Le réseau KEDISTAN [2] relaie ce genre de nouvelles de solidarité partout dans le monde : grâce à Akim Kermiche, militant marocain des droits de l’homme, qui a lu un de ses propres textes et qui a filmé la soirée pour Radio Centre-Ville (voir + loin), vous percevrez l’ambiance de ferveur qui s’est emparée tour à tour des poètes Jean-Paul Daoust, Raymond Cloutier, Violaine Forest, Diane Régimbald, Hector Ruiz, plusieurs autres et Évelyne Abitbol : cette dernière, directrice générale de la Fondation Raïf Badawi, représente ce prisonnier d’Arabie Saoudite qui depuis bientôt cinq ans n’a vu ni sa femme Ensa, ni ses trois enfants réfugiés à Sherbrooke, en dépit des démarches diplomatiques tentées timidement par le ministre Dion mais pas par le premier ministre Trudeau.
On nous a transmis trop tard cette publicité pour qu’on l’annonce sur notre site.
Sans concertation, avait lieu le même soir à partir de 16 heures trente la création d’un réseau de solidarité avec le peuple kurde et Rojava. Treize personnes formeront le premier noyau avec en premier lieu Nathan McDonnell et Dimitri Roussopoulos qui a renouvelé le même soir son membership aux Artistes pour la Paix dont il est co-fondateur, et bien sûr Michel Lambert & Roger Rashi, car Alternatives nous recevait dans sa salle de conférence de l’avenue du Parc, avec la présence de Malcolm Guy de la ligue internationale anti-impérialiste.
Mais la particularité de la lutte kurde n’est pas, selon nous, l’explosion terroriste de la bombe proche d’un autobus des forces de répression (samedi le 10 décembre) : comme le redit constamment Jean-Daniel Lafond à propos des événements d’octobre 1970 au Québec, les terroristes sont toujours les fossoyeurs de la cause qu’ils prétendent défendre, car la violence ne fait qu’engendrer une répression accrue et une radicalisation de la cause, ce qui en éloigne bien des sympathisants. Non, la singulière particularité de Rojava est de mobiliser avant tout des femmes telles Nancy Brown des Raging Grannies, Laurence Vézina de l’Association étudiante du Cegep Saint-Laurent se joignant aux Melia Tat, Dilan Damla, Aslihan Ozturk et à trois autres femmes kurdes engagées.
On les a mises au courant de notre manif, avec le président et la secrétaire des APLP, devant le bureau montréalais de comté du premier ministre [3], ainsi que de nos questions inquiètes au sujet des Kurdes posées au ministre des Affaires mondiales Stéphane Dion [4], suite à notre assemblée générale de septembre à l’UdA. Si la réponse détaillée du ministre le 2 novembre montra qu’il partageait nos inquiétudes [5], on observa hélas que ses six paragraphes consacrés à la Turquie ne contenaient aucune mention des Kurdes. Leur réservera-t-on, une fois qu’ils auront par leur lutte acharnée sauvé le monde de l’Armée Islamiste, le même sort qu’aux Palestiniens, Ouïgours et autres peuples persécutés ? D’où l’importance que des groupes comme le nôtre adoptent ces causes pour qu’elles ne subissent pas le même sort en politique internationale que nos « pauvres » tassés par les élites des partis…
La réunion terminée, nous nous sommes ensuite dirigés vers la soirée du Café Gitana, dont j’avais appris l’existence par Jocelyne de Repentigny de l’Association canadienne des Nations-Unies, qui encourageait sa tenue tout comme PEN international.
Le public entassé nous a réservé un accueil des plus chaleureux, voire enthousiaste, comme vous pouvez le constater sur la vidéo d’Akim Kermiche inscrite sur youtube [6] : vers la 19e et 26e minute quant à ma participation, vers la 21e minute pour des bribes du discours passionnant sur la lutte kurde par la jeune et brillante Aslihan Ozturk.
Merci à Odette Bougie, membre de notre C.A., qui fut présente tout au long de la soirée ! Et merci à tous les artistes (Lilya Prim-Chorney, Adèle Foglia, Marie Boti, Ariane Brunet, Antoine Khalili, Geneviève Parisien etc…?) qui se sont inscrits pour être tenus au courant des rendez-vous à venir. Voudriez-vous l’être aussi? Devenez membres des APLP, lisez nos prochaines parutions ou COMMUNIQUEZ VOS COORDONNÉES À ASLIHAN OZTURK [7] ! Lisez aussi le mensuel Merhaba Hevalno [8], magazine libertaire en français et évidemment, le livret de 76 pages du Collectif de Solidarité Féministe avec Kobané [9].
Ne manquez pas la projection à la mi-janvier 2017 au Cinéma du Parc et à la Cinémathèque d’un film-documentaire de l’ONF par la réalisatrice Montréalaise d’origine Kurde, Zayne Akyol intitulé Gulistan : Terre des Roses. Zayne Akyol a participé à plusieurs festivals du film à travers le monde, dont le RIDM, et a gagné de nombreux prix. Pour ceux et celles qui nostalgiques de Che Guevara, ne rebutent pas voir des femmes armées (certains pacifistes purs et durs s’abstiendront… mais depuis quand être pacifistes nous dispenserait en tout temps de nous défendre ?
Pierre Jasmin,
vice-président des Artistes pour la Paix
PS Vifs remerciements à Nathan McDonnell pour ces informations qu’il a tenu à communiquer avant son départ pour l’Australie; aussi à Dimitri Roussopoulos, ainsi qu’à sa femme Lucia, pour leur hospitalité dans leur magnifique vieille maison du Milton Park que leur engagement communautaire avait contribué à sauver du pic des démolisseurs ignorants de la beauté des nobles architectures (Phyllis Lambert qui fêtera bientôt son 90e anniversaire avait joué un grand rôle dans la préservation de ce quartier central).
