D’une part, l’état-major de l’armée canadienne, influencé par le militarisme USA qui a (dé)formé plusieurs de ses membres, acquiert au prix fort des Superhornets américains. N’a-t-on rien appris, après avoir gaspillé plus d’une douzaine de milliards de $ en dix ans pour des sorties militaristes catastrophiques, chiffre qui ne comprend pas les milliards à l’armement ? Mais les chiffres qui comptent sont chaque semaine une centaine de morts de réfugiés prenant littéralement la mer, résultat des bombardements de l’OTAN commandés par le général Charles Bouchard en 2011 contre Kadhafi en Libye. Quant à l’Afghanistan, terrain de guerre où notre ministre de la Défense Sajjan fut trois fois déployé, le bilan militaire de cent soixante de nos soldats morts au combat, de centaines carrément suicidés et de combien de milliers ou dizaines de milliers blessés et affectés par le syndrome du stress post-traumatique [1] parle aussi fort que la dernière explosion des Taliban cette semaine. Écoutons le résumé suivant écrit le 20 février par la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua) :
« Près de 12 000 civils afghans ont été tués (4500) ou blessés en 2016, le pire bilan enregistré depuis le début de ce décompte annuel en 2009. Plus de 3500 enfants figurent parmi les victimes, un bilan en augmentation «disproportionnée» de 24% en un an, dû pour moitié aux combats entre forces gouvernementales et insurgés Taliban ou Daech, ayant souvent recours aux attaques-suicides contre la minorité chiite, ainsi qu’aux munitions non explosées abandonnées par les belligérants, a précisé la Mission. Est particulièrement touché le Sud (près de 3000 victimes dont 1056 morts) avec sa province très troublée du Helmand, première région productrice d’opium au monde, passée aux trois-quarts sous contrôle des talibans. »
Voilà les derniers résultats de cette guerre en Afghanistan que les Artistes pour la Paix avaient dénoncée dès l’automne 2001 dans la rue avec Pascale Bussières, Jean-François Casabonne et Pierre Jasmin lors de son déclenchement. Et quinze ans et demi plus tard, c’est Harjit Singh Sajjan que Trudeau a choisi d’envoyer le 6 février en avant-garde mielleuse auprès du gouvernement Trump. Le Secrétaire à la Défense, le général Jim Mattis, l’a aussitôt sommé d’investir des milliards de $ supplémentaires pour l’OTAN en moyens de guerre du XXe siècle, même si nous vivons depuis 2001 les affres du terrorisme qu’on doit combattre par des opérations policières, certainement pas par l’armée canadienne !
D’autre part, la ministre du Développement international Marie-Claude Bibeau visite les installations de l’UNICEF soignant les enfants victimes mais peine à rassembler les millions (pas les milliards!) nécessaires pour venir au secours des Soudanais en proie à la famine, des Yéménites agressés par « notre alliée » l’Arabie Saoudite ou des douze mille réfugiés yézidis que le Canada accepte avec générosité, alors que Trump les refuse, selon son décret ciblant les réfugiés d’Irak, parmi huit autres pays à majorité musulmane.
Mais comment seront-ils accueillis au pays ? En groupes, comme les Doukhobors et les Hassidim, ils reconstitueront sans doute une sécurité frileuse à la façon des communautés multiculturelles. Ainsi séparées, elles ne profitent pas vraiment de notre régime démocratique. Pourquoi ? Parce que l’état canadien ne favorise pas l’interculturel qui leur permettrait d’échanger et de se regrouper avec, par exemple, une volonté pacifiste commune. Des votes hassidim-palestiniens contesteraient la complicité Trump-Nétanyahou sur les colonies israéliennes en Palestine dénoncées par l’ONU, alors que Trudeau n’a pas réagi très fort; et des votes doukhobors-yézidis dénonceraient la complicité Canada-OTAN-Turquie qui mine les efforts des communautés Kurdes et gênent la coalition russo-syrienne voulant mettre en échec Daech: notre ancien vice-président Dimitri Roussopoulos revient d’une courageuse mission de paix en Turquie, à ses propres frais et sans aucun encouragement du gouvernement libéral que nous cherchons à interpeller.
