Testez, testez, testez, insiste le directeur de l’Organisation Mondiale de la Santé (ONU) créée en 1948, M. Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui n’hésite pas à répéter ce mot d’ordre crucial pour sauver des vies. Car plus de 200 000 cas d’infection ont été dénombrés dans 145 pays et territoires depuis le début de l’épidémie. « Ce nombre de cas diagnostiqués ne reflète toutefois qu’imparfaitement la réalité, un grand nombre de pays n’ayant pas mis en place une politique de dépistage des cas suspects », comme l’a demandé pourtant l’OMS à de très nombreuses reprises. Nos lecteurs ne se surprendront pas de ce laisser-aller consécutif à des années de dégradation des pouvoirs de l’ONU que nous documentons semaine après semaine, en luttant contre les gouvernements à tendance populiste qui, selon l’expression de M. Romuald Sciora, veulent la mort de l’ONU.
Félicitons-nous que le Premier ministre du Québec François Legault prenne les mots d’ordre de l’ONU au sérieux et ait multiplié, avec la ministre Danielle McCann et le directeur de la Santé publique Horacio Arruda, les dépistages auxquels se soumet un nombre de plus en plus élevé de Québécois soucieux de leur santé et de celle de leurs proches. Selon les experts médicaux, c’est ainsi – et aussi par des confinements volontaires disciplinés à la maison – que la courbe d’augmentation des cas pourra être moins abrupte, donc moins susceptible d’entraîner des morts par milliers, vu l’engorgement prévisible (mais encore évitable ?) de notre système de santé.
Si l’Estrie se distingue par ses quantités de tests administrés, elle n’est pas à l’abri de malchances, tels ces six cas de personnes infectées venues d’Autriche. Et le Québec entier n’a pas le choix de ne pas arriver en tête des tests ! Car comme un article de Pierre Dubuc l’a bien révélé, nos misérables 2,5 lits par mille habitants, héritage de la BBC (Barrette, Bolduc, Bouchard, Charest, Couillard et son défunt compagnon de pêche du CUSM) risquent de nous voir submergés bientôt par les débordements de la maladie. Mais attention aux statistiques : les tests disponibles en certaines régions risquent de les faire apparaître comme plus à risque que les autres…
Le Premier ministre Trudeau, obligé par certains membres de son cabinet et par l’opposition conservatrice dont il doit tenir compte vu sa situation minoritaire, prend ses références au G7, au lieu de se fier d’abord à l’ONU (l’Aut’Journal a titré mon article là-dessus). Les Artistes pour la Paix s’attaquent constamment à ses gaspillages éhontés de l’agressive Défense ($100 milliards consacrés, en ce moment où les besoins sont ailleurs, à des navires et avions de guerre !!!) et à sa politique de pipelines exorbitants au service d’une industrie pétrolière de sables bitumineux dénoncée par le GIEC-ONU. Rappelons que le G-7, proche de l’OTAN avec ses bombes nucléaires, est une instance créée artificiellement loin de l’ONU : un genre de boys’club rassemblant prioritairement les Trump, Trudeau, Macron, Johnson, Abe, Conte et, reléguée vu son intention d’abandonner le pouvoir, Angela Merkell. Macron, hôte en France du dernier G7, s’était adjoint les conseils rétrogrades de Scott Morrison, premier ministre conservateur d’Australie (celui qui ne voit toujours pas de lien entre les incendies incontrôlables de son pays charbonnier et le réchauffement climatique), Sebastián Piñera, président du Chili contre qui les femmes se soulèvent, Narendra Modi, premier ministre de l’Inde qui menace le Pakistan d’attaques nucléaires, le militaire Abdel Fattah al-Sissi, président-dictateur d’Égypte et, cerise sur le sundae, l’inamovible dictateur (depuis le génocide de 1995 auquel plusieurs soupçonnent sa participation si ce n’est la fabrication) Paul Kagame du Rwanda.
Mais il y aurait eu pire si Trudeau avait pris ses conseils auprès de Donald J. Trump. Elizabeth Dahab, professeure à la California State University, écrit dans Counterpunch.org que le 13 mars, Trump n’avait aucunement endossé les tests de l’OMS. Pourquoi ? Par peur de résultats qui endommagerait sa réélection ? À cause d’avantages pécuniers pour des dépistages de firmes privées (qui s’avèrent inefficaces) ?
Madame Dahab cite les chiffres du 9 mars : les États-Unis avaient alors testé 8,554 individus (26 tests par million d’habitants), tandis que la Corée du Sud, qui s’en sort mieux que n’importe quel pays [1], surtout si on signale sa proximité de la Chine à l’origine du virus, avait testé 8,354 individus (4,910 tests par million). Pire encore : à la question de la presse à savoir quand les tests seraient disponibles au public, il avait répondu que « les gens ne devraient pas être testés s’ils n’avaient aucun symptôme ! » Et lui-même, de retour d’Europe et après avoir été en contact étroit à son golf de Mar-a-Lago avec un membre du gouvernement de Jair Bolsonaro, M. Jair Wajngarten testé positif pour le Coronavirus, allait-il subir le test ?? Ces questions de la presse l’ont poussé dans ses retranchements et il s’est vite éclipsé de sa conférence de presse ratée. Dans une autre, il a annoncé piteusement avoir réussi son test personnel, mais s’est ragaillardi en s’accordant la note de 10 sur 10 pour sa façon de répondre « vite et tôt » à la crise Coronavirus !?!
[1] Les dernières statistiques montrent qu’une poche de résistance à Seoul complique la situation : la crise du COVID19 nous réservera toujours des surprises, des hauts et des bas.
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