[2] « Si vous êtes sur Kedistan, c’est que vous venez y chercher une information sur la Turquie et le Moyen Orient, autre que ce qui vous est servi dans les médias mainstream, sans pour autant tomber dans des raccourcis culturalistes ou le confusionnisme. Vous n’y trouverez ni le jargon convenu des partis ou groupes faits pour ça, ni esprit de chapelle, fut-elle libertaire. Et bien évidemment, si vous revenez, c’est que vous défendez la liberté, l’utopie d’un monde meilleur, et que vous aimez les chats. »
[3] http://www.artistespourlapaix.org/?p=11841
[4] notre lettre du 20 septembre au http://www.artistespourlapaix.org/?p=11824
[5] http://www.artistespourlapaix.org/?p=12082
[7] Si vous êtes intéresséE à prendre part dans notre réseau de solidarité avec les kurdes et avec Rojava, veuillez manifester votre intérêt à aslihan ozturk [aslihanozturk59@hotmail.com]
[8] http://www.kedistan.net/category/editions/merhaba-hevalno/
Je trouve que le titre est bien choisi: c’est que c’est bien ce que l’on sent en lisant ce texte:une grande solidarité. Parfois l’humain sait être grand. C’est beau !
Pascale
L’Humanité, France, vendredi 30 décembre 2016
Monde – Turquie
Remise en liberté d’Asli Erdogan
Par Lina Sankari
Jeudi, à l’ouverture de son procès, le tribunal a ordonné la remise en liberté sous contrôle judiciaire de la romancière turque. Son procès reprend la semaine prochaine.
Le tribunal d’Istanbul a ordonné jeudi, à l’ouverture de leur procès, la remise en liberté sous contrôle judiciaire de l’écrivaine turque Asli Erdogan et de la linguiste et philosophe Necmiye Alpay, qui étaient citées à comparaître avec sept autres intellectuels pour appartenance à une « organisation terroriste », « propagande en faveur d’une organisation terroriste » et « incitation au désordre ». En détention préventive depuis plus de quatre mois, Asli Erdogan, 49 ans, et Necmiye Alpay, 70 ans, devaient sortir de la prison pour femmes de Bakirköy dans la soirée d’hier. Elles ne sont pas pour autant acquittées : leur procès se poursuivra la semaine prochaine.
Le 10 novembre dernier, le parquet d’Istanbul avait requis la prison à perpétuité pour avoir écrit et collaboré au journal d’opposition Özgür Gündem. Dans l’un de ses textes, Asli Erdogan avait dénoncé les crimes contre l’humanité du président turc, Recep Tayyip Erdogan, au Kurdistan et l’état de siège régnant sur l’ensemble du territoire depuis le coup d’État avorté du 15 juillet.
Toutes deux ont été accusées par le pouvoir islamo-conservateur d’appartenir au PKK ( Parti des travailleurs du Kurdistan, classé organisation terroriste par Ankara, Washington et Bruxelles ), une formation dont elles ne se sont par ailleurs jamais revendiquées. Leur arrestation a eu lieu dans le cadre de la vaste chasse aux sorcières menée dans l’armée, la justice, la police, la presse, les ONG et la culture, qui a abouti à l’arrestation de 35 000 personnes. Alors que le ministère de la Justice turc avait tout mis en œuvre pour qu’aucun observateur, journaliste ni diplomate ne puisse assister au procès, Asli Erdogan aurait déclaré à l’ouverture de l’audience : « Il ne me revient pas d’expliquer le droit à une salle remplie de juristes. Défendre la justice, c’est votre devoir. Je passe dans l’histoire comme la première femme de lettres jugée dans ce siècle avec une perpétuité aggravée en lieu et place de la peine de mort. Je me défendrai comme si le droit était respecté. »
« Cette affaire : une honte pour la Turquie… »
Une mobilisation d’ampleur internationale est née dans les jours qui ont suivi le coup de filet contre ces intellectuelles. Des lectures des textes d’Asli Erdogan, lauréate de nombreux prix, étaient organisées sur l’ensemble du continent européen. Cette dernière a souvent dénoncé la torture et les conditions de détention en Turquie. Elle-même souffre d’asthme et de diabète, et ses proches ont souvent alerté sur une détérioration de sa santé en prison. Hier, un comité de soutien s’était réuni dans le silence à l’extérieur du tribunal afin de ne pas tendre l’atmosphère dans et hors de l’enceinte. « Nous sommes ici par solidarité avec les prévenus et pour défendre la démocratie. C’est maintenant ou jamais qu’il faut le faire, après, il sera trop tard, la dictature sera là », a ainsi déclaré Murat, 48 ans, à l’Agence France Presse. « Cette affaire est une honte pour la Turquie, une honte pour Recep Tayyip Erdogan et une honte pour l’Europe, qui ne fait rien pour soutenir la liberté d’expression », a de son côté expliqué Leyla Kizilkaya, soutien de l’écrivaine. De fait, les dirigeants européens ont très mollement élevé la voix, craignant que le président Erdogan mette ses menaces de laisser les 2,7 millions de réfugiés syriens présents sur son territoire passer les frontières.
Date d’envoi : 1 janvier 2017 21:34
Objet : Re: [Les Artistes pour la Paix] « Soirée montréalaise solidaire avec les Kurdes et Asli Erdogan »
Merci beaucoup, Pierre.
— Malcolm Guy (de Manipour, dans le nord-est de l’Inde)