diplomatique à ce conflit israélo-palestinien qui ne cesse de pourrir depuis 66 ans. »

[1] Rappelons que les APLP tout comme PEN international appuient le boycott des industries culturelles mais estiment que les échanges individuels d’écrivains et artistes favorisent la paix, en général.