Car de telles amitiés interculturelles sont suspectes aux yeux de la prospérité factice de nos compagnies d’armement qui drainent les plus importants investissements du Canada, tandis que notre système capitaliste n’investit à peu près rien dans la culture des rapprochements. Pourtant la paix profiterait à la classe moyenne… mais il faudrait pour cela qu’elle refuse de se laisser prendre en otage par les militaristes qui contrôlent les 1% au pouvoir et les médias : quand avez-vous lu un éditorial remettant en cause l’OTAN et ses irresponsables armes nucléaires stockées en Turquie, à quelques kilomètres de DAECH ?
En écrivant cet article, nous n’encourageons pas le défaitisme; mais vous, en le lisant et en tournant la page vite, mmmh, qu’en pensez-vous ? Alors faites connaître Alternatives, Amnistie internationale, OXFAM et les Artistes pour la Paix, lisez et faites lire une publication telle Entrée libre de Sherbrooke et secouez les puces de vos journaux, étudiants et autres, pour qu’ils réagissent et constatent peut-être que les Libéraux en faisant la révolution à moitié, n’ont fait que creuser leur tombeau, pour paraphraser le titre d’un film expérimental récent…
En addendum, voici un article de notre alliée Peggy Mason, ex-ambassadrice pour la paix du Canada qui dénonce aussi la dérive militariste du gouvernement libéral.
[1] Le général Dallaire vient d’écrire à ce sujet un livre documenté sur le syndrome du stress post-traumatique et dénonce un médicament encore utilisé par l’armée canadienne malgré les ravages qu’il cause dans le cerveau de ses utilisateurs, dont son propre cerveau !
Alarming signals in Ottawa following Trump’s win
Pierre, did you know that Prime Minister Trudeau has reworked the very top levels of his government to deepen links to Donald Trump and his Cabinet full of billionaire former CEOs and retired top military brass?
Just look at what is happening…
After roughly a year in the job, Foreign Affairs Minister Stéphane Dion has been replaced by former International Trade Minister Chrystia Freeland. While it might have made sense to dump Dion for his dreadful handling of the sordid Saudi arms deal or his failure to support landmark nuclear disarmament negotiations, the real reason is that Justin Trudeau wanted someone from his inner trade circle in charge of our entire foreign policy. A former business writer with a network of elite contacts in Washington and New York, and even among Trump’s close advisors, there is no doubt that Minister Freeland brings many strengths to the table.
At the same time, her new mandate includes retention of the most important part of the international trade portfolio – Canada-U.S. trade. This privileging of Canada-U.S. trade within the Foreign Affairs portfolio itself risks sidelining the rest of our UN agenda.
But Freeland’s troublingly narrow US-centric mandate is the tip of the iceberg.
Why is Trudeau calling on Harper Conservatives and the defence lobby for help?
Justin Trudeau has not only asked former Conservative PM Brian Mulroney to help open doors in Washington, he has brought in Mulroney’s former Chief of Staff Derek Burney.
After leaving Foreign Affairs, Burney headed Canada’s largest defence contractor, CAE, pushed for Canada to participate in President George W. Bush’s disastrous and illegal invasion of Iraq, and even lobbied hard for Canada to join the American missile defence boondoggle. Then he helped Stephen Harper’s Conservatives transition to power after they defeated the Liberals in 2006. After that, Burney kept up a steady drumbeat of right-wing media commentary attacking President Obama for being insufficiently hawkish on American foreign policy.
Now, unbelievably, this arch Conservative is a key Trudeau advisor on the Trump file!
The Pentagon is extending its reach into Trudeau’s government
Member of Parliament Andrew Leslie, the retired general and former army commander during Canada’s deadliest days of the Afghanistan war, was appointed by Justin Trudeau to be Parliamentary Secretary to Foreign Minister Freeland, with specific responsibility for Canada-U.S. relations.
