- bouscule les travailleurs de la Côte-Nord (Bertrand Gauthier alias Rambo nous démontre ses rouages qui briment les syndiqués de la région), au prix de quatre morts, peut-être évitables si le respect des échéances n’avait pas primé sur la sécurité des bâtisseurs, mais
- ne mérite plus le prix que la Fédération Professionnelle des Journalistes du Québec lui avait décerné il y a quelques années pour son opacité extrême et son refus de répondre aux questions, vu que Christine lui accorde le mérite d’avoir changé, depuis. Elle saurait nous dire, vu la compartimentation de l’entreprise qu’elle démontre avec éloquence, quelle filiale se montre encore coupable des plus grandes menteries ou cachotteries !
Pilotant sa voiture électrique il y a quatre ans, Christine devient la première à effectuer le trajet Godbout-Havre Saint-Pierre au prix de recharges en des endroits improbables qui lui ont coûté plus cher en cadeaux de bouteilles de brandy à des particuliers, qu’en frais de recharge dans les trop rares bornes publiques ! Mais son honnêteté lui dictait le devoir de visiter l’impressionnant chantier de La Romaine, modèle d’ingénierie, légataire d’un know-how réputé et périmé. Ce qu’elle retiendra de marquant de son séjour sera sa rencontre d’une heure avec le chef innu [1] Jean-Charles Piétacho (réélu depuis trois décennies à la tête de la communauté d’Ekuanitshit) : purifiée à la fumée de sauge, elle prend conscience de ses propres racines ancestrales, de la terre sur laquelle elle pose ses pieds, de l’air qu’elle respire, de l’eau de la rivière [2] harnachée et de ses poissons sacrifiés, des arbres qui l’ombrageaient, bref de la valeur primordiale de la nature.
Diffusé par ICI ARTV, le spectacle J’aime Hydro, sacré spectacle de l’année par l’Association québécoise des critiques de théâtre et choisi finaliste du Grand Prix du Conseil des arts de Montréal, frappe en premier lieu par la franchise de la « trop gentille » Christine. Celle qui n’hésite pas à se présenter d’abord en nounoune (avant de recevoir les informations désirées), aura le courage de revérifier, au prix de se voir contredite. Ses doutes exprimés à plusieurs reprises de poursuivre l’aventure, son humilité non factice, convainquent l’auditeur mieux que tout discours propagandiste unilatéral, car ils forcent notre admiration devant sa résilience et suscitent notre désir de la suivre jusqu’au bout des indispensables cent cinquante minutes consacrées à ce sujet complexe.
Tout est remarquable, dans ce documentaire théâtral qui ouvrira le chemin à d’autres [3], j’en suis persuadé, car la planète exige, davantage que de souveraines fictions comme Avatar, des films révélant les vraies informations cachées par les fabrications bancales des dirigeants, entrepreneurs et médias officiels. Mais que d’énergies militantes pour faire un travail que nos ministères de l’Environnement devraient accomplir naturellement, s’ils n’étaient pas si politiques et douze fois moins subventionnés que le ministère de la guerre [4] !
Lorsque Christine se sert d’un tableau noir, à la manière de l’idole de son papa à Point de Mire, le public ne peut être qu’entièrement conquis par son message livré avec la simplicité de son langage, direct comme ses jeans, sa chemise aux manches retroussées, ses cheveux dénoués et son doux sourire apprivoisant son nounours de partenaire, Mathieu Gosselin : ainsi éloigné de tout formalisme didactique, J’aime Hydro va droit au cœur !
[1] Le cinéaste Arthur Lamothe longtemps membre du C.A. des APLP a filmé cette communauté, appuyé de toutes ses forces par l’anthropologue Rémi Savard qui vient de mourir en décembre.
[2] Rappelons que son conjoint Roy Dupuis, qui milite pour la Fondation Rivières dont il est porte-parole et co-fondateur avec Alain Saladzius et Michel Gauthier, est aussi le héros du truculent film les Fleurs oubliées d’André Forcier qui ressuscite le frère Marie-Victorin, mentor de notre pionnier environnementaliste, Pierre Dansereau.
[3] Nos documents sur le nucléaire mériteraient un tel traitement, mais c’est sans compter sur la censure totale à laquelle cette énergie, où il n’y a rien à aimer, réagit pour cacher toute vérité.
[4] http://lautjournal.info/20191015/ce-que-les-debats-taisent-au-profit-du-complexe-militaro-industriel
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