Photos : Francine Duquette
Notre complice domlebo a ouvert la cérémonie avec ses musiciens et la chanson Ensemble. Notre président André Michel qui a apporté depuis deux ans une bouffée de renouveau aux APLP, a ensuite salué plusieurs des ex-présidents et l’un des fondateurs des APLP, le sculpteur Georges Beaudereau, présents dans la salle. Il a souligné la collaboration du Conseil des arts de Montréal, représenté par Mme Annie Bérubé, qui a pris la parole et qu’il a remerciée.
Pierre Jasmin est d’abord venu présenter les faits saillants de la carrière du nouveau membre honoraire des APLP, Raôul Duguay, en louant son inlassable combat pour la préservation de l’eau avec la Coalition Eau-Secours cofondée par Richard Séguin et la regrettée Hélène Pedneault. Raôul a évoqué un souvenir des premiers jours des APLP, sa participation avec son sifflement de sa chanson Oiseau pour la Paix aux côtés de Margie Gillis, Léo Ferré, Joan Baez, Jean Ferrat et Harry Belafonte lors d’un spectacle mythique des Performing Artists for Nuclear Disarmament à Hambourg en 1983 devant près de 100 000 personnes. Il a enfin philosophé sur la cause profonde du manque de paix dans notre société, en soulignant combien l’amour lui semble la valeur fondamentale à privilégier.
Jean-Daniel Lafond a ensuite brillamment vanté le rôle de sa compatriote Nathalie Bondil à la tête du Musée des Beaux-arts de Montréal par son implication dans la défense de la paix et de la diversité, suivi par Marie-Josée Parent, conseillère associée à la culture et à la réconciliation de la Ville de Montréal. Sa mairesse, Valérie Plante, a tenu à ajouter son hommage personnel par vidéo. Mme Bondil a humblement décrit sa démarche comme le résultat de son écoute des aspirations profondes de la ville extraordinaire qu’est Montréal. Elle a conclu en nous faisant part d’une nouvelle étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui exceptionnellement a délaissé un instant ses préoccupations exclusivement économiques pour vanter les initiatives artistiques des Musées internationaux en faveur de la paix, en distinguant celles de Montréal, devenue ainsi objet d’une grande fierté internationale.
Les APLP ont décerné leur Prix-hommage à titre posthume 2019 à Pauline Julien, pour une vie de lutte pour la justice sociale à travers son art. C’est sa fille Pascale Galipeau qui a accepté le Prix en faisant une lecture très sentie et émouvante des paroles de la chanson Les gens de mon pays accueillie par un silence respectueux puis une ovation de la foule.
Via vidéo, le maire de Québec, Régis Labeaume, a finalement présenté le récipiendaire du Prix de l’APLP de l’année 2019, Robert Lepage en ne ménageant pas les éloges pour celui qui avec sa compagnie théâtrale Ex Machina illumine sa ville de son art et à qui a rendu hommage son ami et collègue Yves Jacques. Il est présentement à la Place des Arts de Montréal pour y offrir au Théâtre Jean-Duceppe la face cachée de la lune. Créée au Théâtre du Trident à Québec en février 2000, cette pièce de Lepage a été reprise plus de 300 fois à travers le monde, y compris à Moscou, puisqu’elle évoque le travail pionnier des cosmonautes soviétiques, et en Corée du Sud, dont les spectateurs furent émus par sa parabole de deux frères que tout divise mais qui se réconcilient.
Après une autre vidéo qui a présenté de magnifiques images tirées des différentes créations de M. Lepage au cours des années, le Compagnon des arts et des lettres du Québec Robert Lepage, pourtant couvert de prix dont la Légion d’Honneur, les prix Stanislavski, Glenn Gould et Eugene-McDermott du MIT, s’est déclaré honoré par le Prix APLP, après une année, a-t-il avoué, où les controverses à propos de ses pièces Kanata et Slav l’ont secoué. Il a avec humour cité que le même caractère chinois veut dire à la fois accident et opportunité et qu’un artiste doit avoir l’humilité de reconnaître ses erreurs. Ce qui est tout à son honneur, vu la virulence injustifiée et totalement imméritée nourrie par les réseaux sociaux. Il a été chaleureusement applaudi par la salle, restée remplie malgré la longue durée de la cérémonie.
Voyez le reportage photographique complet de la cérémonie en cliquant ici.
Pour en savoir plus :
Pauline Julien, intime et politique
Le film de Pascale Ferland (ONF), 2018
Rencontre avec Raôul Duguay
Reportage de Pierre Duquet, 2017
De qui ? de quoi ? Nathalie Bondil
Épisode de la série De qui, de quoi êtes-vous le contemporain, 2015
Robert Lepage, construire l’imaginaire
Entrevue avec Stéphane Le Duc, FDM Rencontres, 2018
Bravo à tous !
Ce fût une cérémonie très enrichissante.
Raoul Duguay, Robert Lepage, M. Jacques.. Beaucoup de sagesse en un seul Évènement.
🙂
Où peut-on trouver la liste des membres du jury?
Y avait-il des autochtones et des personnes de couleur sur ce jury décernant un « prix pour la paix » à Robert Lepage? Autrement, c’est une farce coloniale cynique, que des blancs se donnent des prix entre eux pour s’enorgueillir de leur bienveillance envers les autochtones et les minorités ethniques, quand on se montre incapable d’entendre des derniers, faisant valoir notre licence de la « liberté d’expression » plutôt qu’une perspective sur la réalité politique et les enjeux de la représentation. Tous ne sont pas dupes, il ne s’agit nullement de souligner une contribution à la « paix », mais de blanchir « notre » artiste et faire taire l’Autre. Ceci enlève toute crédibilité à ce prix et cette organisation.
On lira ma longue réplique à Nicolas Renaud dans l’Aut’journal:
http://lautjournal.info/20190506/lepage-aplp-de-lannee