General Leslie earned a special distinction from President George W. Bush for building strong connections to U.S. commanders during his time in Afghanistan. A key architect of Canada’s counter-insurgency doctrine, Leslie is said to be on “good terms” with retired General James “Mad Dog” Mattis, Trump’s pick for Secretary of Defence. General Mattis was decorated by Prime Minister Harper’s government for helping “to shape Canada’s counter-insurgency doctrine”. At that time Leslie was also a well-known critic of UN peacekeeping, the antithesis of counter-insurgency warfare.
Trump’s high command has another ally in Canada’s top soldier, General Jonathan Vance. According to his colleagues, General Vance is “close” to Lt. Gen. Michael Flynn (ret.), Trump’s first National Security Advisor. Fired by the Obama administration because of his erratic management style and extreme views, Flynn then became a loyal campaigner for Trump, egging on anti-Clinton chants of “lock her up” at rallies, tweeting that fear of Muslims is “rational” and attending events hosted by known anti-Muslim groups. Thankfully Canadians need not worry further about this particular linkage since Trump was forced to fire Flynn when the fact of his lying to Vice-President Pence became public.
We want a Cabinet that will stand up to Trump, not “go along to get along”.
Of course it makes sense to reorganize the Cabinet and bring in outside advisors to ensure that we have the strongest possible team in Washington. But the strongest possible team to do what?
For those who argue that we must put aside all else to “save” our trading relationship – the response is clear. American companies do not trade with Canada to “reward” us for docile behaviour in other areas. They trade with us because it is in their interest to do so. And our broader goals of strengthening the United Nations and thereby enhancing international peace and security constitute a vital complement to our trade agenda. So we need advisors who have the wit and the will to effectively defend and promote Canada’s broader internationalist vision against Trump’s dangerously destructive “America First” agenda.
Canada’s global peacebuilding role is at risk
I am very concerned that, in the weeks to come, millions of Canadians who supported this Liberal government and its progressive policies are going to see those policies dangerously eroded. Consider that Minister of Public Security Ralph Goodale is waffling on his commitment to outlaw any official use of information obtained through torture.
And the Trudeau government is backing even further away from implementing their pledge to re-engage in UN peacekeeping, by telling allies our decision will be delayed until Canada “gets a better understanding of what the Trump administration expects of Canada”.
This is why we need to mobilize, right away. We need to resist the dangerous Trump agenda, which after only a couple of weeks in office already includes:
- gross contraventions of American and international immigration and refugee law with the enactment of the Muslim travel ban;
- threats to cripple the UN through non-payment of America’s share of the operating budget;
- threats to UN member states that “a list” will be kept of all those who oppose U.S. policies;
- pledges to significantly increase the already obscenely bloated American defence budget; and
- a stated intention to use torture because he says “it works”.
- Canada must do everything it can to resist and effectively counter this vile Trump agenda and the threat it poses to our independence, our democratic values and global solidarity around those values.
I am so grateful for your support for Ceasefire.ca. With your renewed engagement for 2017, we will be able to counter the pro-Trump, “them versus us” agenda with our bold vision of sustainable peace and common security.
Here is our action plan:
- Working with likeminded Parliamentarians and non-governmental organizations, we will use every means we have to counter the corporate and defence lobbies and the neocon advisors pushing Canada closer to Trump.
- New publications will expose and oppose any stealth transformations of progressive Canadian policies into more Trump-friendly facsimiles.
- We will also regularly provide you with the information and the tools you need to make your voices heard – including new petitions and other grassroot action items to strengthen our collective voice.
We need to work together to keep up the momentum that began in the last election to truly bring back Canada the international peacebuilder. Americans who oppose Trump are organizing at the grassroots level as never before. The same spirit is thriving in Canada as the huge solidarity marches for women and refugees have so vividly demonstrated.
Nearly one thousand Canadians give a small donation to support our work every month, and hundreds more give special gifts throughout the year.
Thank you for your long-time support for peace. Please join me, once again, in working to ensure that the Trudeau government rejects the dark path toward endless war, and chooses instead to help lead the way toward sustainable global peace.
Onward!
Peggy Mason, Rideau Institute and Ceasefire.ca
(Peggy Mason is Canada’s former UN Ambassador for Disarmament)
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